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Sun Pin 孙频

Présentation

 par Brigitte Duzan, 26 mars 2023, actualisé 22 mai 2024

 

 

Sun Pin

 

 

Sun Pin (孙频) fait partie de la génération des auteurs chinois dits « post’80 » arrivés à maturité à la fin des années 2010. Elle écrit surtout des novellas (zhongpian xhiaoshuo 中篇小说). Son recueil paru en 2018, « Dîner nocturne dans la forêt de pins » (《松林夜宴图》), a été le lauréat du prix littéraire Yu Dafu (郁达夫小说奖). En 2021, elle a été couronnée du prix « Écrivain.e du futur » (未来文学家).

 

 

Dîner nocturne dans une forêt de pins, 2018

 

 

Née en 1983 dans le Shanxi, elle a un diplôme de littérature chinoise de l’université de Lanzhou (dans le Gansu). Mais elle n’a commencé à écrire qu’en 2008, à l’âge de 25 ans, avec, déjà, une grande maturité.

 

L’univers de ses récits est peuplé de personnages sans éclat, voire défavorisés, mais dont elle dresse des portraits attachants, aux marges du surréel. Son recueil de nouvelles publié en juin 2016, « Pain » (《疼》), en est un bel exemple. Ces récits semblent dresser un catalogue de maladies étranges, dont les souffrances sont le plus souvent auto-infligées voire imaginées, mais qui ne sont finalement, sous sa plume, qu’un aspect des complexités de la nature humaine. 

 

 

Pain, rééd. déc. 2022

 

 

C’est le cas de l’une des nouvelles du recueil, qui a été traduite pour le numéro 6 (2016) de la revue Chinese Arts and Letters sous le titre « Shadow » (《相生》), mais qui signifie littéralement « auto-génération ». Sun Pin y conte l’histoire du dernier né d’une famille de six personnes, tous malades mentaux sauf lui. Il commence à travailler dès l’âge de douze ans pour pouvoir payer des soins psychiatriques à ses sœurs et à ses parents, jusqu’au jour où, à l’âge de 25 ans, il décide de vivre un peu pour lui-même : il s’achète un appareil photo, et, convaincu par ses lectures et les statistiques que ses gènes de fou le prédisposent à devenir un génie, il entreprend d’en devenir un, un génie de la photo… mais, n’y parvenant pas, dans une parfaite logique, il devient fou.

 

Le recueil a été un incroyable succès de librairie : il s’en est vendu 150,000 exemplaires. Succès qui a incité Sun Pin à poursuivre. En août 2017, sous le titre « Sel » (), est sori une sélection de six de ses meilleurs zhongpian initialement publiés en revues au cours des dix années précédentes.

 

 

Sel, 2017

 

 

En avril 2018, elle publie un recueil de trois novellas, « Dîner nocturne dans une forêt de pins » (《松林夜宴图》), « Jours superbes »  (《光辉岁月》) et « La nuit des monstres » (《万兽之夜》), trois récits qui relatent, d’un point de vue féminin, les combats et amères expériences de différents artistes de deux générations différentes.

 

Il est suivi de deux autres recueils : « Requins au milieu de l’eau » (《鲛在水中央》) en 2019 et, l’année suivante, « Au nom des oiseaux et des bêtes » (《以鸟兽之名》) qui est finaliste du prix Blancpain-Imaginist 2021. Le premier est à nouveau un recueil de trois novellas : outre « Requins », « Poème des sphères célestes » (天体之) et « Le marin parti pour l’Australie » (去往澳大利亚的水). Sun Pin y décrit des individus aux destins différents, mais qui ont une même manière de se poser des questions sur leur sort, et la vie en général, sans l’accepter.

 

 

Requins au milieu de l’eau, 2019

 

 

 

Au nom des oiseaux et des bêtes, 2021

 

 

En août 2020, son recueil « Partis à dos de baleine » (《我们骑鲸而去》) a une table des matières originale, en trois parties, comportant la nouvelle du titre et des commentaires la concernant, puis deux autres nouvelles courtes – « Le général des chats » (猫将军) et « Le balcon » (阳台上)[1] – et enfin une interview.

 

 

Partis à dos de baleine, 2020

 

 

En février 2023, une novella d’elle intitulée « Le cavalier monté sur un cheval blanc » (骑白马者) ouvre le recueil collectif « Calme et sans contrainte » (《寂静与逍遥》) qui regroupe cinq novellas et cinq nouvelles courtes de dix auteurs différents, dont, outre elle-même, Luo Weizhang (罗伟章), Ban Yu (班宇), Zhu Wenying (朱文颖 ) et Jin Renshun (金仁顺).

  

La novella de Sun Pin dégage une atmosphère caractéristique, de réalité hantée par le passé, comme en témoigne l’extrait suivant :

我在废墟一般的度假山庄里游荡了半日,仿佛在梦游,我曾经熟悉的宿舍、厂房、熏窑、食堂,连一点痕迹都没有留下,好像他们只是我的一个梦境,从来就不曾真实存在过,但分明的我每踩下去一脚,都有一种心惊胆战的感觉,好像踩在了他们的尸骨上面,我走的步履蹒跚,像一场战争之后唯一剩下的幸存者。

Je me suis promené une partie de la journée, comme en songe parcourant des ruines, dans cette résidence de vacances où ne restait pas la moindre trace du dortoir, de l’usine, du four ni de la cantine qui m’étaient familiers, comme s’ils n’avaient jamais existé que dans mes rêves. Pourtant, à chacun de mes pas, je ressentais une terreur très palpable, comme si je marchais sur leurs cadavres ; j’avançais ainsi d’un pas incertain, tel l’unique survivant d’un champ de bataille.

 

C’est une atmosphère semblable, un malaise, voire une sorte de terreur latente engendrée par un passé qui ne cesse de revenir hanter les vivants, que l’on retrouve dans son autre zhongpian : « Le monstre au fond de l’eau » (《鲛在水中央》), en cours de traduction pour l’Asiathèque.

 


 

Traductions en anglais

 

- Shadow (Xiang Sheng相生), trad. Luisetta Mudie, Chinese Arts and Letters n° 6 (2016).

Traduction à lire en ligne :

- Balcony (阳台上), trad. Jesse Young, The World of Chinese, Jan. 2, 2022

 


 

Traduction en français

 

- Le monstre au fond de l’eau (《鲛在水中央》), trad. Brigitte Duzan et Zhang Guochuan, L’Asiathèque (coll. « Novellas de Chine »), courant 2025.

 


 


[1] Nouvelle traduite en anglais « Balcony » publiée dans The World of Chinese.

 

     

 

 

 

 

     

 

 

 

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