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Excellent documentaire de Hu Jingcao sur Lin Huiyin et Liang Sicheng

par Brigitte Duzan, 09 décembre 2010

 

Il s’agit d’un nouveau documentaire de six heures, en huit épisodes et haute définition (八集高清纪录片), intitulé simplement «Liang Sicheng Lin Huiyin » (梁思成林徽因).

 

Ce documentaire a été réalisé par une jeune vidéo-journaliste de quarante deux ans, Hu Jingcao (胡劲草), qui, comme ses sujets, a une formation à cheval sur les deux cultures, américaine et chinoise (elle étudié deux ans à Harvard), ce qui lui donne une empathie sensible avec eux. Elle est l’auteur d’un précédent documentaire en cinq parties, sur la vie et les carrières de cent vingt étudiants envoyés étudier aux Etats-Unis à la fin de la dynastie des Qing : « Boy Students » (幼童), réalisé en 2004 en collaboration avec le co-directeur du China Media Project

 

Hu Jingcao (胡劲草)

de l’université de Hong Kong, également sur la base d’un travail de fond sur les archives.

 

Contrairement aux documentaires et films réalisés jusqu’ici sur Lin Huiyin, celui-ci ne met pas l’accent sur ses seuls déboires amoureux, plus ou moins artificiellement romancés ; il est le résultat de recherches poussées sur des documents d’archives provenant de fonds chinois, américains et japonais, et tout particulièrement des pièces inédites de la correspondance échangée entre les Liangs et leurs amis américains les Fairbanks (1). Il inclut également des témoignages directs des enfants des deux couples, et de certains de leurs amis et disciples survivants. Il est à la fois un document factuel et une évocation poétique, évitant les clichés, mais où une sourde émotion affleure à chaque instant.

 

Diffusé du 15 au 22 octobre dernier sur la télévision nationale chinoise, il est depuis lors accessible dans sa totalité sur un site internet qui lui est dédié :

http://jishi.cntv.cn/program/lianglin/souye/index.shtml

 

第一集:父亲

Première partie : les pères

Cette première partie commence par une séquence introductive qui nous emmène, guidés par l’une de leurs filles, dans le chalet des Fairbanks, par une journée d’automne, dans les forêts du Massachusetts. Dans la petite pièce qui fut le bureau de John Fairbank, elle nous découvre une très belle boîte en bois sculpté rouge, qui fut un cadeau des Liang lorsqu’ils quittèrent les Etats-Unis pour revenir en Chine, en 1935. Elle contient des tissus, mais surtout des

 

photos et des lettres. La pièce entière regorge de souvenirs des deux époux qui furent les meilleurs amis de ses parents, comme une sorte de mausolée à leur mémoire.

Le documentaire prend ensuite une forme narrative linéaire, pour commencer par les origines familiales de Lin Huiyin et Liang Sicheng, décrivant les idéaux des parents, et en particulier les idées progressistes du père de Lin Huiyin concernant l’éducation des filles, qu’il appliqua sur les siennes.

 

第二集:天书  

Deuxième partie : l’énigme architecturale

Liang Sicheng initia l’étude en Chine de l’histoire de l’architecture chinoise. Les Japonais disaient alors que, pour voir des exemples de structures en bois datant de l’époque Tang, il fallait aller au Japon. Liang Sicheng en découvrit datant de

l’époque Liao (10/12è siècle), au nord de Tianjin ; la question était désormais : où en trouver datant des Tang ?

 

 

le temple Dule de Jixian

   

 

第三集:佛光

Troisième partie : le monastère du Foguang

Cette partie relate l’arrivée de John Fairbank à Pékin, son mariage avec Wilma et le début de l’amitié de celle-ci avec Lin Huiyin. Ce sont de très belles séquences, empreintes d’une nostalgie très douce. C’est aussi l’époque d’un immense travail de terrain pour recenser, crayon en main, quelque deux cents sites architecturaux dans le nord de la Chine. Et finir par découvrir la perle : la structure en bois du monastère du Foguang (la lumière de Bouddha), à

 

 

le temple Foguang du Wutaishan

 

Wutaishan, la première datant des Tang découverte en Chine. C’était en juillet 1937. Ce fut l’une des périodes les plus heureuses de la vie de Lin Huiyin dont il nous reste les échos écrits de sa plume, l’amitié de Wilma en étant l’un des facteurs essentiels : je n’aurais jamais cru pouvoir goûter d’une amitié féminine…

Mais c’était aussi la veille d’événements dramatiques qui allaient changer leur vie.

 

 

第四集:流亡

Quatrième partie : réfugiés

Peu après la découverte du Foguang, l’avance japonaise les force à partir vers

l’Ouest : première halte à Kunming. C’est là qu’ils apprennent qu’une bonne partie de leurs précieux documents sur leur travail de terrain des six années précédentes a été endommagée dans l’inondation des coffres de la banque de Tianjin où ils avaient été déposés.

 

 

第五集:惨胜

Cinquième partie : tragédie

Au début de 1941, ils repartent pour leur exil définitif des cinq prochaines années : Lizhuang, au Sichuan. Lin Huiyin succombe aux conditions climatiques : sa tuberculose empire de jour en jour, elle ne peut plus se lever. Sur intervention de John Fairbank, elle est transportée à Chongqing pour consulter un médecin : il ne lui donne que cinq années à vivre. Elle écrit des poèmes et contribue par ses recherches à la rédaction de la somme de Liang Sicheng : « L’histoire de

l’architecture chinoise » (《中国建筑史》).

 

 

第六集:荣耀 

Sixième partie : jours de gloire

Fin juillet 1946, c’est enfin le retour à Pékin. Lin Huiyin ne peut plus quitter son lit. Liang Sicheng crée la section architecture à l’université Qinghua. Après un voyage aux Etat-Unis où il est couvert d’honneurs, il revient en Chine.

 

 

 

第七集:选择

Septième partie : le choix

Quand le Guomingdang fuit à Taiwan, les Liang choisissent de rester sur le continent pour participer à la renaissance du pays.

 

 

 

第八集:古城

Huitième partie : la vieille ville

A partir de 1949, ils se battent pour la préservation du vieux Pékin. Le documentaire montre d’extraordinaires photos et films d’archives sur les travaux dans la capitale après sa « libération », et rapporte les témoignages du désespoir des témoins voyant la vieille ville disparaître sous les bulldozers. Lin Huiyin s’est éteinte alors que tombaient les dernières murailles.  

 

 

Les travaux du vieux Pékin en 1950

(une des photos du documentaire)

   

 

 

(1) Pour les détails sur l’importance des relations entre les deux couples pour la préservation du souvenir de Lin Huiyin et son mari, voir la présentation de Lin Huiyin.

 


 

En complément :

 

Voir l’équipe du documentaire, des photos du tournage, et les détails sur les témoins interviewés :

http://jishi.cntv.cn/program/lianglin/muhougushi/index.shtml

 

Lire l’interview (en anglais) de Hu Jingcao sur le site China Beat (6 décembre 2010) :

http://www.thechinabeat.org/wp-content/uploads/2010/12/Liangs-and-Fairbanks.jpg

 

 

 

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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