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Da Jie 大解

Présentation

par Brigitte Duzan, 25 décembre 2016 

 

Poète du Hebei, Da Jie est en outre un auteur de mini-nouvelles, représentatif d’un genre en plein essor, qui emprunte autant à la poésie qu’à l’essai.

 

Poète

 

Da Jie est né en 1957 dans le district de Qinglong [ou Dragon d’azur] dans le Hebei (河北青龙) et vit aujourd’hui à Shijiazhuang (石家庄), dans la même province.

 

Il est diplômé d’ingénierie hydraulique de l’université Qinghua, à Pékin, dont il est sorti en 1979. Mais, pendant ses études, il écrivait en même temps des poèmes et a commencé à en publier en 1982.

 

Da Jie

 

En 1988, il entre à la rédaction du mensuel L’esprit poétique (《诗神》) dont il devient rédacteur adjoint en 1994, puis rédacteur en chef en 1998.

 

Chant élégiaque

 

En 1990, il publie un recueil de poèmes, intitulé simplement « Poésies » (《诗歌》), suivi en 1993 d’un autre recueil, « Jours nouveaux » (《新日》).

 

Son grand poème épique, « Chant élégiaque » (《悲歌》), est édité en 2000 et couronné de plusieurs prix, dont le prix Tianduo (天铎奖), puis réédité en 2005, année où Da Jie devient membre de l’Association des écrivains.

 

Après « Chant élégiaque », il publie le recueil « Objets mystérieux » (《神秘的事物》) qui est en 2003 l’un des lauréats du prix Littérature du peuple (人民文学奖), puis, en 2008, le recueil « Vu de mes propres yeux » (《亲眼所见》). Début décembre 2010, il est l’un des poètes à l’honneur lors de la seconde édition du prix de poésie Liu Bowen (刘伯温诗歌奖").

 

Auteur d’essais et de mini-nouvelles

 

Ses poèmes sont en général très brefs, de formes diverses, reflétant une pensée originale [1].

 

Mais Da Jie a également écrit et publié dans diverses revues des textes en prose (essais sanwen 散文 et suibi 随笔). Mais il est aussi l’auteur de nouvelles, dont il a publié un recueil, sous le titre « Le chant éternel » (《长歌》). Les mini-nouvelles qu’il publie ensuite sont un tournant dans son œuvre.

 

Prix Liu Bowen, 2010

 

Les Fables de l’Idiot

 

Initialement parues dans différentes revues, en particulier dans la revue Littérature du peuple, sous le thème « Courtes légendes » (《小神话》), elles ont été publiées aux éditions Kunlun (昆仑出版社) en janvier 2011, dans un recueil en regroupant 149, intitulé « Les Fables de l’Idiot » (《傻子寓言》).

 

Ce sont des textes concis – deux alinéas, ou deux alinéas et une très courte conclusion de deux à trois lignes - qui relèvent à la fois, au niveau de la forme, de ses poèmes et de ses textes en prose. Ce sont des exemples-types des recherches stylistiques actuelles en matière de xiao xiaoshuo (小小说).

 

Ces« fables » sont de trois sortes [2] : les unes sont des évocations indirectes, à lire entre les lignes ; d’autres reflètent une imagination fantastique, à comprendre sur un mode analogique ; les troisièmes, enfin, sont d’une grande

innocence, comme des rêves d’enfant. Chacune a un ton particulier, mais beaucoup sont satiriques, critiquant les aspects superficiels, voire le vide de la vie moderne.

 

Da Jie lui-même a expliqué ainsi le processus créatif de ces brèves nouvelles:

 

这些故事无论涉及多么广泛,思想多么尖锐,情节多么离奇,都始终围绕着一个轴心——人与人性。

« Quelle que soit l’étendue de leur sujet, l’acuité de leur pensée ou l’étrangeté de la narration, finalement, l’élément fondamental de ces récits tourne autour d’un même thème : l’homme et la nature humaine.

 

与传统的童话和幽默故事不同,我不绕弯子,不卖关子,也不抖包袱,我要直接进入主题,从理性出发,然后穿透理性,走向非理性,到达生活的背面,以此来揭示那些被日常事物所遮蔽的东西。期间,我歪打正着地发现了非理性可能是人类生活中最富有诗性的部分。作者解释称,这种思维方式决定了这些寓言的属性,比荒诞要赤裸,超出了人们的阅读习惯。

Cela n’a rien à voir avec des contes d’enfants ou des histoires humoristiques : je ne prends pas de détours, ne cherche pas non plus à créer le suspense et à révéler peu à peu l’intrigue ; je rentre au contraire directement dans mon sujet, en partant d’éléments rationnels, puis je pénètre cette rationalité pour aller vers l’irrationnel, et atteindre l’envers de ce que nous connaissons de la vie, tout ce qui est habituellement caché. Ce que je réussis à percevoir alors d’irrationnel peut très bien être la part la plus poétique de la vie humaine. »

 

Dans ses « fables », Da Jie est donc en quête de la poésie dans le côté irrationnel de l’existence ; ses récits sont bien plus arides que des contes fantastiques, ils dépassent en fait nos habitudes de lecture. Ils font partie de la littérature d’avant-garde comme, de plus en plus, les mini-nouvelles aujourd’hui.

 


 

A lire en complément

 

Cinq « Fables de l’Idiot » provenant de son blog.

 

« Chroniques de l’Idiot » 《老傻记》 : trois extraits.

 

 


[1] Tel celui-ci, posté le 12 août 2016 sur son blog :

在时间的序列里 « Dans la suite des temps »

回头望去,有无数个我,

分散在过往的每一日,排着长队走向今天。

我像一个领队,

越走越老,身后跟着同一个人。

Jetant un regard en arrière, je vois des moi

innombrables, chaque jour

faisant la queue vers aujourd’hui.

Impression d’être un chef d’équipe vieillissant,

suivi d’un même individu.

Son blog : http://blog.sina.com.cn/u/1078371852

[2] Selon un article du 10 avril 2011 de China news 中国新闻网 :

一是正话反说,旁敲侧击;二是异想天开,触类旁通;三是天真烂漫,童心如梦。

http://www.chinanews.com/cul/2011/04-10/2962011.shtml

 

 

 

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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