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Li Shijiang 李师江

Présentation

1er novembre 2020

 

Li Shijiang est un écrivain chinois de la génération dite « post’70 » dont le réalisateur Wang Xiaoshuai (王小帅) a choisi en 2020 d’adapter une nouvelle, « L’astuce du fantôme de grand-père » (《爷爷的鬼把戏》) [1]. Mais il est surtout connu pour ses romans.

 

Né en 1974 à Ningde, dans le Fujian (福建宁德), il est sorti diplômé du département de chinois de l’Université normale de Pékin en 1997. Il est alors revenu chez lui, dans le Fujian, et a travaillé comme simple employé de bureau – une vie d’une telle platitude qu’il a commencé à écrire pour tromper son ennui. Ce qui vaut la peine d’être mentionné, et l’est rarement, c’est qu’il a fait partie du mouvement de poésie d’avant-garde appelé « Lower Body » (下半身) [2].  Il a publié des recueils de ses poésies à compte d’auteur. Mais ses biographies ne parlent guère que de ses romans.

 

Li Shijiang (photo sohu)

 

Libres promenades 《逍遥游》

 

Vivre comme Cao Cao 《像曹操一样活着》

 

Il a publié trois premiers romans édités d’abord à Taiwan : « Encore plus faux que l’amour » (《比爱情更假》), « Chair » (《肉》) et « Elles sont toutes super bien » (《她们都挺棒的》). Puis, en 2002, il a écrit le roman « Libres promenades » (Xiāoyáo yóu 《逍遥游》) qui a été publié en Chine continentale en 2005 et a remporté cette année-là le grand prix des médias littéraires (华语文学传媒大奖). C’est une image de sa vie à Pékin, un peu chaotique, comme le suggère le titre.

 

En 2007, il a publié le roman « Printemps de richesse et longévité » (Fúshòu chūn 《福寿春》) qui traite de la vie à la campagne dans un village du bord de mer, dans le sud-est, à travers deux générations d’une même famille. Li Shijiang dit avoir été poussé par le désir de rendre compte d’un mode de vie en voie de disparition, mais aussi par un sentiment esthétique face à la lenteur inhérente à la vie agricole qui imprime une sorte de beauté à cette vie comparée à la vie urbaine. Ce qu’il décrit, dit-il, n’a rien à voir avec ce qui est dépeint dans « Le Pays du Cerf blanc » (《白鹿原》) [3], par exemple, où le politique est omniprésent. Chez lui, la pauvreté prime tout. 

 

Sorti en juillet 2007, « Vivre comme Cao Cao » (《像曹操一样活着》) est son premier roman historique, sur les mille facettes de ce personnage fascinant, politicien retors, guerrier sanguinaire et poète renommé, devenu dans la tradition populaire un Machiavel avant l’heure. Pour cet ouvrage, Li Shijiang a puisé dans les anciens classiques, « Les Trois Royaumes » (《三国志》), le « Miroir pour aider le gouvernement » ou Zizhi tongjian (《资治通鉴》) [4], le « Livre des Han postérieurs » (Hou Hanshu 《后汉书》) et autres, mais en écrivant dans un style de fiction.

 

Le Département de chinois 《中文系》

 

Heshen, confident de l’empereur

 

Publié en octobre 2010 aux éditions Littérature du peuple, « Le Département de chinois (《中文系》) reflète la vie des étudiants dans les années 1990. C’est un retour à la veine autobiographique, avant un nouveau roman historique, sorti en août 2014 : « Heshen, le confident de l’empereur » (和珅:帝王心腹) : biographie de ce personnage brillant – il parlait mandchou, tibétain et mongol aussi bien que chinois – qui fut le compagnon indéfectible des dernières années de l’empereur Qianlong, et fut impitoyablement éliminé quinze jours après la mort de l’empereur : la fortune qu’il avait amassée fut estimée à quinze ans de revenus impériaux. Li Shijiang en dresse un tableau vivant, nourri de recherches sur les archives de la période Qianlong.

 

En 2015, le roman « La Déesse-mère » (《神妈》) rappelle par son sujet et son personnage principal la « Cangue d’or » (《金锁记》) de Zhang Ailing (张爱玲).  Après sa retraite, souffrant du retour d’âge, la veuve Lin Aifeng (林爱凤) entreprend de régler la vie familiale autour d’elle et finit par contrôler la vie de ses enfants, allant jusqu’à s’arroger un bel homme convoité par une tante. Li Shijiang fait un portrait très réaliste d’une famille matriarcale qui est en fait représentative de la famille chinoise.

 

En 2017, revenant à sa veine autobiographique, il signe une suite à son roman « Le Département de chinois » : « Exceptionnel » (非比寻常). À travers la peinture de son personnage principal, il exprime tout l’ennui de la vie de petit employé dans une lointaine ville de province, doublée du vide affectif causé par la séparation d’avec sa petite amie restée à Pékin. Il dépeint un jeune garçon qui, ayant à affronter la réalité de la vie, est d’autant plus déprimé qu’il aspire à sortir de la médiocrité et de l’ordinaire. D’où le titre.

 

En août 2019, Li Shijiang change de registre : il publie un recueil d’histoires policières, « Six meurtriers » (《六个凶手》). Ce sont quatre nouvelles « moyennes » publiées dans diverses revues littéraires au cours des années précédentes ; comme souvent, elles ont l’intérêt supplémentaire d’être prétexte à satire sociale.

- « Le nœud chinois » (《中国结》) dépeint le dilemme d’un mari dont la femme est victime d’un viol : que doit-il faire ?

- « Le coupable » (《元凶》) est un jeu à la Agatha Christie où il s’agit de trouver qui est responsable de l’accident qui a plongé un chef d’entreprise dans le coma : son chauffeur ? son épouse ? son amante ? son principal concurrent ?

- « Deux meurtriers » (《两个凶手》) relate la cavale d’une femme poursuivie pour un crime, et poursuivie par sa conscience.

- « Six meurtriers » (《六个凶手》) décrit une affaire de meurtres en série dans une petite ville du sud-est qui est en fait une histoire d’amour, de vengeance et de rédemption.

 

La Déesse-mère

 

Exceptionnel

 

Six meurtriers

 

Cette dernière nouvelle a été comparée au bestseller japonais de Keigo Higashino traduit en français « La Lumière de la nuit » (《白夜行》) [5] initialement écrit sous la forme d’une série de nouvelles courtes publiées en feuilleton à partir de janvier 1997 avant d’être publié comme roman en 1999.

 

« Six meurtriers » a été adapté au cinéma par le cinéaste Zhao Fei (赵非) [6] avec, dans le rôle principal, l’actrice Zhang Jingchu (张静初). Le film aurait dû sortir en avril 2020.

 

Il reste à découvrir les nouvelles de Li Shijiang.

 


 

Principales publications

 

Romans

2005 Libres promenades 《逍遥游》

2007 Vivre comme Cao Cao 《像曹操一样活着》

2007 Printemps de richesse et de longévité 《福寿春》

2010 Le Département de chinois 《中文系》

2014 Heshen, confident de l’empereur和珅:帝王心腹

2015 La Déesse-mère 《神妈》

2017 Exceptionnel 非比寻常

 

Nouvelles moyennes (novellas)

2019 Six meurtriers 《六个凶手》

 

 


[3] Célèbre roman de Chen Zhongshi (陈忠实).

[4] Histoire universelle de la Chine compilée par Sima Guang (司马光) à la demande de l’empereur Song Yingzong (宋英宗) et publiée en 1085.

[5] Actes Sud, coll. « Actes noirs », 2015, rééd. « Babel noir » 2017.

[6] Zhao Fei est célèbre comme directeur de la photographie dans grands réalisateurs de la cinquième génération : http://www.chinesemovies.com.fr/Musique_photo_montage_Zhao_Fei.htm

C’est son premier film en tant que réalisateur.

 

 

 

     

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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