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Les derniers chapitres de « Quatre générations sous un même toit » retrouvés… en anglais

par Brigitte Duzan, 12 décembre 2016 

 

La nouvelle est tombée le 23 novembre dernier : on croyait irrémédiablement perdusles derniers chapitres du célèbre roman de Lao She (老舍) « Quatre générations sous un même toit » (《四世同堂》), or les voici retrouvés, mais dans une traduction en anglais, au terme d’une longue recherche par le directeur adjoint de la maison d’édition Shanghai Translation Publishing House (上海译文出版社), Zhao Wuping (赵武平).

 

Il a retraduit en chinois la traduction en anglais des chapitres manquants (les chapitres 12 à 36), et cette nouvelle traduction va être publiée dans le premier numéro de 2017 de la revue Harvest (Shouhuo收获).

 

Derniers chapitres perdus

 

Zhao Wuping

 

Peinture de la vie à Pékin pendant l’occupation japonaise à travers la décadence d’une vieille famille, le roman de Lao She est divisé en trois parties : « Effroi » (《惶惑》), « Subsistance » (《偷生》), et « Famine » (《饥荒》). Mais cette dernière partie était restée incomplète (残本).


Les deux premières parties ont été publiées en feuilleton à la fin de 1945. Puis, en 1946, Lao She a été invité, avec le dramaturge Cao Yu (
曹禺), à donner une série de conférences aux Etats-Unis. Mais Cao Yu est rentré seul en Chine à la fin de l’année. Lao She est resté, et a commencé à travailler sur la troisième partie du roman.

 

Quatre générations sous un même toit, édition années 1950

 

Ce n’est qu’en décembre 1949 que Lao Sheest rentré en Chine, à l’invitation personnelle de Zhou Enlai. En 1950, il a alors commencé à publier la troisième partie, toujours en feuilleton dans une revue littéraire. Mais, pour une raison restée inconnue, la publication a cessé au vingtième chapitre, laissant le roman inachevé.

 

Après le suicide de Lao She, au début de la Révolution culturelle, les manuscrits originaux du roman ont disparu.


Traduction d’Ida Pruitt

 

Or, en 1951, une première édition d’une traduction en anglais du roman a été publiée à Londres, sous le titre « The Yellow Storm » by ‘Lau Shaw’. Et cette traduction comportait treize chapitres de plus que la version de l’édition chinoise. La traductrice, Ida Pruitt [1], a expliqué qu’elle avait travaillé avec Lao She pendant que celui-ci était aux Etats-Unis, et qu’elle avait ainsi pu avoir accès à des manuscrits inédits. La traduction a ensuite été rééditée aux Etats-Unis au début des années 1980.

 

En 1982, la maison d’édition Littérature du peuple a fait traduire en chinois et édité les chapitres supplémentaires de la traduction d’Ida Pruitt dans une version complétée du roman.

 

Découverte récente

 

On en serait resté là si, en 2014, au cours de ses recherches

 

The Yellow Storm by Lau Shaw, édition 1951

sur Lao She aux Etats-Unis, Zhao Wuping n’était tombé par hasard sur un manuscrit de la traduction d’Ida Pruitt. En le comparant à l’édition anglaise, il s’est rendu compte que le texte original de la traductrice avait été modifié : deux chapitres avaient été supprimés, et deux autres combinés en un seul. En outre, des noms de personnages et des détails du récit étaient différents, ainsi que les titres des chapitres.

The Yellow Storm, réédition américaine 1981,

avec la photo de la traductrice

 

Partant de la supposition que le texte original de la traduction devait être celui le plus proche du manuscrit original de Lao She, Zhao Wuping a repris la traduction d’Ida Pruitt telle que préservée dans ces notes manuscrites retrouvées, et en a fait une traduction en chinois. Le roman completcompte désormais 103 chapitres et devrait être publié, en version chinoise, vers le milieu de l’année 2017.

 

« Ce n’est peut-être pas encore la totalité de l’œuvre originale, a expliqué

Zhao Wuping, mais on peut penser qu’on n’en est maintenant plus très loin. »

 

2017 : année Lao She
 

2017 marque le 50ème anniversaire de la mort de Lao She. Ce qui signifie que les droits de ses œuvres tombent dans le domaine public. On peut s’attendre à une avalanche de nouvelles publications et hommages divers. 

 

Source : http://news.163.com/16/1123/00/C6H119B2000187V5.html

 

 


[1] Ida Pruitt (et non Prutti comme transcrit dans les articles chinois annonçant la découverte) est la fille d’un couple de missionnaires baptistes américains, née en 1888 à Yantai dans le Shandong. Après des études aux Etats-Unis, elle est revenue en Chine auprès de ses parents au début des années 1910, et y a enseigné pendant huit ans. De retour aux Etats-Unis, elle est devenue travailleur social, et a été renvoyée en Chine par la fondation Rockefeller. Pendant l’occupation japonaise, elle a en particulier contribué au développement des Coopératives industrielles chinoises qui employaient, entre autres, des orphelins handicapés. Elle a fondé le Ida Pruitt Memorial Scholarship Fund pour fournir des bourses aux collégiennes de la Shandan Bailie School, dans le Gansu, fondée en 1944 par George Hogg.
Elle a beaucoup écrit, des récits autobiographiques, des biographies de femmes chinoises et même des contes, mais elle a aussi traduit et publié de nombreux ouvrages, dont le roman de Lao She, avant de mourir, en 1985, à Philadelphie.

 

 

 

   

 

 

 

 

     

 

 

 

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