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Yu Hua 余华
Présentation 介绍
par Brigitte Duzan, 6 septembre 2009, actualisé
19 mai 2019
Yu Hua (1) est né en 1960 à Hangzhou (Zhejiang). Il avait six
ans au début de la Révolution culturelle : cette expérience l’a
marqué, et il en a fait le sujet de la plupart de ses nouvelles
et romans.
Enfance marquée par la Révolution culturelle
Il a grandi à Haiyan (海盐), au nord du Zhejiang. Son père, qui
était médecin, avait été envoyé là pour
lutter contre la
bilharziose qui y sévissait de manière endémique. C’était une
toute petite ville qui tenait du village, un endroit perdu,
pauvre et arriéré. Il a raconté (2) que, pendant la Révolution
culturelle, la vie y était d’une triste monotonie, rompue
seulement par les
exécutions de ‘criminels’ ; la ville s’animait
alors comme lors d’un festival. Enfant, ces scènes d’exécution
l’excitaient comme un spectacle de foire ; il garde le souvenir
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Yu Hua 余华 |
du condamné s’agenouillant sur le sol, tête baissée, le soldat
visant la nuque et tirant…
Le sang semble avoir été l’élément récurrent de son
environnement et la mort un voisinage habituel . Il décrit son
père médecin comme un personnage revêtu d’une blouse constamment
maculée de sang qui opérait dans une petite pièce en face de la
maison familiale. La maison était aussi en face des toilettes
publiques, qui servaient de poubelle aux infirmières, et de la
morgue, endroit frais et calme où il allait faire la sieste dans
la chaleur de l’été ; les corps n’y étaient déposés que la nuit,
et il entendait alors les gens pleurer de son lit.
Les sources de l’atmosphère noire de ses premières nouvelles
viennent de cette expérience précoce de la violence et de la
mort, dont il était tellement imprégné que cela ressortait
automatiquement sous sa plume et qu’il en rêvait la nuit.
Comme tous les jeunes de sa génération, son éducation a été
réduite à néant par la Révolution culturelle. Il est entré à
l’école à six ans, au tout début, et en est sorti dix ans plus
tard, quand elle
s’est terminée. En 1976, il n’avait
pratiquement pas ouvert un livre : il n’y en avait pas. Les
rares qu’il a pu trouver étaient tellement abîmés qu’il n’en
restait que les pages du milieu ; il les a lus sans connaître
ni le début ni la fin, ni le titre ni de qui ils étaient.
Il a alors reçu une formation rapide de dentiste, genre «
dentiste aux pieds nus », et a travaillé ainsi cinq ans dans une
petite ville entre Shanghai et Hangzhou, en détestant cette
profession. Mais, à
l’époque, on ne choisissait pas ce qu’on
faisait, on était affecté à un poste par le gouvernement. Yu Hua
ne pouvait donc pas faire autrement. Cependant, il était fasciné
par les jeunes cadres du Bureau de la Culture local, qu’il
voyait de son cabinet se promener dehors à toute heure de la
journée, sans avoir, semble-t-il, grand chose à faire. Son idéal,
désormais, fut d’entrer dans leurs rangs. L’un d’entre eux lui
expliqua que, pour cela, il lui suffisait d’écrire une nouvelle.
Il le fit, envoya son court récit à une revue de Pékin qui la
publia illico, et Yu Hua entra au Bureau de la Culture, dûment
muni d’une autorisation officielle de transfert portant une
douzaine de superbes sceaux rouges. C’était en 1983, il faisait
ainsi ses débuts d’écrivain. Un an plus tard, il demanda à être
muté à Jiaxing (嘉兴), la préfecture dont dépendait Huayan : au
moins là, il y avait une gare.
Années 1980 : écrivain d’avant-garde
Son poste au Bureau de la Culture n’était pas une aubaine
financière ; tout le monde, à ce moment-là, gagnait à peu près
la même chose. La seule différence tenait dans le travail
réalisé pour gagner son salaire : sa nouvelle affectation lui
donna la liberté dont il rêvait. Il espaça peu à peu ses
présences, pour finir par ne plus pointer qu’une fois par mois,
pour toucher son salaire.
Il n’avait cependant aucune formation d’écrivain, encore moins
que de dentiste. Privé de livres pendant toutes les années de la
Révolution culturelle, il n’eut pour toute lecture que les
affiches en gros caractères de l’époque, les
大字报 dàzìbào qu’il
lisait avec délectation non point pour les slogans, mais pour
les histoires qu’il y trouvait, parce que les gens y dénonçaient
leurs voisins et leurs proches avec faconde et créativité ;
c’était comme une chronique de la vie quotidienne où il a puisé
pas mal de son inspiration initiale.
A partir des années 1980, nombres d’ouvrages furent à nouveau
publiés, en particulier des traductions
d’auteurs étrangers, et
il se mit à lire avec avidité, fasciné par des auteurs comme
Kafka ou Borges, ou encore Kawabata. Les premiers lui ouvrirent
les portes du fantastique, le second lui apprit l’amour du
détail. Ces lectures ont marqué le style de ses premiers écrits
(3) , d’un avant-gardisme assez caractéristique de l’époque :
une sorte de radicalisme esthétique cultivant l’image de
l’artiste dans sa tour d’ivoire, ce que l’on a appelé «
les écrivains d’avant-garde
» (先锋派作家).
Les nouvelles que Yu Hua publia alors dans divers magazines
n’eurent guère de succès, jusqu’en 1986 : son court récit (quelque
quatre mille caractères) intitulé « Parti loin de chez moi à
dix-huit ans » 《十八岁出门远行》(parti loin de chez moi à dix-huit ans) lui valut soudain une certaine notoriété. Il
participa alors de l’effervescence intellectuelle et artistique
qui marqua ces années de relative libéralisation, donnant
l’impression que tout, brusquement, était possible, y compris la
liberté la plus totale.
En 1988, il réussit à partir à Pékin suivre des cours de
littérature à l’institut Lu Xun, où il rencontra une jeune
poétesse, Chen Hong, qu’il épousa. Mais cette période s’acheva
net avec les événements de
Tian’anmen (4 juin 1989), qui
marquèrent, avec la reprise en main du pouvoir par la tendance
conservatrice, un tournant dans la création littéraire, et
artistique en général, tout autant que dans la vie nationale
dans son ensemble.
Années 1990 : écrivain populaire
Si Yu Hua abandonna alors son style initial, c’est, selon ses
propres dires, par une nécessité interne, parce qu’il découvrit
que ses personnages avaient une existence propre qu’il ne
maîtrisait pas totalement, dont il lui fallait respecter les
exigences. En outre, au début des années 1990, de nouvelles
œuvres étrangères furent traduites en chinois, son espace de
lecture s’élargit ; il fut influencé en particulier par V. S.
Naipaul et Toni Morrison qu’il découvrit alors.
Il faut bien dire que son changement de cap, cependant, eut
aussi des causes extra-littéraires : vulgairement économiques. A
partir de 1992, la politique de réforme et d’ouverture relancée
par Deng Xiaoping se traduisit par l’abandon accéléré des formes
de contrôle public de l’économie dans tous les domaines, y
compris le domaine culturel, et l’édition en particulier. Les
subventions dont vivaient les maisons d’édition furent
supprimées et il leur fallut comme tout le monde se soucier de
leur rentabilité pour survivre. Dans ces conditions, les œuvres
d’avant-garde furent remisées dans les cartons de
l’histoire. Il
fallait désormais assurer les recettes, avec des œuvres
populaires, des livres qui faisaient
du chiffre.
Les écrivains durent s’adapter, et c’est cette nécessité
d’adaptation qui leur fit rechercher d’autres sources
d’inspiration, plutôt que le contraire. Yu Hua suivit le
mouvement général. En même temps, cependant, il remit en cause
son approche esthétique de la littérature. Le genre
avant-gardiste qu’il avait adopté jusque là, comme beaucoup
d’autres dans les années 1980, venait d’un refus d’accepter
l’orthodoxie maoïste qui voulait faire de la littérature un
outil politique au service du régime. Au début des années 1990,
il adopta une vision moins coupée de la réalité sociale, une
attitude plus engagée, réfléchissant les grands problèmes nés de
la modernisation accélérée du pays. Il en revenait ainsi au rôle
traditionnel en Chine de l’écrivain reflet et critique de la
société.

Vivre ! 《活着》 |
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De ces années
datent ses deux premiers grands succès : « Vivre ! » (Huózhe《活着》),
publié en 1993, et, en 1995, « Chronique d’un vendeur de
sang » (Xǔ Sānguān màixuè jì《许三观卖血记》),
publié en France sous le titre « Le vendeur de sang ».
Le premier roman dépeint les événements qui ont marqué la Chine
des années 1940 au début de la période de réforme
et d’ouverture,
à la fin des années 70. Le personnage principal, Xu Fugui (徐福贵),
était au départ le seul héritier
d’une riche famille de
propriétaires, vivant dans le luxe et gaspillant sa fortune au
jeu. Il finit par la dilapider totalement, et être obligé de
travailler la terre pour survivre, ce qui le sauve au moment de
l’arrivée au pouvoir des communistes. Le livre le suit dans les
divers malheurs qui le frappent, au cours de la période du Grand
Bond en avant pendant laquelle meurt son fils, puis pendant la
Révolution culturelle, au cours de laquelle il perd sa fille.
Sur ses vieux jours, il se retrouve seul avec son vieux |
buffle, mais toujours avec la même inaltérable volonté de vivre et de
s’en sortir, coûte que coûte, qui est, pour Yu Hua, la
caractéristique fondamentale du peuple chinois, et ce qui fait
sa force.
Le livre est devenu un best-seller en Chine comme à
l’étranger.
Mais s’il a connu un tel succès, c’est grâce à
l’adaptation au
cinéma qu’en a faite Zhang Yimou, en 1994. Le film éponyme, avec
deux stars du cinéma chinois dans les rôles titres, Ge You (葛优) dans le rôle de Fugui et Gong Li (巩俐) dans celui de sa femme,
fut présenté cette année-là au festival de Cannes où il obtint
le Grand Prix du Jury, et Ge You celui de meilleur acteur.
C’était une consécration. Cependant, si « Vivre ! » est devenu
un best-seller mondial, c’est en grande partie parce que le film
a été interdit par les autorités chinoises, pour dénigrer la
politique du gouvernement chinois ; Zhang Yimou a même été
condamné à deux ans d’interdiction de tournage. Le livre, comme
le film, a ainsi fait la une des journaux (4), et les ventes se
sont envolées. Yu Hua est devenu une célébrité mondiale. |
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Le film de Zhang Yimou |

Le vendeur de sang
《许三观卖血记》 |
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Quand « Le vendeur de sang » est sorti en 1995, ce fut un
nouveau succès. Le récit reprend à peu près le même contexte
temporel que «Vivre!» : ici ce sont les trente années après
1949. Au début, dans les années 1950, Xu Sanguan (许三观) est
ouvrier dans une filature de coton, dans le Jiangsu, lorsque, un
jour, revenant d’une visite à un oncle à la campagne, il croise
deux amis qui vont vendre leur sang et le persuadent d’en faire
autant. Cela va lui permettre de se marier. Le pli est vite pris,
et Xu Sanguan ira vendre son sang chaque fois qu’il aura besoin
d’argent. Le livre est sorti bien avant le scandale de l’épidémie de Sida du Henan et le livre de Yan Lianke (阎连科) sur
le sujet (5). Cela fait longtemps que les paysans chinois
vendent leur sang pour arrondir leurs fins de mois. En ce sens,
le livre de Yu Hua est plus intemporel que celui de Yan Lianke.
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On retrouve dans ce livre le thème principal du précédent, qui
est un thème récurrent chez Yu Hua : malgré le fatalisme du
peuple chinois, qui lui fait accepter les coups du sort comme
les décrets du gouvernement, son incroyable volonté de survivre
face aux pires catastrophes. Mais Yu Hua a développé là l’humour
qui était présent dans ses écrits depuis le départ, mais de
manière diffuse et subtile ; dans « Vivre ! », il apparaissait
surtout dans certains dialogues. Cet humour, de plus en plus
décapant et hilarant, souvent couplé à l’absurde, va désormais
devenir sa marque de fabrique ; cela correspond à son caractère,
et au caractère chinois en général, d’où, certainement, une
partie de son succès.
Années 2000 : « Brothers »
En 2003 sort « Brothers »
(《兄弟》) qui fait l’effet d’une bombe.
Avec ce livre, Yu Hua a légèrement déplacé son curseur
historique et opté pour un style franchement burlesque pour
dépeindre l’absurdité d’un monde qui rappelle Tati autant que
Beckett. «Brothers», avec ses deux parties couvrant la
Révolution culturelle puis le fantastique boom économique des
années 1980-90, c’est un peu sa vie à lui, son expérience
personnelle. L’humour au vitriol qu’il adopte est sans doute une
manière d’évacuer la tension dramatique de certains souvenirs
tout en en soulignant le non-sens des deux époques, chacune à sa
manière.
En retraçant l’histoire de deux demi-frères, Li Guangtou et Song
Gang, qui grandissent, comme Yu Hua, pendant la Révolution
culturelle, puis se retrouvent adultes pendant la période de
croissance économique après 1980,
« Brothers » illustre les
bouleversements subis pendant
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Brothers《兄弟》 |
toute cette période par le pays et
son peuple. La première partie, née, on le sent, de
l’expérience
vécue, est brillantissime et enthousiasme dès l’abord. La
seconde partie est plus travaillée, née d’un voyage de plusieurs
mois avec sa femme et son fils aux Etats-Unis ; mais Yu Hua
atteint là des

la traduction française |
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sommets : une écriture frénétique et truculente
qui frise la démesure, pour s’achever dans une fresque ubuesque
d’un concours de beauté où tout est truqué, fabriqué et frelaté,
comme la société de consommation actuelle.
Le pire, en effet, c’est qu’on a l’impression qu’il n’invente
rien,
d’ailleurs on le lui a souvent dit : des Li Guangtou, il y
en a partout, des types qui font fortune en profitant de
l’absence de règles et de normes, dans la course générale au
profit initiée par Deng Xiaoping. Le génie tient dans la manière
de le dire. Le roman est le meilleur moyen, dit-on, de décrire
et décrypter une époque, « Brothers » en est l’une des
meilleures illustrations.
Depuis lors, Yu Hua passe le plus clair de son temps en voyages
et conférences, invité par ses différents éditeurs qui se le
disputent. On espère que cela lui laissera un peu de temps pour
terminer bientôt l’un des trois romans qu’il dit avoir commencé
à écrire. |
Années 2010 : Le
septième jour
En 2010, Yu Hua a
publié un nouveau livre intitulé « La Chine en dix mots »
qui apparaît comme la synthèse des œuvres antérieures, faisant
le lien entre la Chine de Mao et la Chine d’aujourd’hui. Mais le
livre n’a pas été publié en Chine.
A l’automne
2013, Yu Hua a collaboré au New York Times avec une
série d’essais sur les problèmes de la Chine
contemporaine qui en sont comme le complément.
En juin de la
même année, après sept ans de gestation, il a publié un
nouveau roman : « Le septième jour » (《第七天》)
qui a été l’objet de vives controverses en Chine, et
traduit aussitôt en français. La traduction en anglais
devrait paraître en 2015.
Yu Hua y
décrit le parcours d’un homme mort sans sépulture, la
famille étant trop pauvre pour avoir pu lui acheter un
cercueil. Dans les sept jours suivant sa mort, son âme
erre dans les limbes, qui sont aussi les limbes du
souvenir. Il y rencontre les âmes de diverses personnes
mortes dans des circonstances violentes, inspirées de
faits divers de l’actualité, et retrouve les êtres chers
de son existence passée. |
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Le septième jour |
Yu Hua continue d’être
hanté par la violence de la société chinoise, celle de la
Révolution culturelle s’étant mutée en violence quotidienne, et
par l’absurdité qui continue d’en être la marque essentielle.
Notes
(1) Yu Hua est son nom de plume, associant le nom de jeune fille
de sa mère (余) au nom de son
père (华).
(2) A Pankaj Mishra lors d’une interview pour le New York Times,
en janvier 2009.
(3) Traduits en anglais par Andrew F. Jones et publiés dans un
recueil intitulé The Past and the Punishments publié aux
Etats-Unis en 1996.
(4) Le livre aussi avait été interdit lors de sa première
publication en Chine, en 1992, mais un livre interdit ne fait
pas la une de la presse.
(5) « Le rêve du village des Ding » (《丁庄梦》)
Voir son blog :
http://blog.sina.com.cn/yuhua - la plupart des
textes sont doublés d’une traduction en anglais.
Lire en particulier le texte de novembre 2006 intitulé «
Pourquoi j’écris » (《我为何写作》).
Traductions en
français
Romans
Vivre !,
traduit du chinois par Yang Ping, Paris, Librairie générale
française, coll. « Le livre de poche , 1994, 223 p.
[Rééd. Babel, n° 880, 2008]
Le Vendeur de sang,
traduit du chinois par Nadine Perront, Actes Sud, coll.
« Lettres chinoises », 1997, 285 p.
[Rééd. Babel, n° 748, 2006]
Un amour classique,
petits romans, traduits du chinois par Jacqueline Guyvallet,
Actes Sud, coll. « Lettres chinoises », 2000, 259 p.
[Rééd. Babel, n° 955, 2009]
Cris dans la bruine,
roman, traduit du chinois par Jacqueline Guyvallet, Actes Sud,
coll. « Lettres chinoises », 2003, 325 p.
1986,
court roman, traduit du chinois par Jacqueline Guyvallet, Actes
Sud, coll. « Lettres chinoises », 2006, 88 p.
Brothers 兄弟,
traduit du chinois par Angel Pino et
Isabelle Rabut, Actes Sud,
coll. « Lettres chinoises », 2008, 720 p.
Le Septième Jour,
traduit du chinois par Angel Pino et
Isabelle Rabut, Actes Sud,
coll. « Lettres chinoises », 2014, 272 p.
Nouvelles
Sur la route à
dix-huit ans, et autres nouvelles, textes traduits du chinois par Jacqueline Guyvallet, Angel Pino et
Isabelle Rabut, Actes Sud,
coll. « Lettres chinoises », 2009, 185 p.
Un monde évanoui,
nouvelles traduites du chinois par Nadine Perront, Philippe
Picquier, 2003, 150 p.
Essai
La Chine en dix mots,
essais, traduits du chinois par Angel Pino et
Isabelle Rabut, Actes Sud,
coll. « Lettres chinoises », 2010, 370 p.
A lire en complément :
- Deux nouvelles
La première,
« Parti à dix-huit ans loin de chez moi »
(《十八岁出门远行》), publiée
en 1989, mais écrite deux ou trois ans auparavant, est celle qui
a fait connaître Yu Hua. Bien que ce soit une œuvre de jeunesse,
elle est cependant digne des œuvres de la maturité. Elle fait
partie de la veine humoristique de Yu Hua, avec un petit côté
absurde ; c’est le style que l’on retrouve, accentué jusqu’au
burlesque, dans « Brothers », comme si Yu Hua revenait au point
de départ, et à ce qui constitue en fait le reflet de son
caractère.
En même temps, c’est une sorte de conte initiatique réaliste et
empreint d’une certaine mélancolie sous l’ironie.
La seconde nouvelle,
« L’enfant du crépuscule » (《黄昏里的男孩》), est un chef
d’œuvre de cruauté brute et d’écriture réaliste. On y retrouve
sans doute les souvenirs d’enfance, ceux de la Révolution
culturelle, lorsque Yu Hua habitait dans la petite ville de
Haiyan, et que les gens affluaient pour leur unique distraction
: assister aux exécutions. C’est un peu la même ambiance. Mais
la nouvelle tente de trouver comme des circonstances atténuantes
à cette inhumanité.
On remarquera qu’il n’est pas question ici de politique, ou de
période historique, juste des conséquences de la pauvreté et de
la misère, morale autant que physique.
- L’analyse comparée film-roman de l’adaptation
par Zhang Yimou du roman « Vivre ! » (《活着》) :
http://www.chinesemovies.com.fr/films_Zhang_Yimou_Vivre.htm
- Dans les actualités :
Après “La Chine en dix mots”,
publication (numérique) de son microblog par Yu Hua
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