Auteurs de a à z

 
 
 
     

 

 

Wei Junyi 韦君宜

1917-2002

Présentation

par Brigitte Duzan, 5 février 2018
 

Wei Junyi (韦君宜) est née en octobre 1917 à Pékin.

 

Communiste à Yan’an, éditrice et écrivain

 

A Yan’an

 

En 1934, elle entre à l’université Qinghua (清华大学) pour faire des études de philosophie. Puis, en 1936, elle entre au Parti communiste et part en 1939 à Yan’an où elle devient journaliste, pour l’agence Chine nouvelle.

 

Elle continue dans le journalisme après 1949, puis fait carrière dans l’édition, malgré les attaques dont elle est victime pendant la Révolution culturelle. Rédactrice en chef de la revue Jeunesse chinoise (《中国青年》), elle a occupé un poste semblable à la maison d’édition Littérature du peuple à partir de 1958, puis des années 1970. 

 

Wei Junyi

 

Influence

 

Avec son mari Yang Shu 杨述 en 1975

 

En tant que rédactrice en chef et éditrice, elle a soutenu des jeunes écrivains, dont le tout jeune Feng Jicai (冯骥才), en 1977, pour la publication de son ouvrage sur les Boxers (《义和拳》).

 

Un témoignage montre l’étendue de son influence à l’époque : dans son ouvrage de 2016 sur les écrivains contemporains chinois [1], parlant du premier roman de Zhu Lin (竹林) « Le chemin de la vie » (《生活的路》), qui fait partie de la

« littérature des jeunes instruits » (知青文学), Laifong Leung dit : « Le mouvement ne s’est achevé

officiellement qu’en 1981. Comme son roman en dépeignait les aspects sombres, négatifs, Zhu Lin a rencontré beaucoup de difficultés pour le publier. C’est finalement grâce à l’appui de Wei Junyi et l’approbation de Mao Dun qu’il a finalement été publié par les éditions Littérature du peuple en 1979. Le roman a tout de suite été un succès et il s’en est vendu plus d’un million de copies… » 

 

Nombre d’auteurs lui ont rendu hommage. Ainsi Chen Guokai (陈国凱), dans sa postface à son roman « Le prix » (《代价》), reconnaît, comme Zhu Lin, l’influence exercée par Wei Junyi, et le rôle important qu’elle a joué pour susciter l’émergence d’une nouvelle génération d’écrivains à la fin des années 1970.

 

Ecrivaine

 

Elle-même a écrit plusieurs livres, dont le roman « Mère et enfant » (《母与子》), la nouvelle moyenne « Baptême » (《洗礼》), et plusieurs recueils d’essais et de nouvelles, dont un recueil de « Nouvelles de femmes » (《女人集》). Enfin, elle est l’auteure d’une autobiographie illustrée de photos personnelles, « Témoignage douloureux » (《思痛录》), publiée d’abord sous forme de fragments, puis intégralement en 1998, aux éditions du 1er octobre (十月出版社). Elle y passe en revue tous les mouvements contre les intellectuels à partir de la guerre [2].

 

Elle est décédée en janvier 2002, à l’âge de 85 ans, des suites d’une maladie.

 

Traduction en français

 

Un extrait de son autobiographie, traduit pas Violaine Liebhart, est paru dans le n° 7 de Jentayu.

 

La traductrice présente ainsi l’ouvrage et son auteure :

   

Le chemin de la vie (éd. 1979)

 

Témoignage douloureux

 

« Dans « Témoignage douloureux », récit patient et détaillé des événements qui ont marqué la Chine moderne dans la seconde moitié du XXe siècle, Wei Junyi, cadre mariée à un autre cadre important, raconte son expérience du communisme, du maoïsme et de la Chine. Elle le fait sous l’angle de son vécu et de celui de sa famille durant la guerre, à Yan’an, lors de la Libération puis du Grand Bond en avant, de la Révolution culturelle, et pendant bien d’autres campagnes qui ont constitué la vie quotidienne des cadres sous Mao. Son franc-parler et sa sincérité sont à la hauteur de son courage. Elle révèle non seulement son histoire personnelle, l’évolution de ses pensées au fil des expériences d’une communiste de la première heure, ses propres erreurs, sa foi inébranlable, et finalement ce qu’elle considère comme une trahison envers elle-même, mais aussi l’histoire d’autres personnes de son entourage, dévoilant ainsi l’étendue des souffrances. »

 

L’extrait traduit pour Jentayu, « La campagne de sauvetage des déviants », est tiré du deuxième chapitre du livre et raconte l’expérience de Wei Junyi à Yan’an, au moment de la troisième et dernière phase de la campagne de rectification, en 1942-1945 :

 

En 1942, le Comité central initie un mouvement idéologique de masse connu sous le nom de « campagne de rectification de Yan’an » ; dirigée de façon à peine voilée contre les adversaires de Mao, elle a également pour but d’éliminer les cadres qui ne soutiennent pas suffisamment la cause maoïste. Par ses méthodes, cette campagne deviendra le modèle utilisé pour « rectifier » systématiquement les pensées de la population et asseoir le monopole du pouvoir maoïste…

 

Les photos illustrant son autobiographie

 

Basée sur les confessions des cadres, utilisées ensuite pour en dénoncer d’autres, c’est en fait un préambule aux méthodes utilisées lors de la campagne contre les droitiers, puis lors de la Révolution culturelle. La campagne, à l’époque, se termine cependant par les excuses de Mao.

 

 

Voir la présentation complète dans Jentayu :

http://editions-jentayu.fr/numero-7/wei-junyi-campagne-sauvetage-deviants/

 


[1] Contemporary Chinese Fiction Writers: Biography, Bibliography, and Critical Assessment, Laifong Leung, Routledge 2016, pp 336.

[2] Le livre est bien sûr interdit en Chine ; on en trouve le texte en ligne :

http://www.bannedbook.org/forum2/topic1678.html

 

 

     

 

 

 

 

 

 

     

 

 

 

© chinese-shortstories.com. Tous droits réservés.