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				Ba Jin – Romans et 
				nouvelles 
				
				par Brigitte Duzan, 26 octobre 2015 
				
				  
				
				
				Famille 
				《家》 
				
				
				  
				
					
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						Achevé en 1931, 
						« Famille » avait d’abord été intitulé « Torrent » (《激流》), 
						puis 
						Ba Jin a changé le 
						titre quand il a eu écrit les deux romans qui lui font 
						suite, « Printemps » (《春》) 
						et « Automne » (《秋》). 
						Le titre initial – et toute la symbolique qui lui est 
						attachée - a été conservé pour l’ensemble de ces trois 
						romans, connus comme la « Trilogie du torrent » (《激流三部曲》).
						 
						
						
						  
						
						
						« Famille » est considéré comme l’un des grands 
						classiques de la littérature chinoise du vingtième 
						siècle, traduisant les frustrations et les aspirations 
						des jeunes intellectuels chinois au lendemain du  
						
				
				mouvement du 4 mai ; 
						il reflète tout particulièrement le triste sort qui 
						continuait d’être celui des femmes dans une Chine où les 
						structures familiales « féodales » n’avaient pas 
						disparu.  
						
						
						  
						
						
						
						Un récit construit autour de trois frères, et du destin 
						de quatre femmes  | 
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						Ba Jin à 26 ans au moment où  
						
						il termine Jia (4 décembre 1931)  | 
					 
				 
				
				
				
				  
				
				
				Le récit se passe en 1921, à Chengdu, et commence alors que deux 
				jeunes garçons rentrent chez eux un soir d’hiver, sous une 
				tempête de neige longuement décrite. Ils portent le même 
				uniforme, sont étudiants dans le même collège, et frères : les 
				deuxième et troisième frères d’une fratrie de trois, dans une 
				grande famille à l’ancienne menée de main de fer par un 
				patriarche vieillissant habitué à décider du sort de chacun.
				 
				
				
				  
				
				
				Mais la force dramatique du roman tient dans les quatre 
				personnages féminins qui leur sont liés, et dont l’histoire 
				tragique est au centre du récit, la mort de chacune d’entre 
				elles étant causée par l’emprise de la structure patriarcale 
				traditionnelle sur leur destin, et la faiblesse des hommes qui 
				auraient dû les protéger.  
				
				
				  
				
				
				
				Trois frères  
				
				
				
				  
				
				
				
				Gao Juexin (高觉新) 
				est l’aîné. Il a été forcé par son grand-père d’arrêter ses 
				études à la fin du lycée, et d’épouser la femme que celui-ci lui 
				a choisie, Li Ruijue (李瑞珏), 
				alors qu’il aime sa cousine Mei (梅).
				 
				
				
				  
				
				
				Le second, Gao Juemin (高觉民), 
				poursuit ses études avec son plus jeune frère ; il est amoureux 
				d’une jeune fille, Qin (琴), 
				qui est aussi une cousine, mais cherche à s’émanciper en 
				étudiant ; tous les deux rêvent qu’elle puisse être admise à 
				l’Ecole des langues étrangères, et qu’ils puissent y étudier 
				ensemble. 
				
				
				  
				
				
				Quant au troisième, Gao Juehui (高觉慧), 
				c’est un jeune étudiant bouillant d’enthousiasme pour les idées 
				du 4 mai, amoureux de la jeune et jolie servante Mingfeng 
				(鸣凤). 
				  
				  
				
				
				Chacun est soumis au despotisme du grand-père qui gouverne la 
				maisonnée comme un autocrate à l’ancienne, dans un réseau 
				relationnel où chacun a la place qu’il lui a attribuée, et où 
				les femmes n’accèdent à un statut que par le mariage. 
				 
				
				
				  
				
				
				Le drame se noue quand la jeune génération regimbe en tentant de 
				faire ses propres choix dans la vie, et en particulier ses choix 
				matrimoniaux, qui constituent le nœud du système. Si les frères 
				sont frustrés dans leurs aspirations, les femmes paient un 
				tribut bien plus élevé. 
				  
				
				
				
				Trois destins de femmes 
				
				
				
				  
				
				
				Un double drame se noue autour deJuexin et de son caractère 
				soumis et velléitaire. La cousine qu’il aimait, Mei, se 
				marie et devient veuve. Menant une vie d’enfer avec une 
				belle-mère qui la maltraite, elle rentre chez elle vivre avec sa 
				mère. Mais elle tombe malade et meurt. 
				  
				
					
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						Première édition en livre, 开明书店 1933 
						(avec en filigrane les caractères de Torrent 激流)  | 
						  | 
						
						 
						
						Quant à Ruijue, son mariage lui a donné une 
						position sociale, surtout après avoir donné un fils à 
						son époux, mais son sort n’est guère plus enviable car 
						elle aime Juexin tout en se rendant compte que lui aime 
						toujours sa cousine. Elle finit par être victime, elle 
						aussi, de la tradition, et dans son cas des 
						superstitions familiales. Quand meurt le patriarche, 
						elle est près d’accoucher de son second enfant ; or une 
						ancienne croyance veut que l’on éloigne les femmes près 
						d’accoucher du cercueil d’un défunt. Sur les injonctions 
						de ses oncles et tantes, Juexin accepte d’envoyer 
						Ruijue accoucher ailleurs ; elle meurt en couches 
						quelques jours plus tard, sans qu’il ait pu la revoir ni 
						l’aider, sa chambre lui étant interdite pendant la 
						période de deuil. 
						
						
						  
						
						
						Juemin a plus de caractère que son frère et refuse de se 
						plier à la volonté de son grand-père qui veut lui faire 
						épouser la riche nièce d’un potentat local. Il s’enfuit 
						pour éviter d’être   | 
					 
				 
				
				
				contraint à ce mariage. Le vieux patriarche tente alors de 
				persuader le plus jeune de retrouver son frère et d’être son 
				garçon d’honneur au mariage… sur quoi tombe la nouvelle de la 
				mort de Mei…    
				
				
				  
				
				
				Ce n’est qu’après son soixante-sixième anniversaire, alors qu’il 
				voit sa santé décliner, que le vieil homme promet d’abandonner 
				ses projets de mariage pour Juemin, et l’autorise à épouser 
				Qin. Celle-ci n’en doit pas moins abandonner ses projets 
				d’études, l’université étant toujours fermée aux étudiantes. Ce 
				n’est qu’une demi-victoire. 
				
				
				  
				
				
				Le sort le plus cruel, cependant, est celui de la petite 
				servante Mingfeng. Elle a dix-sept ans, et maître Gao, 
				pour remplir une promesse, la donne comme concubine à un vieux 
				voisin lubrique du même âge que lui. Mingfeng va implorer les 
				membres de la famille qui n’osent pas intervenir en sa faveur. 
				Et quand elle va demander son aide à Juehui, il est tellement 
				occupé par ses activités révolutionnaires qu’il ne l’écoute pas.
				 
				
				
				  
				
				
				Il ne lui reste pour toute option qu’à suicider en se jetant à 
				l’eau. Sur quoi Juehui se rend compte de sa responsabilité et se 
				morfond en regrets, mais trop tard… Quant à maître Gao, pour ne 
				pas manquer à sa promesse, il donne une autre servante à son 
				vieil ami…  
				
				
				  
				
					
						| 
						 
						
						Le roman est très bien construit, car les histoires se 
						recoupent, la mort de l’une répondant à celle des 
						autres. Ce n’est pas celle de Mingfeng qui est 
						déterminante, mais celle de Ruijue, qui intervient après 
						les deux autres, comme épitome des drames précédents : 
						c’est sa mort qui finit de dresser Juehui contre 
						l’obscurantisme familial et le pousse à quitter la 
						maison pour fuir à Shanghai… c’est la chute annoncée de 
						la famille Gao.    
						
						
						  
						
						
						
						Un roman en grande partie autobiographique 
						  
						
						
						Ecrit par un Ba Jin de vingt-six ans, dans un style aux
						 
						
						
						dialogues vifs et avec une belle maîtrise de la 
						construction narrative, « Famille » est un roman 
						d’autant plus vibrant qu’il reflète la vie et les 
						sentiments de l’auteur, comme il s’en est expliqué dans 
						de nombreux commentaires le concernant.  
						
						
						  
						
						
						
						Les divers commentaires  | 
						  | 
						
						 
						
						  
						
						Edition de juin 1953 aux éditions 
						 
						
						Littérature du peuple  | 
					 
				 
				
				
				  
				
				
				« Famille » a fait l’objet de nombreuses publications après 
				1931, et Ba Jin n’a cessé d’ajouter des commentaires sous forme 
				d’annexes à ses quarante chapitres. Dans l’édition de 1977 qui 
				sert généralement de référence, le texte est accompagné d’une 
				préface de 1937, d’une postface datée de mars 1953 et de trois 
				annexes 
				(附录). 
				
				  
				
				
				La première annexe est la préface écrite pour la première 
				édition ; datée d’avril 1932, elle est adressée à son frère, 
				dont il a appris le suicide alors qu’il venait d’achever le 
				sixième chapitre, et auquel il crie son désarroi, du fond du 
				cœur : « 你毕竟死了,做了一个完全不必要的牺牲品而死了。 » 
				(Tu 
				es mort, en te sacrifiant, mais ce sacrifice est totalement 
				inutile). 
				Son livre était en partie écrit pour lui, explique-t-il, mais il 
				a été terminé trop tard et n’a pas pu le sauver. Il est l’une 
				des victimes qui hantent le roman ; c’est sur lui qu’est calqué 
				le personnage de Juexin. 
				
				
				  
				
				
				La deuxième annexe est un commentaire sur le 
				roman adressé à l’un de ses cousins, écrit en février 1937 : 
				
				<<关于《家》(十版代序)>>{——给我的一个表哥} 
				
				
				La troisième annexe est un commentaire adressé au 
				lecteur, daté de juin 1957, qui reprend beaucoup des éléments du 
				second commentaire, dont la postface est elle-même un condensé : 
				{和读者谈《家》}. 
				
				
				  
				
				
				Ba Jin y explique que les personnages sont inspirés de personnes 
				de son entourage qui ont vécu des drames semblables, dont il a 
				été témoin. Il écrivait, dit-il, avec l’impression, à chaque 
				mot, « d’exhumer d’une tombe des souvenirs enfouis ». 
				 
				
				
				  
				
				
				
				Des personnages féminins authentiques, mais dramatisés 
				  
				
					
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						Edition complète de 1977  | 
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						Le monde qu’il décrit dans « Famille » est le sien, 
						celui d’une grande famille patriarcale de Chengdu dans 
						les années 1920-21. Il le déclare dans son commentaire 
						de 1957 : 
						
						
						“书中人物都是我所爱过和我所恨过的。许多场面都是我亲眼见过或者亲身经历过的。” 
						
						
						« Les personnages de mon roman sont des êtres que 
						j’ai aimés et d’autres que j’ai haïs. Beaucoup des 
						situations que je décris, j’en ai moi-même été le 
						témoin, et parfois je les ai moi-même vécues. » 
						
						
						“我要向这个垂死的制度叫出我的 
						J’accuse !《我控诉》。” 
						
						
						« C’est contre ce système moribond que je lance mon 
						propre J’accuse ! » 
						
						
						  
						
						
						C’est l’indignation qui pousse Ba Jin à écrire, comme 
						Zola en son temps, indignation et tristesse devant tant 
						de victimes inutiles, comme son frère, mais aussi tant 
						de femmes autour de lui. Car, si les hommes ont leur 
						part de tragédie dans cet   | 
					 
				 
				
				
				univers clos – tel ce cinquième oncle mort ruiné, vagabond sans 
				abri brisé dans ses aspirations, qui lui a inspiré « Le jardin 
				du repos » (《憩园》) 
				- ce sont les femmes qui sont les premières sacrifiées, dans un 
				système patriarcal où elles n’avaient tout au plus que valeur 
				d’échange. Mais il a dramatisé les situations.  
				
				
				  
				
				
				1. La première des femmes de sa famille qui l’ont inspiré est sa 
				belle-sœur, elle aussi obligée d’aller accoucher, comme 
				Ruijue, en dehors de la maison familiale après la mort du 
				grand-père de Ba Jin. La différence est qu’elle n’en est pas 
				morte.  
				
				
				  
				
				
				2. Ba Jin avait aussi une cousine du même âge que Mei, 
				qui aimait son frère aîné et venait souvent les voir. Tout le 
				monde dans la famille l’aimait bien, mais sa mère ne voulut pas 
				de ce mariage, car les deux familles étaient déjà unies par 
				ailleurs ; les deux jeunes gens furent donc séparés. Quelques 
				années plus tard, la jeune cousine fut donnée en secondes noces 
				à un riche veuf ; Ba Jin raconte l’avoir revue en 1942 à son 
				retour à Chengdu, transformée en riche dondon, grosse et cupide… 
				pas de tragédie non plus, mais une fin terriblement triste. 
				
				
				  
				
				
				3. Quant à Mingfeng, elle lui a été inspirée par une 
				servante qui s’appelait Cuifeng (翠凤), 
				un autre phénix. Elle aussi dut lutter pour ne pas être donnée 
				comme concubine à un parent, mais là encore, elle n’a pas eu à 
				se suicider : elle avait un statut de servante « extérieure », 
				qui travaillait dans la maison pour être logée et nourrie, (“寄饭”的丫头), 
				personne ne la maltraitait. Elle finit par épouser un homme 
				pauvre qu’elle avait choisi. 
				
				
				  
				
				
				4. Reste Qin. Son personnage est calqué sur une autre 
				cousine de Ba Jin qui, elle aussi, montrait beaucoup d’intérêt à 
				l’étude des livres et revues diffusant les idées du 4 mai et 
				passait de longues heures en discussion avec son troisième 
				frère. Mais sa mère s’est fâchée avec celle de Ba Jin, et elles 
				ont quitté la maison. Après la mort de sa mère, elle a fini ses 
				jours enfermée avec son père qui, par pure cupidité, n’avait pas 
				voulu lui donner de dot. Quand Ba Jin l’a revue en 1942, elle 
				était devenue « une petite vieille frêle aux os fragiles » (她已经成了一个“弱骨支离”的“老太婆”了). 
				Et pourtant elle n’avait qu’un an de moins que lui. 
				  
				
					
						| 
						 
						
						On peut se demander pourquoi Ba Jin a ressenti le besoin 
						de dramatiser ces tragédies personnelles en les 
						concluant trois fois par une mort. C’était certainement 
						pour mieux frapper ses lecteurs, dans la grande 
						tradition du mélodrame chinois. Surtout, il était 
						influencé par ses souvenirs de lectures. 
						
						
						  
						
						
						Toujours dans le troisième commentaire de 1957, Ba Jin 
						raconte avoir été frappé, dans son enfance, par un livre 
						illustré des « Biographies de femmes illustres » (《烈女传》), 
						grand classique confucéen qui était la lecture obligée 
						des jeunes filles de bonnes familles, donc de ses sœurs. 
						Il n’arrivait pas à comprendre le sort cruel réservé à 
						toutes ces femmes : une veuve qui se tranche la main 
						après avoir touché un étranger, une princesse qui brûle 
						vive dans son palais en feu pour ne pas s’exposer à la 
						vue des passants, une autre qui périt à la recherche du 
						corps de son père noyé, autant de femmes sacrifiées par 
						des rites absurdes, et offertes comme modèles.  | 
						  | 
						
						 
						
						  
						
						Edition 2003 de la trilogie, 1er volume  | 
					 
				 
				
				
				  
				
				
				Or ces rites gouvernaient toujours la vie des femmes, encore au 
				début de la République. Une de ses cousines épousa la tablette 
				de son fiancé défunt et termina son existence en veuve chaste 
				espérant son arche. En 1923 encore, sa troisième sœur, mariée en 
				secondes noces, fut emmenée en palanquin dans une maison où elle 
				fut tellement maltraitée par ses beaux-parents qu’elle mourut à 
				l’hôpital au bout d’un an.  
				
				
				  
				
				
				Ce sont ces existences sans lustre, où affleure régulièrement le 
				drame, qui sont en arrière-plan du roman, et le rendent si 
				terriblement touchant. L’indignation de Ba Jin est dirigée 
				contre le système qui empêche les individus de s’épanouir, et 
				enferme les femmes dans un réseau de rites antédiluviens. S’il 
				dramatise, c’est parce qu’il ressent la réalité ainsi. C’est 
				tout un contexte familial et social dont il a souffert qu’il 
				exprime de la sorte. 
				
				
				  
				
				
				Mais les trois jeunes frères qu’il dépeint sont, eux, pétris de 
				contradictions, et ont leur part de responsabilité. L’emprise de 
				la tradition sur les esprits était encore très forte. Ba Jin 
				lui-même a dit, citant Danton après Zola, qu’il lui avait fallu 
				beaucoup d’audace pour réussir à s’en affranchir. 
				
				
				  
				
				
				
				Des personnages masculins pétris de contradictions 
				
				
				  
				
					
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						Lianhuanhua de novembre 1982, 
						réédité en 2004  | 
						  | 
						
						 
						
						C’est justement l’ambivalence des caractères masculins 
						qui donne une grande partie de sa valeur au roman. 
						Derrière le patriarche Gao, d’abord, se profile le 
						grand-père de Ba Jin, dont il reconnaît la clairvoyance 
						instinctive dans l’un de ses commentaires : 
						
						
						我的祖父虽然顽固,但并非不聪明,他死前已经感到幻灭,他是怀着寂寞、空虚之感死去的。 
						
						
						
						Malgré son caractère obstiné, mon grand-père ne manquait 
						pas de clairvoyance, et il avait senti que tout partait 
						en fumée bien avant de mourir ; il est mort avec au cœur 
						un sentiment de solitude, de vide.   | 
					 
				 
				
				
				  
				
				
				Juexin appartient encore à la génération qui souffre du système 
				sans oser s’y opposer. Les deux autres frères sont plus 
				audacieux, et rebelles chacun à sa façon. Mais, si Juemin arrive 
				à imposer le choix de son épouse, il reste lié par les 
				obligations familiales, Qin apparaissant comme son double 
				féminin. Le plus ambigu est Juehui, le plus rebelle, certes, 
				comme si l’âge opérait par lui-même une gradation dans le degré 
				de rébellion, mais tout en gardant un esprit encore profondément 
				empreint des idées traditionnelles : il ne lui viendrait pas à 
				l’idée d’épouser Mingfeng comme Juemin insiste pour épouser 
				Qin ; elle n’est après tout qu’une servante. Et son départ pour 
				Shanghai ressemble plus à un coup de tête qu’à une décision 
				réfléchie. 
				  
				
					
						| 
						 
						
						C’est l’un grand reproches que les critiques communistes 
						feront au roman : les personnages refusent l’ordre 
						ancien, mais sans trop savoir que mettre à la place, et 
						Juehui, en particulier, part à Shanghai sans savoir ce 
						qu’il va y faire. Le roman est empreint d’idéalisme 
						romantique et juvénile, mais c’est cela, justement, qui 
						l’a rendu si populaire auprès des jeunes lecteurs 
						chinois qui ont pu s’identifier aux personnages. 
						 
						
						
						
						  
						
						
						
						Un roman révisé à plusieurs reprises 
						  
						
						
						Ba Jin a été critiqué après l’avènement du régime 
						maoïste, et aucune des rééditions de « Famille » n’a eu 
						lieu sans qu’il ait été obligé d’y apporter des 
						révisions. La première édition après 1949 est celle de
						juin 1953, aux éditons Littérature du peuple. 
						C’est pour cette édition qu’il a écrit une postface, où 
						il indique qu’il a fait quelques corrections et éliminé 
						des redites.   | 
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						Livre illustré par Liu Danzhai 刘旦宅  | 
					 
				 
				  
				
				
				Une autre édition a été établie en 1958 par les Editions 
				des langues étrangères de Pékin, dont ont été supprimées 
				certaines parties du texte (surtout celles qui pouvaient évoquer 
				son passé anarchiste). En même temps ont aussi été supprimées 
				les préfaces, et a été ajoutée une « note de l’éditeur » qui 
				explique pourquoi le texte nécessitait d’être révisé : 
				 
				
				
				  
				
				
				
				« Le roman expose l’hypocrisie et les maux de la société féodale 
				et révèle les côtés sordides des relations familiales dans cette 
				société. Parce qu’il a poussé les jeunes intellectuels à lutter 
				contre ce système pourri, ce roman a joué un rôle positif. 
				
				
				Mais il a ses défauts, 
				le principal étant que l’auteur loue la résistance spontanée et 
				individuelle des intellectuels petits-bourgeois sans souligner 
				leurs faiblesses ni insister sur la nécessité de se joindre aux 
				travailleurs et paysans. Il ne montre donc pas à ses lecteurs le 
				chemin vers la lumière. » 
				
				
				 
				
				
				  
				
				
				L’éditeur terminait sa note en reconnaissant cependant que Ba 
				Jin était capable d’écrire de façon très colorée et émouvante 
				quand il évoquait son expérience personnelle. C’est ce que la 
				postérité en a retenu. « Famille », en ce sens, est l’une de ses 
				œuvres les plus représentatives. 
				
				   
				
				  
				
				
				Nuit glacée  
				《寒夜》 
				
				  
				
				
				Voir l’analyse comparative du roman et du film de Que Wen (阙文) 
				qui en est adapté : 
				
				
				
				
				http://www.chinesemovies.com.fr/cineastes_Que_Wen.htm 
				
				
				  
				
				
				  
				
 
					
						
						
						 
						Le roman a commencé à être sérialisé pendant l’année 
						1931 dans le quotidien Le temps (《时报》), 
						à raison d’environ mille caractères par jour. Mais, à 
						cause des combats, le journal a cessé de paraître 
						pendant quelques temps, avant de reprendre. Ba Jin a 
						alors reçu une lettre du rédacteur en colère accusant 
						son texte d’être beaucoup trop long et l’informant 
						qu’ils ne pourraient pas continuer à le publier. Ba Jin 
						a alors envoyé la totalité de ce qui restait du 
						manuscrit, en ajoutant que, si le journal voulait bien 
						terminer de le publier, il renonçait à sa rémunération. 
						C’est ainsi seulement que le roman a pu finir de 
						paraître dans le journal.  
					
					
						 
				 
				  
				  
				
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