Histoire littéraire

 
 
 
        

 

 

Brève histoire du wuxia xiaoshuo

V. Renaissance du wuxia xiaoshuo sous les Qing

        V.3a L’invention d’une héroïne : Lin Siniang

par Brigitte Duzan, 31 juillet 2015     

 

Au chapitre 78 du Hongloumeng ou « Rêve dans le pavillon rouge » (《红楼梦》), on trouve, rapportée au cours d’une réunion littéraire entre amis, l’histoire tragique d’une héroïne martiale du début de la dynastie des Qing : Lin Siniang (林四娘).

 

Or, une Lin Siniang apparaît aussi dans les « Contes du Liaozhai » (《聊斋志异》) de Pu Songling (蒲松龄) et dans plusieurs autres récits de la même époque, mais ce n’est pas une glorieuse héroïne morte en ferraillant : c’est un fantôme mélancolique revenant hanter les ruines de son passé, dans la ligne des « contes de l’étrange » prisés des lettrés chinois à la fin du 17ème siècle.

 

C’est bien la même Lin Siniang, les détails biographiques concordent ; mais elle n’est pas envisagée dans la même optique. Comment est-on passé, en un peu moins d’un siècle, de la poétesse fantôme à l’héroïne martiale ?

 

Lin Siniang dans le « Rêve dans le pavillon rouge »

 

C’est au chapitre 78 que le vieux Jia Zheng (贾政) raconte l’histoire de Lin Siniang à ses deux fils, Jia Huan (贾环) et Jia Lan (贾兰), et à son petit-fils Jia Baoyu (宝玉) pour qu’ils écrivent chacun un poème sur ce sujet digne d’être noté pour la postérité. 

 

Le récit de Jia Zheng

 

Sous la dynastie des Ming, en 1499, raconte-t-il, le prince Heng () fut nommé responsable de la sécurité de Qingzhou (青州), dans l’actuel Shandong ; pour satisfaire en même temps sa double passion pour les femmes et les arts

 

Lin Siniang dans le Hongloumeng

martiaux, il forma une troupe de femmes (娘子军) qu’il fit s’exercer régulièrement.

   

Parmi ces femmes, il y en avait une du nom de Lin, nommée Siniang ou « la quatrième » en raison de son rang, d’une beauté sans égale, et renommée pour ses talents martiaux, qu’elle avait commencé à apprendre très jeune avec son père. Celui-ci ayant été jeté en prison et sa mère étant morte peu après, n’ayant d’autres ressources, elle était entrée dans une maison close.

 

La voyant un jour s’entraîner aux arts martiaux qu’elle continuait de pratiquer, touché par sa beauté et ses talents, le prince Heng la prit pour concubine, en la nommant chef de sa troupe féminine avec le titre de général : elle devint « l’adorable général » (guǐhuà jiāngjūn 姽婳将军).

 

Or, l’année qui suivit la prise de fonction du prince à Qingzhou, une horde de brigands vint dévaster et piller toute la province du Shandong. Méprisant cette engeance et ne leur accordant que peu de crédit, le prince crut suffisant de partir à la tête d’une légère escorte de cavalerie. Les bandits décimèrent la petite troupe, le prince fut vaincu et tué, ce qui sema la panique parmi les autorités, tant civiles que militaires, de Qinzhou et parmi la population.

 

Alors, à la tête sa troupe de femmes, Lin Siniang partit venger le prince et défendre la ville. Elle fut victorieuse car elle réussit à décapiter le chef des bandits, mais ce fut au prix de sa vie, et de celle de toute sa troupe. Les rebelles furent plus tard soumis par l’armée impériale, mobilisée et stimulée par l’héroïsme de ces femmes [1].

 

Un récit devenu célèbre

 

Illustration de Lin Siniang (guǐhuà jiāngjūn) dans une édition du Hongloumeng

 

Dans le chapitre 78 du roman, le récit se situe dans le contexte d’une réunion littéraire entre amis, dans la demeure des Jia, et l’objet de la réunion est d’immortaliser par des poèmes le souvenir de l’héroïne Lin Siniang dont Jia Zheng vient de lire l’histoire. Tandis qu’il parle, l’un des lettrés présent a été chargé de prendre son pinceau pour noter fidèlement son récit, sa transcription devant servir de préface aux poèmes. Le reste de la réunion consiste ensuite en critiques et commentaires des poèmes composés.

 

Celui qui restera dans les annales est celui de Baoyu, l’ode à « l’adorable général », guǐhuàci (诡画词). Or, peu auparavant dans le même chapitre, Baoyu a appris la mort de la jeune servante Qingwen qu’il aimait. Il n’a pas eu le temps d’aller se recueillir devant son cercueil, son grand-père l’ayant fait appeler. C’est au sortir de la réunion, et après avoir composé l’ode à la mémoire de Lin Siniang, qu’il passe devant l’étang aux lotus associé à la mémoire de Qingwen, et qu’il compose

alors une élégie qui exprime toute sa douleur, l’« élégie à une fleur de lotus » (fúrónglěi 芙蓉诔).

  

Les deux poèmes sont liés et se répondent. Si l’ode est si belle, c’est qu’elle reflète indirectement l’affliction de Baoyu qui vient d’apprendre la mort de Qingwen, l’ombre de celle-ci venant planer sur l’évocation de Lin Siniang. C’est ce que traduit l’intitulé du chapitre :

老学士闲征诡画词痴公子杜撰芙蓉诔

« Le vieux lettré à un moment de loisir demande une ode à la belle héroïne,

Le jeune garçon fou d’amour compose une élégie à la fleur de lotus »

 

Il est certain que c’est la beauté de ce texte qui a ensuite immortalisé Lin Siniang en héroïne martiale mourant l’arme à la main. C’est ce personnage héroïque qui a inspiré des opéras et qui est resté dans les mémoires. Par la grâce du talent de Cao Xueqin (曹雪芹), il est venu éclipser l’image délicate du fantôme mélancolique des contes de Pu Songling et de ses contemporains.

 

Lin Siniang dans les contes de la fin du seizième siècle 

 

Lin Siniang était toute autre auparavant, dans les « Contes du Liaozhai », dans les contes analogues de Wang Shizhen (王士祯) et dans plusieurs autres récits de la même période, qui présentent des versions légèrement différentes de la même histoire [2]. C’est la plus célèbre histoire de fantôme du début de la période Qing.

 

Lin Siniang dans les Contes du Liaozhai

 

« Lin Siniang » (《林四娘》) est le 40ème récit du second volume des « Contes de l’étrange » de Pu Songling (蒲松龄) [3]. Il se situe dans le Shandong, au lendemain de la chute de la dynastie des Ming.

 

Pu Songling présente son personnage principal en neuf caractères : « Chen Baoyao, originaire du Fujian, était intendant à Qingzhou. » (青州道陈公宝钥,闽人。). Et introduit tout de suite l’histoire, en neuf autres caractères : « Une nuit qu’il était assis seul, une jeune fille entra en soulevant la tenture. » (夜独坐,有女子搴帏入。) Onze caractère supplémentaires complètent le tableau : « Il la regarda : elle lui était inconnue, mais d’une grande beauté, vêtue d’une robe de cour à longues manches. » (视之,不识;而艳绝,长袖宫装。

 

C’est à la fois des plus concis et très précis, visuellement même. La nouvelle venue lui propose tout de suite de lui tenir compagnie, il la soupçonne d’être une revenante, mais elle est d’une élégance telle et d’une conversation si raffinée qu’il n’en a cure, il finit par céder à ses charmes. Elle part au chant du coq après lui avoir juste révélé son nom, Lin Siniang, et son âge, vingt ans.

 

Lin Siniang, la revenante

 

Elle revient ensuite toutes les nuits, et lui dévoile peu à peu ses talents musicaux, en lui chantant des airs de pays lointains d’une grande tristesse, reflets de son âme. Les chants attirent toute la maisonnée, y compris, un jour, la femme de Chen Baoyao qui, prise de panique à l’idée d’avoir affaire à une revenante, presse son mari de rompre, mais en vain.

 

Lin Siniang finit par lui raconter qu’elle est « une ancienne femme du palais du prince Heng, morte accidentellement dans sa dix-septième année » (“妾衡府宫人也。遭难而死,十七年矣。). Elle lui affirme être venue par admiration pour lui, et prête à repartir s’il doute de ses bonnes intentions… ce qui n’est évidemment pas le cas. Elle continue à lui raconter ses souvenirs, en pleurant parfois, discute de poésie avec lui, et se lève la nuit pour réciter des soutras.

 

Trois ans plus tard, elle vient lui faire tristement ses adieux car ses prières lui ont valu d’être envoyée renaître dans une autre famille. Elle passe ensuite la nuit à boire avec lui, en chantant tout en étouffant ses pleurs. Puis, à l’aube, au moment de partir, lui laisse un poème qu’elle a écrit pour lui.

 

Elle sort alors « en se cachant le visage derrière sa manche » (掩袖而出), et, accompagnée jusqu’à la porte par Chen Yaobao, « s’évanouit soudain à ses yeux » (湮然没) [4].

 

L’entrée du palais du prince Heng à Qingzhou aujourd’hui

 

C’est un superbe texte, écrit dans un style d’une concision aussi subtile qu’un poème Tang, qui suggère plus qu’il ne raconte. C’est en filigrane que l’on voit se dessiner le contexte de l’histoire : les troubles de la fin de la dynastie des Ming (évoqués en deux caractères : zāonàn 遭难), le palais du prince Heng où elle vivait, au milieu des dames de la cour, et sa mort à dix-sept ans, mais sans que la raison exacte en soit expliquée – et certainement pas un quelconque combat.

 

Dans ce récit, Lin Siniang n’est pas une héroïque combattante formée aux arts martiaux par son père et devenue général en dentelles. Chez Pu Songling, elle est une de ces femmes de cour cultivées à l’ancienne, dont le domaine était le chant et la poésie, et non les armes [5].

 

L’histoire, ses variantes et ses thèmes

 

Si l’histoire se passe dans le Shandong, c’est pour une raison d’affinité géographique des auteurs. Mais Qingzhou avait en soi de quoi nourrir l’imagination des lettrés au début des Qing : la ville était alors le site des ruines du palais du prince Heng. Septième fils de l’empereur Ming Chenghua (成化), le premier prince Heng, avait, avec son titre, reçu le fief de Qingzhou en 1487 et, en 1499, s’était fait bâtir ce palais dans le quartier de Yidu (益都), selon le modèle d’une résidence princière de Pékin, et il était devenu le siège du gouvernement de Qingzhou,

 

Au moment de la chute de la dynastie des Ming, en 1644, le dernier prince fut emmené captif et exécuté, et le palais détruit. Il n’en resta plus que des ruines qui ont inspiré les loyalistes Ming du Shandong au début des Qing. Elles n’ont jamais été totalement rasées, mais il n’en reste plus aujourd’hui que l’entrée de pierre superbement sculptée, préservée dans un parc de Qingzhou.

 

On trouve pas moins de six récits contant l’histoire du fantôme de Lin Siniang datant de la fin du 17ème siècle, ce qui montre à quel point l’histoire était sensible pour les écrivains, les éditeurs et les lecteurs du milieu de l’ère Kangxi (1662-1700). Outre celui de Pu Songling, deux autres récits sont très connus : l’un de son contemporain et voisin au

 

Le recueil de Lin Yunming

Shandong, Wang Shizhen (王士祯), auteur d’un recueil de récits proches de ceux du Liaozhai [6], et l’autre, « Chronique de Lin Siniang » (《林四娘记》)… d’un ami du précédent, Lin Yunming (林云铭).

  

Lin Yunming est le seul à ne pas avoir été originaire du Shandong, il était du Fujian, comme Chen Baoyao. Mais il a passé le degré jinshi (进士) – le plus élevé - des examens mandarinaux en 1658, en même temps que Wang Shizhen ; ils se sont rencontrés à cette occasion et ont conservé des liens étroits d’amitié. Le récit de Lin Yunming est le seul où le fantôme n’est pas une femme du palais, mais une fille talentueuse de bonne famille ; c’est aussi la seule version qui ne comporte pas de poème, et la seule qui soit dépourvue de sentiments loyalistes. Par ailleurs, le récit de Lin Yunming a la particularité de se présenter comme authentique, lui ayant été rapporté directement par Chen Baoyao, originaire comme lui du Fujian, vers 1667-1668 [7].

 

A part quelques exceptions marginales de ce genre, tous les récits s’accordent sur trois points fondamentaux : la date et l’endroit où se passe l’histoire, et les identités des deux personnages – le fantôme d’une jeune femme belle et talentueuse appelée Lin Siniang, revenue hanter un jeune fonctionnaire nommé Chen Baoyao (陈宝钥), après sa prise de fonction à Qingzhou (青州) au début des années 1660, environ vingt ans après la fin du règne des Ming au Shandong,

 

Il s’agit d’une période où les souvenirs des violences ayant marqué la chute de la dynastie ont été ravivés par de nouveaux troubles : d’une part, en 1661, la rébellion de Yu Qi (于七) contre le pouvoir mandchou dans le nord du Shandong, qui fut brutalement réprimée en 1662 [8] ; et d’autre part la nouvelle de la suppression du dernier bastion des Ming dans le sud en 1662, et l’exécution en juin, en Birmanie où il s’était enfui, de Zhu Youlang (朱由榔), l’empereur Yongli (永历帝), dernier prétendant Ming au trône. Le pouvoir des Qing était stabilisé.

 

C’était le premier poste de Chen Baoyao qui avait été nommé assistant du commissaire chargé de la surveillance du circuit d’une nouvelle division de défense maritime et militaire dontles bureaux étaient situés au siège du gouvernement préfectoral, à Yidu, non loin du palais du prince Heng. Cette proximité des bureaux et du palais est cruciale dans la naissance de la légende de Lin Siniang, identifiée comme une femme au service du palais dans la plupart des récits.

 

Cultivée, formée à la vie de courtisane, elle exprime par la poésie et le chant ses lamentations sur le monde qu’elle a perdu. Contrairement à l’héroïne du Hongloumeng, c’est ici un personnage nostalgique et mélancolique. Sa mort est directement associée aux guerres de transition dynastique, la triste réalité de l’époque étant déguisée sous des dehorsromantiques esthétisants.

 

Comment la nostalgique survivante fantomatique d’une époque révolue a-t-elle pu devenir l’héroïne martiale du « Rêve dans le pavillon rouge » ?

 

Du fantôme à l’héroïne : réécriture hagiographique de l’histoire

 

C’est le contexte qui a amené Jia Zheng à demander le poème qui éclaire sur ses motivations véritables, et sur la nature du récit qui ressort du chapitre. Jia Zheng explique les circonstances officielles dans lesquelles il a pris connaissance de l’histoire quand celui qui vient de transcrire son récit lui tend son texte.

 

Tout vient d’un décret impérial qui a été promulgué pour demander aux services concernés de rechercher dans les archives dynastiques des cas de mérites exceptionnels dignes d’être notés pour la postérité. Un bref rapport devait être envoyé au Bureau des rites. L’histoire de Lin Siniang rapportée par Jia Zheng provenait du rapport envoyé par son propre département, qui suggérait l’idée d’un poème commémorant « l’héroïque loyauté » de Lin Siniang.

 

Le Furenji (Sur les femmes) de Chen Weisong 陈维崧

(Lin Siniang apparaît dans une préface)

 

Il n’y pas « retour du fantôme », c’est ce qu’il faut au contraire éviter, mais institutionnalisation de la mémoire par la machine bureaucratique impériale, excluant toute faille dans le système qui permettrait à des esprits errants de la dynastie précédente de revenir hanter les vivants.

 

On a bien affaire au même personnage, mais considéré dans deux optiques différentes, et à deux points différents de sa vie. Les récits du siècle précédents mettent l’accent sur la nostalgie de la dynastie disparue, exprimée par une revenante qui en a vécu les derniers moments. Ses faits d’armes éventuels ne sont pas l’important dans cette optique, ni la manière dont elle est morte.

 

A la fin du 18ème siècle (le roman est publié en 1791), le récit du Hongloumeng montre le processus de réécriture officielle de l’histoire passant par la canonisation d’une martyre plus ou moins obscure qui s’est sacrifiée pour mettre fin aux derniers sursauts de révolte contre la dynastie nouvelle, lui permettant ainsi de consolider son pouvoir.

 

Il faut noter ici que Lin Siniang n’est pas une nüxia au sens strict du terme : la nüxia mène un combat individuel, très souvent de vengeance personnelle, comme la Xia Nü de Pu Songling ; or, si Lin Siniang a voulu venger le prince Heng, elle a surtout voulu défendre la ville et ses habitants. La Lin Siniang du récit de Jia Zheng est plutôt à rapprocher des grandes figures de combattantes, des guerrières au service d’un souverain, souvent pour le compte d’un père ou d’un mari, comme les femmes générales légendaires. Elle est héroïne et non vraiment nüxia : la nüxia reste un élément éminemment individualiste, et par là-même dangereux, qui n’entre pas dans les hagiographies officielles. La nüxia fait rêver si la combattante est un exemple. Or Lin Siniang fait rêver.

 

Il reste donc qu’elle a les caractéristiques initiales de la nüxia, formée aux arts martiaux dès son plus jeune âge, et continuant à s’entraîner ensuite. C’est l’héroïne, immortalisée par le poème de Jia Baiyu, qui est restée la plus célèbre, et a inspiré les dramaturges et librettistes d’opéra, mais sous un aspect de nüxia classique. Elle est ainsi, entre autres, l’un des grands rôles de Shang Xiaoyun (尚小云), l’un des quatre grands dan du 20ème siècle (1900-1976).

 

Mais il avait d’abord étudié les rôles de wusheng (武生), dont il a conservé l’aspect martial et énergique dans ses rôles de dan ; il a créé Lin Siniang (林四娘) en 1928, et on en conserve l’image, maniant l’épée, qui rappelle beaucoup les nüxia des Tang et leurs incarnations à l’opéra :

 

Lin Siniang par Shang Xiaoyun (5’55/8.37)

 

 

Eléments bibliographiques

 

- The Phantom Heroine : Ghosts and Gender in Seventeenth-Century Chinese Literature, Judith T. Zeitlin, University of Hawai‘i Press 2007 (chapitre3 : Ghosts and Historical Times)

- Etude (en chinois) sur les différentes versions de Lin Siniang, et comparaison avec Lü Siniang

http://culture.people.com.cn/GB/40479/40481/13180181.html

 

 


 


[1] Lin Siniang est un personnage historique : elleserait née en 1629, à la fin de la dynastie des Ming, dans une famille pauvre de militaires, et serait morte en septembre 1646, à l’âge de dix-sept ans.

[2] Dans le chapitre 3 (Ghosts and Historical Times) de son ouvrage de référence, « The Phantom Heroine » (voir bibliographie ci-dessous), Judith T. Zeitlin en dénombre six, dont quatre constituent les principales variantes.

[3] Le texte chinois : http://www.my285.com/gdwx/lzzy/084.htm

Traduit « Poème de revenante » par André Levy, Contes de l’étrange, Philippe Picquier 1996, dernier des contes traduits, p. 559 (édition de poche).

[4] Double image : celle de l’actrice d’opéra concluant une scène dramatique d’adieux, et celle de la nüxia disparaissant soudain à la fin d’un chuanqi.

[5] Les armes deviendront une mode chez les femmes lettrées comme signe d’émancipation, mais bien plus tard. Voir Qiu Jin (《秋瑾》) : à venir….

[6] Le Chibei outan ou « Bavardages au nord de l’étang » (《池北偶谈》) qui comporte aussi un récit de nüxia très original, voir : V.2a Les Contes du Liaozhai de Pu Songling et l’image de la nüxia

[7] Il a en fait publié lui-même plusieurs versions différentes, dont l’une commence par présenter le fantôme sous les traits d’un monstre effrayant que Chen Yaobao veut éliminer, puis, quand un visiteur fait remarquer au spectre qu’au lieu de terrifier tout le monde, elle ferait mieux de se présenter sous des dehors plus amènes, elle se change en la jolie femme des autres versions. Subtilité supplémentaire qui assimile l’histoire à la pacification du territoire par le nouvel intendant, après sa prise de fonction, menée par la clémence plutôt que les représailles.

[8] Yu Xiaoxi (于小喜), dit Yu le Septième (于七) [1609-1702], fomenta une première rébellion au Shandong en 1648, puis une seconde en 1661, qui fut écrasée dans le sang l’année suivante. C’est la même rébellion dont il est question dans un autre conte du Liaozhai, qui se passe juste après : « Gongsun Jiuniang » (《公孙九娘》). Il rend compte indirectement de la dureté de la répression en relatant le « mariage » dans le royaume des ombres de l’héroïne du titre avec un lettré auquel elle fait promettre de lui donner une sépulture convenable. Quand il revient dans le monde des humains, le lettré tente de remplir sa promesse, mais il se perd au milieu de milliers de tombes sans inscriptions sans pouvoir trouver la bonne…

 

 

    

    

    

          

         

         

 

 

 

 

     

 

 

 

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