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Les cinq lauréats du dixième prix Mao Dun (année 2019)

par Brigitte Duzan, 6 septembre 2019

 

Les lauréats du 10ème prix Mao Dun ont été annoncés le 16 août 2019 par l’Association des écrivains : ce sont cinq romans comme le veut la tradition de ce prix littéraire prestigieux décerné tous les quatre ans depuis 1982. Les lauréats ont été choisis parmi 234 candidats et la sélection définitive a été obtenue au bout de six séances de vote. Les prix seront remis aux lauréats lors d’une cérémonie en octobre à Pékin.

 

·         De Li Er (李洱 Frère Ying Wu 应物兄》

 

Li Er a mis treize ans à écrire ce roman initialement publié en 2018 dans la revue Harvest, qui retrace les changements de la vie intellectuelle en Chine au cours des trente dernières années.

 

Roman foisonnant, il croise les parcours de plus de 70 personnages de toutes sortes qui ont un rapport proche ou lointain avec un certaine université Jizhou (济州大学) ; dans le but de créer un centre d’études confucéennes (儒学研究院), celle-ci recrute un spécialiste américain pour le diriger, le

 

Li Er, Frère Ying Wu

professeur Ying Wu. Le roman suit en fait trois générations d’intellectuels chinois : celle des survivants de la Révolution culturelle, celle de ceux qui ont fait leurs études universitaires à la fin des années 1970 et dans les années 1980, et enfin, la jeune génération du monde moderne. Non seulement leurs chemins se croisent, mais ils croisent aussi ceux de fonctionnaires et dignitaires du gouvernement, d’hommes d’affaires locaux et d’investisseurs étrangers qui sont partie prenante dans le projet de centre de recherche. 

 

Roman encyclopédique aussi, il fourmille de métaphores, de citations de grands classiques et de poésie ancienne. Il a été très bien accueilli par la critique, moins bien par le grand public qui l’a trouvé difficile à lire. Ce ne sera pas facile de le traduire. 

 

·         De Chen Yan (陈彦 Le rôle principal 《主角》

 

Chen Yan, Le rôle principal

 

« Le rôle principal » est l’histoire d’une génération de grands interprètes de l’opéra Qinqiang, l’opéra traditionnel de la région du Shaanxi qui est aussi le sujet du roman de 2005 de Jia Pingwa (贾平凹) intitulé « Qinqiang » (《秦腔》) justement. Mais, là où Jia Pingwa peignait le tableau d’un village, Chen Yan fait le portrait d’une actrice de Qinqiang, dans son environnement et au milieu des gens de sa troupe, de ses proches et amis. C’est aussi le tableau d’une époque, au Shaanxi.

 

Né en 1963 dans un village du Shaanxi, Chen Yan a commencé à écrire des nouvelles très jeune, mais il est aussi dramaturge, spécialiste de l’opéra local. En 2004, il a été nommé directeur de l’Institut de recherche sur l’opéra du Shaanxi (陕西省戏曲研究院院长) et il a écrit un ouvrage sur l’opéra Qinqiang (《说秦腔》), publié en 2017.

 

·         De Xu Zechen (徐则臣 : Vers le nord 《北上》

 

Initialement publié en 2018 aussi, ce roman brosse l’histoire secrète de plusieurs familles le long du Grand Canal entre Pékin et Hangzhou, passé et présent. Le nord du titre doit s’entendre dans plusieurs sens, géographique, culturel et spirituel. En remontant vers le nord le long du Grand Canal, Xu Zechen fait ressortir l’importance fondamentale de ce Canal dans l’histoire de la Chine, pour sa culture, sa société, son économie, dont il a partagé les hauts et les bas ; c’était un point focal, de dialogue, d’échange et de contact entre différents lieux, leurs cultures et leurs traditions.

 

Xu Zechen, Vers le nord

 

Originaire du nord du Jiangsu, Xu Zechen a été à l’école dans un collège situé sur le bord du Grand Canal, et il a passé plusieurs années à Huai’an (淮安) qui a été autrefois un carrefour logistique et commercial sur le Canal. So roman commence par une lettre écrite en 1900 évoquant les aventures d’un Italien surnommé Polo Junior, parti en Chine à la recherche de son frère cadet qui a disparu. Il rencontre un petit fonctionnaire chinois qui lui sert d’interprète alors qu’ils remontent le Grand Canal de Hangzhou à Pékin…

 

·         De Xu Huaizhong(徐怀中) : En menant le vent 《牵风记》

 

Xu Huaizhong, En menant le vent

 

Il s’agit d’une histoire de guerre romantique, annonce l’éditeur, celle de trois personnages et un cheval, en 1947. L’histoire se déroule au moment de l’une des dernières grandes batailles de la Guerre civile chinoise. Une jeune étudiante part de chez elle pour rejoindre Yan’an où se trouve alors le centre stratégique et logistique du Parti communiste. Elle rencontre là un officier qui se prépare pour le combat et, à sa grande surprise, découvre qu’ils ont tous les deux la même passion pour la musique chinoise. Ils tombent donc amoureux à la veille de la bataille.

 

Xu Huaizhong est lui-même un officier à la retraite qui s’est engagé dans l’armée en 1945. Il a aujourd’hui plus de 90 ans, et revient sur son passé.

 

·         De Liang Xiaosheng (梁晓声) : Le monde des hommes ici-bas 《人世间》

 

Ce roman est une nouvelle saga relatant l’histoire d’un héros ordinaire dont la vie reflète les transformations de la société chinoise sur les cinq dernières décennies : cinquante ans de la vie de quelques familles ouvrières de la Révolution culturelle à la campagne anti-corruption en passant par la politique de réforme et d’ouverture et la réforme des entreprise d’Etat, en soulignant les liens entre destins individuels et destins collectifs. Sur la couverture, l’auteur regarde le monde.

 

L’auteur est né à Harbin, dans le Heilongjiang, en 1949, a été envoyé à la campagne en 1968, et s’est inspiré de son expérience pour écrire plusieurs romans sur les « jeunes instruits ».

 
 

Liang Xiaosheng, Le monde

des hommes ici-bas

 

 

 

     

   

 

 

 

 

     

 

 

 

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