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Shen Dacheng 沈大成

Présentation

par Brigitte Duzan, 6 juillet 2020

 

Née à Shanghai en 1977, Shen Dacheng est romancière, auteure de nouvelles, et rédactrice de revues littéraires. Nouvelle venue dans les cercles littéraires chinois, elle est aussi étrange que les personnages de ses nouvelles.

 

Bien qu’elle reconnaisse y avoir puisé une part d’inspiration, elle se défend d’écrire de la science-fiction dystopique. Son style est plutôt d’un réalisme étrange, reflétant une réalité tordue, un monde à la Dali [1], où le réel est

 

Shen Dacheng

comme l’image d’un miroir déformant, qui n’est autre que le filtre de son imagination.  

 

Du marketing à la presse

 

De son vrai nom Xu Xiaoqian (徐晓倩), Shen Dacheng est diplômée en management industriel de l’Université de Shanghai (上海大学工业管理专业) et a travaillé dans le marketing pendant dix ans. Elle aime la littérature latino-américaine et s’est passionnée pour García Márquez bien sûr, mais aussi pour le Chilien Roberto Bolaño, et en particulier son « 2666 » [2]. Mais elle dit n’avoir jamais pensé écrire, ni quand elle était étudiante ni après.

 

Mais finalement, en 2003, à cause de l’épidémie du SRAS, sa société a proposé au personnel soit d’être licencié soit d’accepter une sévère diminution de salaire. C’est alors qu’elle commencé à écrire des nouvelles, pour le journal « Shanghai Weekly » (《上海壹周》), écrivant une nouvelle de 800 caractères chaque semaine ou tous les quinze jours. Quelques années plus tard, elle est devenue rédactrice du journal, puis elle est passée à la rédaction de la revue « Le Monde de la fiction » (《小说界》).

 

Ecriture de nouvelles

 

Shen Dacheng : des pâtisseries…

 

Shen Dacheng s’est inspirée pour son nom de plume d’une célèbre fabrique de pâtisseries de Shanghai – ses récits : des sucreries qui fondent dans la bouche ? Pas vraiment.

 

Elle dit partir du monde dans lequel elle vit, mais en y ajoutant quelques distorsions qui rompent l’ordre établi et créent des vides par où s’insinue une autre réalité. Elle dit encore qu’il suffit d’une infime déviation, quelque-chose comme cinq degrés, pour qu’une histoire puisse commencer [3].

 

Elle a publié une première (micro)nouvelle dans le « Shanghai Weekly » en 2005 : « Les cendres du temps »

(《时间的灰》) qui déjà porte la marque de son imaginaire. Elle y décrit une petite boutique qui vend des cendres datées d’années différentes ; ces cendres ont conservé le parfum de leur année d’origine et les gens qui les achètent peuvent ainsi se replonger dans l’atmosphère d’une époque passée, suggérée par son odeur comme la madeleine de Proust, en quelque sorte. 

 

Son premier recueil de nouvelles, « Ceux dont on se souvient » (《屡次想起的人》), est sorti en 2017. En 2018, elle a inauguré une chronique intitulée « Personnages étranges » (《奇怪的人》) dans la revue Mengya (《萌芽》).

 

Ceux dont on se souvient
(The Ones in Remembrance)

 

Les Astéroïdes tombent l’après-midi

 

Au moment de l’épidémie de coronavirus, début 2020, sa nouvelle « La Jeune fille en boîte » (《盒人小姐》), publiée en 2018, s’est trouvée particulièrement d’actualité. L’histoire se situe en effet dans une ville anonyme, en un temps où sévit un virus redoutable en constante mutation contre lequel la médecine est impuissante. Il faut donc vivre avec. La partie modeste de la population est soumise dans ses déplacements quotidiens à aspersions de désinfectant et prises de sang obligatoires, les personnes testées positives étant arrêtées et promises à un sort incertain ; la population plus aisée, quant à elle, vit dans des sortes de carapaces protectrices transparentes, implantées sur leur corps, qui les isolent du monde extérieur.

 

Début 2020, elle a publié un nouveau recueil, « Les Astéroïdes tombent l’après-midi » (小行星掉在下午》), comportant seize nouvelles.

 

Anthologies

 

Par ailleurs, en 2009, Shen Dacheng a participé à une anthologie avec trois autres écrivaines de Shanghai de la même génération et qui ont à peu près le même profil qu’elles (elles travaillent aussi dans des revues à un titre ou un autre) : Qiao Mai (荞麦) née en 1981, Chen Wenwen (陈问问) née en 1979, et Xiang Siwei (项斯微) née en 1982. Le recueil est intitulé « Un quart de voyage en rêve » (梦的1/4旅行). Il regroupe des récits qui sont la description de rêves et d’absurdités de la vie.

 

En 2012, elle a contribué à une autre anthologie de nouvelles de Shanghai, cette fois avec sa collègue Zhou Jianing (周嘉宁) : « Ne pas démolir » (《不拆》). Ce sont des histoires autour de démolitions de maisons dont le souvenir ne s’efface pas pour autant.

 

Un quart de voyage en rêve

 

Sa page weibo : https://www.weibo.com/shendozen?is_all=1

 


 

Traduction en français

 

- La Jeune fille en boîte, trad. Lucie Modde, Jentayu numéro spécial Covid19, sur les thèmes de l’épidémie et du confinement, juillet 2020, pp. 149-165.

 


 

Traduction en anglais

 

- The Novelist in the Attic 阁楼小说家, trad. Jack Hargreaves, in The Book of Shanghai, Comma Press, April 2020. C’est la première nouvelle du recueil « Ceux dont on se souvient ».

 

 


[1] Selon le journaliste Mao Yijun : https://www.sohu.com/a/375876927_220095

[2] Roman inachevé, écrit alors que Bolaño était en attente d’une greffe du foie, et publié à titre posthume en 2004.

[3] Voir l’article de Mao Yijun.

 

 

     

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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