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Huang Chun-ming 黃春明

Présentation

par Brigitte Duzan, 02 mars 2017

 

Huang Chun-ming est un écrivain taïwanais généralement considéré comme l’un des principaux représentants de la littérature du terroir (鄉土文學) qui s’est développée dans les années 1960 et 1970 en opposition à la littérature nostalgique (et anti-communiste) des années précédentes célébrant la patrie perdue.

 

Mais il est aussi l’auteur de textes pleins de chaleur sur la vie des petites gens, des défavorisés et des marginaux, des victimes de l’histoire et, à partir des années 1980, des laissés pour compte du miracle économique. Il décrit le sentiment d’aliénation, et les complexes d’infériorité d’une population en pleine crise identitaire, mais en gardant toujours une distanciation teintée d’humour vis-à-vis de ses personnages.

 

Huang Chun-ming (photo chinatimes)

 

Huang Chun-ming, écrivain du terroir

 

Huang Chun-ming (黃春明) est né en 1935 dans le bourg de Luodong (羅東鎮), dans le district de Yilan (宜蘭縣), au nord-est de Taiwan.

 

Il est décrit comme un étudiant turbulent, se réfugiant dans l’écriture où il trouve sa vocation. Après des études à l’Université nationale Pingtung, dans le sud de l’île, il est tout à tour instituteur, animateur à la radio et employé dans une agence publicitaire. Mais, parallèlement, il ne cesse de publier – essentiellement des nouvelles - dans diverses revues littéraires.

 

 

 

Années 1960-1970

 

Dans sa jeunesse, il n’a eu qu’un accès limité à des œuvres de littérature étrangère, comme il l’a expliqué dans l’introduction au recueil de nouvelles traduites par Howard Goldblatt [1] ; ses influences principales sont assez classiques : les auteurs américains Hemingway, Mark Twain et Faulkner, mais aussi, côté chinois, les nouvelles de Shen Congwen (沈从文), plus des récits de Chekhov traduits en chinois.

 

Il publie sa première nouvelle, « Le fils du balayeur de rue » (《清道夫的孩子》), en 1956, puis ses nouvelles et romans les plus connus à la fin des années 1960 et dans les années 1970. Ce sont des histoires de jeunes sans le sou qui luttent pour trouver un job décent, comme « La grande poupée de son de son fils » (《兒子的大玩偶》), en 1969, ou d’ouvriers misérables qui peinent à nourrir leurs nombreux

 

Le Gong, ed. originale

 

 

Sayonara. Goodbye

 

enfants, comme « Le goût des pommes » (《蘋果的滋味》) en 1972, victimes de l’injustice sociale, ou des aléas de l’histoire, comme dans « Le Gong » (《鑼》).

 

Ce sont des récits tristes, la misère entraînant un sentiment

d’incertitude quant à l’avenir, voire d’aliénation face la modernité, mais jamais désespérés. Ils offrent toute une galerie de portraits originaux.  

 

 

Années 1980-1990

 

L’homme-sandwich

 

Dans les années 1980, il continue son tableau des défavorisée et des laissés pour compte de la croissance. En même temps, plusieurs de ses récits de la période précédente sont adaptés à l’écran par les réalisateurs de la Nouvelle Vague taïwanaise qui s’intéressent aux mêmes sujets. Sorti en 1983, « L’homme-sandwich » est le plus célèbre (voir Adaptations cinématographiques ci-dessous).

 

A partir des années 1990, Huang Chun-ming publie une série de récits pour enfants qu’il illustre lui-même de collages, puis il fonde une troupe de théâtre pour enfants, la « Troupe du grand poisson jaune » (黄大鱼儿童剧团) avec laquelle il parcourt l’île lors de tournées annuelles. Parallèlement, il continue à publier des récits pour adultes, mais surtout des nouvelles courtes.

 

Pendant toutes ces années, peintre des classes défavorisées, Huang Chun-ming est un auteur influent et célébré qui est également novateur au niveau stylistique, en introduisant dans la langue chinoise des expressions et tournures populaires pour mieux traduire la réalité qu’il décrit.

 

En 2005, alors qu’il écrit beaucoup moins, il fonde la revue littéraire « Neuf virages et dix-huit tournants » (九弯十八拐). Et, en 2012, il ouvre un café littéraire dans la ville de Yilan qu’il a animé pendant trois ans avant de le fermer en

 

Auteur de livres pour enfants

décembre 2015, les subventions du district ayant été coupées. En fait, l’administration du café-salon a

 

Le café littéraire de la Maison de briques rouges

 

été reprise par le Bureau des affaires culturelles du district de Yilan.

 

Annonçant sa fermeture avec tristesse, Huang Chun-ming a ajouté qu’il était en train d’écrire un roman dont il est le personnage principal, « La saison des longan [2] » (《龍眼的季節》). Fin 2015, il en était à la moitié…

 

 

 


 

Publications en chinois

http://space.nutc.edu.tw/reading/contacthung.html

 


 

Traductions en français

 

Nouvelles et romans

 

- Le Gong, trad. Emmanuelle Péchenart et Anne Wu, Actes Sud, Arles, 2001.

- J’aime Mary, recueil de quatre nouvelles trad. Matthieu Kolatte, Gallimard-Bleu de Chine 2014

(J’aime MaryLa Grande poupée de son filsLe Goût des pommesLe Chapeau de Hsiao-Chi).

- L'îlot résidentiel, trad. Matthieu Kolatte, Jentayu no 2, été 2015, pp. 81-86.

 

Récits pour enfants

 

aux éditions Gulf Stream :

- Je suis un chat, un vrai 《我是貓也》, trad. Angel Pinot, Isabelle Rabut, 2006.

- L’Éléphant à la trop petite trompe 《短鼻象》, trad. Elia Lange, 2006.

- Le Secret des bonshommes de paille 《稻草人和小麻雀》, trad. Elia Lange, 2006.

- L’Empereur qui n’aimait que les douceurs 《愛吃糖的皇帝》, trad. Elia Lange, 2006.

 


 

Adaptations cinématographiques

 

1983 L’homme-sandwich 《兒子的大玩偶》

Film à sketches adapté de trois nouvelles de Huang Chun-ming par trois réalisateurs différents :

- L’homme-sandwich 《兒子的大玩偶》 par Hou Hsiao-hsien (侯孝賢)

- Le goût des pommes 《蘋果的滋味》 par Wan Jen (萬仁)

- Le chapeau de Hsiao Chi 《小琪的那頂帽子》 par Tseng Chuang-hsiang (曾壯祥)

 

1983 Days for Watching the Sea 《看海的日子》 réalisé par Wang Tong (王童).

Adapté de la nouvelle éponyme de 1967.

 

1984 I Love Mary 《我愛瑪莉》, réalisépar Ke Yi-zheng (柯一正).

Adapté de la nouvelle éponyme de 1979

 

1985 Sayonara Goodbye 《莎喲娜拉再見》 réalisé par Yeh Chin-sheng (葉金勝)

Adapté de la nouvelle éponyme de 1974.

 

1990 Two Painters 《兩個油漆匠》 réalisé par Yu Kan-ping 虞戡平

Adapté de la nouvelle éponyme de 1971.

 

 


[1] The Taste of Apples, New York: Columbia University Press, 2001, édition révisée d’une traduction antérieure par le même traducteur : Drowning of an Old Cat and Other Stories, Bloomington: Indiana University Press, 1980.

[2] Ou fruits des yeux du dragon.

 

 

 

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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