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Ling Dingnian 凌鼎年  

Présentation

par Brigitte Duzan, 3 juin 2019

 

Ling Dingnian est l’un des maîtres du courant de littérature de microfiction (微小说) ou de mini-nouvelles (小小说) qui s’est développé en Chine depuis le début des années 1990.

 

Tel qu’il se décrit, il apparaît presque comme un personnage de fiction. Ce que l’on sait de lui vient de sa micro-autobiographie (微自传), forme parfaitement adaptée à un maître de la microfiction. Elle ressemble à un recueil de mini-récits hauts en couleur et fait partie de l’ouvrage publié en novembre 2014 qu’il a lui-même édité : « Micro-autobiographies des auteurs de microfiction en langue chinoise du monde entier » (《世界华文微型小说作家微自传》).

 

Légendes familiales, legs du passé, poids du présent

 

On y apprend que, s’il est né en 1951 à Taicang dans le Jiangsu (江苏太仓), sa famille paternelle est originaire de

 

Ling Dingnian

Huzhou, dans le Zhejiang (浙江湖州). Il dit être le descendant du grand écrivain de la fin de la dynastie des Ming Ling Mengchu (凌蒙初). Son grand-père Ling Gongrui (凌公锐) était diplômé de l’université Waseda, au Japon, et a publié des ouvrages sur les institutions financières et l’histoire du monde.  

 

Ling Dingnian en 2011 lors d’un voyage d’étude

aux Etats-Unis (photo China Daily)

 

A la fin des années 1980, alors qu’il participe à un congrès d’écrivains dans le Sichuan, il rencontre un diseur de bonne aventure qui l’approche en lui disant qu’il ne le sait peut-être pas, mais qu’il n’est pas cent pour cent han… c’était un secret familial : selon son père, en effet, son arrière-grand-père était médecin à la cour des Qing ; pour avoir guéri un prince qui était alcoolique, on lui aurait donné en cadeau une princesse mandchoue. Est-ce qu’elle était de la famille régnante Aisin Gioro ? Cela reste un mystère car elle a été effacée de l’histoire familiale. Comment le

diseur de bonne aventure l’avait appris reste tout aussi énigmatique. Cela fait partie de la légende dorée de Ling Dingnian. 

 

 

Micro-autobiographies des auteurs de microfiction en langue chinoise du monde entier

 

 

Au début des années 1970, il a eu, dit-il, « à porter la croix des relations internationales » (背负海外关系十字架) du grand-père. Il est envoyé travailler dans une mine de charbon au bord du lac Weishan (微山湖畔的煤矿), dans le Shandong [1]. Il a été ouvrier puis enseignant et a écrit pour un journal local, mais il est resté vingt ans à Weishan. Il lui faudra longtemps pour se faire connaître.

 

Reconnaissance tardive, maître de la micro-nouvelle

 

Au début des années 1990, il est renvoyé à Taicang et se consacre à l’écriture. Il dit avoir commencé à écrire dans les années 1970 – il utilise le terme « grimper sur les carrés » (爬格子), expression imagée (également utilisée pour les partitions musicales) qui évoque le lettré traçant ses caractères sur le papier quadrillé traditionnel. C’est un exemple de son style.

 

Une feuille de papier avec les carrés

pour la calligraphie des caractères

  

28 conférences sur la mini-fiction,

par Ling Dingnian

 

Après avoir écrit de la poésie et des essais, il se spécialise dans le récit court. Ce sont des histoires inspirées de ses observations de la vie autour de lui, avec un grand sens de la couleur locale et de la psychologie de ses personnages. On ne peut exclure l’influence de son ancêtre Ling Menchu, maître de la forme courte en son temps avec son contemporain Feng Menglong (冯夢龙).

 

Ling Dingnian entre en 1994 à l’Association des écrivains chinois. La période est celle du développement du roman néo-réaliste, mais ses courts récits deviennent aussi populaires. Ils sont particulièrement prisés car ils ont un langage et un style adaptés au thème de chaque histoire si bien que chaque nouvelle se distingue des autres. Alors que beaucoup de mini-nouvelles sont publiées dans des anthologies d’auteurs divers, Ling Dingnian est l’un des rares à publier des recueils regroupant uniquement ses propres histoires, regroupées sous des thèmes variés.

 

Lauréat de nombreux prix de toutes sortes, il est extrêmement actif pour étudier et promouvoir le genre de la microfiction. Il est président de nombreuses sociétés d’études et de recherches, dont l’Association mondiale de recherche sur la mini-nouvelle de langue chinoise créée en 1999 (世界华文微型小说研究会). Il est d’ailleurs aussi vice-président.de l’Association chinoise de création de mini-films. Mais il est également un ardent défenseur et promoteur de la culture locale de Taicang sur laquelle il a écrit plusieurs ouvrages.

 

Il est aussi célèbre dans le monde de la diaspora chinoise qu’en Chine même. Le plus bel éloge qui lui a été décerné est celui du professeur Shi Zhanjun (施战军), rédacteur en chef de la revue « Littérature du peuple » (《人民文学》), qui a dit : « Selon moi, Ling Dingnian est à la microfiction ce que Li Bai est à la poésie Tang ». (在我感觉里,凌鼎年与微型小说的关系,相当于李白与唐诗的关系).

 

China Microfiction Collection – Dingnian’s

 


 

Traductions en anglais

 

- China Microfiction Collection – Dingnian’s, recueil de 101 micro-récits incluant des réflexions sur le bouddhisme et des anecdotes, tr. Zhang Baihua (张白桦), KF Times Group (Canada), 2017

- Our Colourful World, recueil bilingue chinois-anglais, trad. Zheng Susu (郑苏苏), Dixie W Publishing (Montgomery, Alabama), février 2019, 447 p.

Voir extraits en ligne, dont la table des matières :

https://www.amazon.com/Our-Colourful-World-Chinese-English-Mini-Novels/dp/1683721837

 

- La mini-nouvelle Tea Scum (茶垢), in Loud Sparrows, Contemporary Chinese Short-Shorts, selected and translated by Aili Mu, Julie Chiu and Howard Goldblatt, Columbia University Press, 2006, pp. 183-185

 


 

A lire en complément 

Le dépôt dans la théière 茶垢

Micronouvelle originellement publiée dans le Journal des mines de charbon de Chine (中国煤炭报) le 8 novembre 1988.

 


[1] Il s’agit de la mine de Gaozhuang, qui se trouve sous le lac Weishan, au sud-ouest du Shandong, qui est par ailleurs une réserve naturelle.

 

 

 
     

 

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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