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Le leader chinois de la littérature sur internet, Shanda Literature, s’associe à Nokia pour développer la littérature interactive sur téléphone portable
Par Brigitte Duzan, 28 septembre 2009


Shanda Literature (盛大文学)est la dernière née des filiales du groupe Shanda Interactive Entertainment Limited (盛大互动娱乐有限公司 Shèngdà hùdòngyúlè yǒuxiàngōngsī) qui fête cette année ses dix années d’existence. Basé à Shanghai, le groupe s’est d’abord imposé comme le plus important opérateur de jeux en ligne : sa filiale Shanda Games (盛大游戏) a réussi le 25 septembre dernier une entrée fracassante sur le Nasdaq en levant plus d’un milliard de dollars.

Lancée en juillet 2008, Shanda Literature, de son côté, est d’ores et déjà devenue le leader de la littérature sur internet. L’accord signé le 16 septembre avec Nokia lui ouvre des nouvelles perspectives de développement.

Un nouveau concept éditorial : la littérature interactive sur internet

En Chine, c’est le gouvernement qui délivre les numéros d’ISBN (1), et exerce ainsi un droit de regard 

sur les publications. L’obtention d’un numéro peut prendre des mois. Internet est un moyen de se libérer de ce genre de contraintes. Une nouvelle industrie est née, tirée au départ par le portail sina.com, qui a promu l’auto-édition dès le milieu des années 1990. Les portails offrant des espaces de lecture en ligne se sont depuis lors multipliés. Il y a aujourd’hui en Chine quelque 10 000 sites de ce genre consultés par 400 millions d’internautes, dont 80 % écrivent aussi.

 

Shanda Literature s’est attaqué à ce marché en ciblant plus spécifiquement le créneau des 15-25 ans, considéré comme ‘une mine d’or’, selon les termes du directeur général, Hou Xiaoqiang (侯小强), lors d’une interview donnée lors du dernier festival du cinéma de Shanghai, en mai dernier. La société-mère a d’abord créé une base d’opérations en rachetant trois sites :

 

- qidian.com (www.qidian.com), créé en 2002 et racheté en octobre 2004, est aujourd’hui la première plate-forme de littérature en ligne ; elle a plus de 20 millions de comptes enregistrés ;
- jjwxc.com (www.jjwxc.com), racheté en août 2007, cible plus particulièrement le lectorat féminin, avec surtout des nouvelles romantiques et sentimentales (言情小说 yánqíngxiǎoshuō) ;
- et enfin hongxiu.com (www.hongxiu.com), racheté en mars 2008, présenté comme une plate-forme de « pure littérature » - ce qui tendrait à prouver que les autres ne le sont pas.

Parallèlement était élaboré un concept de littérature interactive pour inciter les lecteurs à donner leur avis sur leurs lectures, ce qui permet de tester les œuvres en ligne, de les faire évoluer en tenant compte des goûts exprimer, et, in fine, de faire émerger des best-sellers qui pourront ensuite être publiés, l’édition papier étant le but final de l’opération. Les textes deviennent ainsi une sorte de chantier collectif.

Un nouveau modèle économique : « pay per click », partage des revenus et droits dérivés

Le lecteur est d’abord attiré par des extraits des textes accessibles gratuitement ; la version intégrale est ensuite payante, mais les tarifs sont minimes (le coût de la lecture ne dépasse pas le dixième du prix d’un livre de poche, et les livres sont très bon marché en Chine) ; c’est la masse qui fait le chiffre. Surtout, les montants dus sont débités directement sur le compte de l’utilisateur, succédané à la carte de crédit, très peu développée en Chine ; ce sont ces comptes qui mesurent la popularité des sites, et donc leur valeur (et leur prix) pour les publicités.

Les revenus ainsi dégagés sont partagés pour moitié avec les auteurs dont les meilleurs sont en outre salariés, avec un salaire annuel moyen de 25 000 yuans, mais pouvant atteindre plusieurs millions.

Ceci n’est cependant qu’une manière de tester des « produits » qui pourront ensuite non seulement être publiés mais également donner naissance à des droits dérivés, en particulier pour des adaptations pour des jeux en ligne. Par ailleurs, Shanda est en train de multiplier les accords avec des magazines littéraires ; la société a signé en août un accord avec le Wenxuebao (文学報), par exemple, pour diffuser en commun une rubrique spéciale qui sera une sélection de cours récits.

C’est évidemment ce genre des courts récits, auxquels qidian consacre déjà une section de son site, qui sera privilégié pour les nouvelles applications sur téléphone portable dont l’accord avec Nokia laisse prévoir le développement rapide.

De manière significative, Shanda a annoncé sa présence, en octobre prochain, à la prochaine Foire du livre de Francfort, dont la Chine sera l’invitée d’honneur ; la société y tiendra une conférence sur le thème « Le modèle Shanda : le livre de l’internet au sans fil ».

(1) International standard book numbering : code chiffré permettant d’identifier un livre. Les modes de délivrance varient selon les pays ; en France, par exemple, c’est un organisme spécifique, l’Agence francophone pour la numérotation internationale du livre (AFNIL), qui est chargé de les gérer.

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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