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				Jin Yucheng : Essais et nouvelles
				   
				
				II. Les essais. Note 
				complémentaire 
				
				Deux essais sanwen non 
				traduits du recueil « Battre les cartes »《洗牌年代》 
				Par Zhang 
				Guochuan, 30 mars 2024 
				  
				Ces deux 
				essais sont différents de ceux traduits en français car ils 
				concernent des animaux. Ce sont cependant aussi des traits de 
				satire sociale et on y retrouve les caractéristiques 
				essentielles des sanwen de Jin Yucheng : une narration 
				faite de récits et d’anecdotes reliés très souvent par le 
				souvenir, et comme les souvenirs fondés sur la digression, l’un 
				en entraînant un autre.   
						
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							Battre les cartes Xipai niandai,  
							
							éd. 2021 (Shanghai sanlian) |  |  
					  
				1/ Les chats 
				dans la réalité《现实猫》 
				  
				Ce sanwen décrit 
				la réalité de la vie des chats et les relations entre eux et les 
				humains. L'auteur entame son récit en décrivant des actes de 
				cruauté commis envers les chats. Ils sont maltraités de diverses 
				manières : certains sont écrasés sur des rails, d'autres noyés, 
				forcés de manger des rats morts empoisonnés, voire écorchés pour 
				confectionner des vêtements ou des décorations. Certains sont 
				même cuisinés ou utilisés comme spécimens...  
				
				“在另一种时代心情的驱使下,人曾经把它塞进罪犯裤管里,一起鞭挞过堂。装进米袋,扔到铁轨上碾死。吊在法国梧桐上。沉到苏州河里,所谓“种荷花”之一。它们吃了死耗子,氰化钾中毒。嚼了诱饵,炸走脑袋。 
				
				困难年代,也时兴用它缝一件暖胃小背心,精心镶配棉鞋、棉袄的滚边。煲“龙虎斗”。副产品有“冰糖桂圆炖猫胞”。猫眼再如何的一汪秋水,如做标本,则要用两颗绿玻璃珠子来代替。” 
				  
				Ensuite, 
				l’auteur mentionne un récit de voyage qui décrit comment, au 
				moment d’abandonner leurs chats domestiques, les habitants de 
				Tokyo leur coupent la queue. A partir de là, il explore la 
				signification symbolique des ciseaux dans différents cas : la 
				coupure du cordon ombilical, des tresses à la fin de la dynastie 
				Qing, ou encore du col de chemise d'un condamné à mort. 
				Cependant, 
				l'auteur remet en question cette pratique en mentionnant la 
				découverte d’un autre récit indiquant l'existence de chats sans 
				queue à Tokyo et remettant en cause toutes ses réflexions 
				précédentes : 
				
				“需要说明的是:笔者在另一游记内发觉,东京有“无尾猫”猫种,并无“遗弃必须切尾”一说,东京人整鸡都不敢吃,剪从何谈起。笔者哑然。层层推测算白费了。” 
				  
				Le texte aborde 
				également le thème de la consommation de la viande de chat, en 
				décrivant une de ses voisines qui en cuisine et en mange 
				régulièrement :  
				
				“记得一位曾与笔者合用厨房的邻居——一位粤籍的上海中年妇女,大黑裤管,足趿广东彩漆厚底木拖板,靠在厨房的煤气灶旁边煲一只猫。她经常无所事事,边煲边吃,老火靓汤。热衷于揭锅观察窥视,到了时辰就在汤水里夹出一块猫肉,站倚着,肚皮挨住自家的厨桌,蘸一点老抽、蚝油就吃。眼神、心思,完全专注于口唇两腮的欲念,吮干净每块细骨头。然后,往返无事走动了一阵,再次绕回到汤煲面前,揭开盖子,夹出一块…… 
				
				在现场,她能这样来回花费一两个钟头,慢吞吞吃掉小半具猫。 
				
				也看过她在仔细清洗一头死猫,没头没尾的兔子大小的身体。不知是深夜亲自出面辛苦跋涉、自由搏击得来,还是相好者献奉的生日礼物。” 
				  
				Enfin, le 
				dernier segment du texte relate une histoire de compassion 
				envers un petit chat malade, pris en charge par le fils de 
				l'auteur et son amie. Le chat s'intègre progressivement à la 
				famille, mais tombe soudain malade. Malgré tous les efforts 
				déployés pour le sauver, le chat finit par succomber, laissant 
				ses soignants dans une profonde tristesse. Le texte se termine 
				sur cette phrase : 
				
				“很后悔当初没给小猫拍一个照片。”
				 
				Je regrette de 
				ne pas avoir pris de photo du petit chat. 
				  
				2/ Les menus 
				droits des chiens《狗权零碎》 
				  
				Ce texte 
				commence par décrire une scène vécue par l'auteur, une nuit 
				froide de printemps : un chien abandonné et trempé aboyait sans 
				relâche ; resté bien au chaud sous sa couette, l'auteur espérait 
				qu'une âme charitable viendrait délivrer le chien de sa 
				souffrance en mettant fin à ses jours : 
				
				“求哪位好心的宵小之徒,行行好,就现在,拿绳子套紧那狗脖子,往树上一吊一勒,结果了它吧,髁骨处深深拉上一刀,三分钟放净了血,烫了毛,镗个干净,卖给狗肉火锅店,也算是积了八辈子的德。我替这条丧门犬,生不如死的狗,深谢这位屠杀者。可惜它毛太厚,身条太小,杀不出几斤肉来。” 
				  
				Ensuite, 
				l'auteur raconte l'histoire d'une famille de paysans qui 
				l'invitait souvent à manger, et dont tous les membres sont 
				tombés malades et sont morts en l'espace d'un mois. Tout a 
				commencé lorsque leur cochon a été mordu par un chien sauvage. 
				Ils ont alors abattu le cochon et en ont préparé de nombreux 
				plats pour le Nouvel An. Peu après, tous ceux qui en ont mangé 
				ont contracté la rage et en sont morts. Ce passage se conclut 
				par cette observation : 
				
				狗是乱世之物,以上就是一例。 
				Les chiens sont 
				des fauteurs de troubles, ceci en est un exemple. 
				  
				Ensuite, 
				l'auteur relate les actes de cruauté envers les chiens : comment 
				on les bat, comment on les écorche pour préserver leur peau 
				intacte afin d'en faire des instruments de musique ou des 
				bateaux en peau, et comment on les cuisine. 
				Il enchaîne en 
				racontant l'histoire du chien de compagnie d'un ami, qui se 
				vante toujours que son chien ne mange que des morceaux de viande 
				d’agneau, et pourtant, tous ses amis ont remarqué que ce chien 
				« élégant » passe souvent son temps à savourer un morceau 
				d'excrément comme si c'était une glace, ce qui exaspère son 
				maître. 
				  
				Cette histoire 
				est suivie d'une autre concernant le chien de compagnie d'un ami 
				écrivain, en pleine période de chaleur. L'auteur ne comprend pas 
				que son ami ne fasse rien : c’est très ennuyeux, dit-il. 
				
				“这使我很不理解,养一宠物,不管自身如何完满或缺憾,理应包容它的一切,它的食和它的色,这才像回事,心里才安宁。等于你和一头永远饥饿着的狗在一起生活,你知道它分分钟的渴望,它外露无疑的痛苦与困惑,而你却在看肥皂剧,剔牙,吃猕猴桃,抽烟;这是很累意思,很没趣的事。” 
				  
				Ce souvenir qui 
				le gêne en entraîne un autre : dans la campagne, un paysan prend 
				plaisir à séparer deux chiens qui s'accouplent en coupant les 
				organes génitaux du chien. L’auteur ne supporte pas ce genre de 
				cruauté. 
				  
				Ce qui conduit 
				Jin Yucheng à la conclusion finale sur le bonheur des chiens, 
				qui a bien sûr sa part de symbolique : l’idéal de liberté des 
				chiens, c’est comme pour les dingos australiens, ils ne couchent 
				pas sur des édredons en duvet, ne montent ni en voiture ni en 
				bateau, mais ils peuvent courir en toute liberté, jouir du clair 
				de lune ou du lever du soleil, on ne les tire pas par le cou 
				avec une laisse, ils n’ont pas à faire de spectacles de chiens 
				savants, n’ont pas à renifler de drogue à l’aéroport ni à tirer 
				de fauteuil roulant ou accompagner des aveugles ; et quand ils 
				ont faim, ils peuvent se régaler de cochons morts ou de fumier… 
				la belle vie. 
				  
				
				“狗的自由目标,应该是“吃屎狗”无疑,最理想的终极目标是澳洲野狗,它们已回归到祖辈的自由中去,它们不再有牛奶、狗用香水和狗粮享受,不再能与主人肌肤相亲,同洗澡,同睡鸭绒被,坐汽车,坐船,但它们的自主,千金难买,它们可以自由跑上二十里,找一个自我的相好,就地野合,它们的一生,始终自得,自立自强,完全可以自我决定去欣赏月光,还是等太阳照常升起—也许它们夜夜笙歌,可以朝三暮四,攻城略地,打个头破血流,依旧痴心不改,实现自己的最朴素最散漫的所谓理想。这对狗来说,应该是最浪漫最“狗道”或“狗生”了。它们的脖子不被狗绳拉来拉去,不表演节目,不在飞机场嗅辨毒品,不被迫去咬人,不一辈子给盲人指路,牵拉主人的轮椅;它们不喜欢剪毛吹风,修剪指甲,吃药打虫,除虱治癣。虽有时它们会饿肚子,但也有大快朵颐,啃野鸡死猪,或者狂吃大粪的时候,这对它们来说,也许是一种最好的,小康的生活。” 
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