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Liu Xinwu renoue avec le roman pour une peinture de Pékin « vue de sa fenêtre »

par Brigitte Duzan, 14 juin 2014

    

Avec Piaochuang (《飘窗》), publié en mai 2014, Liu Xinwu (刘心武) renoue avec le roman. Si « La tour de l’horloge et du tambour » (钟鼓楼), « Les quatre portiques » (四牌楼) et « Le pavillon du Phénix » 栖凤楼) forment une sorte de trilogie pékinoise, ce nouveau roman en constitue comme un appendice.

     

Piaochuang pourrait être traduit par « La baie vitrée » : le roman est comme une fenêtre ouverte sur les ruelles de la capitale, une peinture de la vie populaire à Pékin au cours des vingt dernières années, observée sur le vif.

     

Selon son traducteur français qui le connaît bien, Roger Darrobers,

[ce titre] me rappelle la fenêtre du bureau de Liu Xinwu au deuxième étage de son appartement qui donne sur une grande avenue et qui est un peu son

 

Piaochuang

poste d'observation sur le dehors, comme il regardait autrefois Pékin du balcon de son quatorzième étage dans l'immeuble de l'association des écrivains au-delà d’Andingmen. (1)

     

Piaochuang se présente comme une galerie de personnages que Liu Xinwu a observés, ou dont on lui a raconté les histoires : on croise au fil des pages toutes sortes de petites gens et de nouveaux riches, autour d’un personnage central qui est un ingénieur à la retraite, un peu en marge, et qui ressemble par bien des aspects à l’auteur lui-même (2) – il y a toujours un côté autobiographique dans les écrits de Liu Xinwu.

     

Piaochuang fait défiler une trentaine de personnages, en un tableau que l’on déroule un peu comme l’équivalent moderne du « Jour de Qingming au bord de la rivière » (3). Piaochuang est à replacer dans la tradition de Lao She (老舍), mais rappelle aussi les rues de Tianjin et leurs cohortes de petites gens décrites par Feng Jicai (冯骥才), chaque personnage représentant comme un modèle type.

    

 

Le jour de Qingming au bord de la rivière

 

     

Avec ce roman, Liu Xinwu renoue donc avec la veine réaliste de ses nombreuses nouvelles, autant que de ses romans, après vingt années passées à étudier le Hongloumeng. Il a collecté peu à peu ses observations au fil du temps, et a senti en 2013 que le projet était mûr : il s’est mis à écrire. Il ne faut pas croire, cependant, que Piaochuang est une création romanesque sans lien avec le Hongloumeng. Liu Xinwu a expliqué qu’il est parti de la réalité, mais que c’est le Hongloumeng qui lui a donné une sensibilité à l’étude des marginaux dans la société, ce qui touchait évidemment une corde sensible en lui.

     

Complétant ses ouvrages sur les hutongs, Piaochuang restera certainement un précieux témoignage sur la vie des ruelles pékinoises au vingtième siècle, d’autant plus précieux qu’elles auront bientôt peu ou prou disparu.

     

Notes

(1) Communication par courrier électronique du 5 juin 2014.

(2) Parlant de son personnage principal, l’ingénieur à la retraite XueQuji (退休工程师薛去疾), Liu Xinwu a expliqué lors d’une interview à la sortie de son roman :  我承认他身上多多少少有点我的影子,但他跟我的区别太大了...

Bien que les différences soient très grandes,je reconnais que, d’une certaine manière, il reflète comme l’ombre de moi-même….

(3) 清明上河图 Célèbre tableau de Zhang Zeduan (张择端), de la dynastie des Song, dressant un vaste panorama de la vie dans les rues de la capitale d’alors, Bianjing (aujourd’hui Kaifeng).

    

    

    

    

    

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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