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Hao Ran
浩然
1932-2008
I. Présentation
par Brigitte Duzan, 4 mai 2018
La
meilleure introduction à Hao Ran est celle que nous
a laissée Michelle Loi
dans sa préface aux « Enfants de Xisha »,
écrite en décembre 1975
:
« Hao
Ran est l’écrivain le plus célèbre de la Chine
d’aujourd’hui [donc fin 1975], …un écrivain
« professionnel » qui ne ressemble pas à ceux
d’hier : c’est un écrivain du peuple, un écrivain
qui est paysan, un paysan qui est écrivain. Comme
des milliers et des milliers d’autres, non pas
unique, mais exemplaire. »
Au début de
la même préface, pour mieux faire comprendre ce
caractère exemplaire, elle définit ce qu’il faut
entendre par écrivain du peuple :
« L’écrivain du peuple, ouvrier, paysan ou soldat,
est |
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Hao Ran |
né sur le
passage de l’Armée Rouge, puis dans les
zones des soviets
qu’elle libérait. La politique culturelle de la République
populaire de Chine lui donne son statut et le met au premier
rang après 1949, les « Cent Fleurs » et le Grand Bond lui
permettent une avancée triomphante où l’on devine qu’il va
passer dans les « professionnels », les « spécialistes » de
la littérature. Mais c’est la Révolution culturelle
seulement qui lui donne les conditions d’une existence
massive. C’est le mouvement de critique contre Lin Biao et
contre Confucius
,
prolongé dans la lutte « contre le droit bourgeois », qui
assure sa victoire et lui donne un caractère dont il semble
bien qu’il soit définitif. »
L’écrivain du peuple
n’est pas un spécialiste de l’écriture, c’est celui qui y est
venu « de toute sa bonne volonté militante » pour tenir
au mieux sa place dans les luttes du front culturel, entendues
comme un aspect des luttes sur le front politique.
Tel est Hao Ran,
écrivain du peuple par excellence, et tellement exemplaire qu’il
est devenu une sorte de mythe : le seul écrivain à avoir été
publié pendant la Révolution culturelle. Il n’est pourtant pas
unique, mais bien écrivain modèle à l’instar des opéras modèles,
comme l’a dit
Mao
Dun (茅盾)
qui a parlé d’une période dominée par « huit œuvres modèles et
un écrivain » (“八个样板戏一个作家”).
Légende dorée
Petit paysan pauvre…
De son vrai nom Liang
Jinguang (梁金广),
Hao Ran était fils de paysan pauvre. Né en 1932, il perd son
père à l’âge de neuf ans, et va vivre avec sa mère chez un
oncle, dans un village du district de Ji (Jixian
蓟县), dans le Hebei – nom qui dénote d’ailleurs la pauvreté originelle de
l’endroit,
jì
signifiant "chardon".
Il a eu juste le temps
d’étudier trois ans dans la petite école locale quand sa mère
meurt ; il a douze ans. L’année suivante, en 1945, il s’engage
aux côtés des troupes de Mao quand celles-ci traversent la
province. En 1946, à l’âge de quatorze ans, il devient chef de
la Ligue des enfants et participe à la Réforme agraire dans son
village.
Il devient membre du
Parti en novembre 1948. Un an plus tard, c’est l’avènement de la
République populaire. Il va désormais être nourri et éduqué par
le Parti. Mais il n’est pas tout de go formé pour être écrivain,
il travaille d’abord comme « militant dans les rangs du
mouvement de masse pour la production », dira-t-il lui-même dans
l’un de ses nombreux articles autobiographiques.
… promu écrivain
Or, un soir, c’est à la
porte de ce jeune militant paysan que frappe le responsable
local du Parti, pour lui faire part d’un projet de « semaine de
propagande » visant à promouvoir le mouvement de masse pour la
production ; et il demande au jeune garçon éberlué d’écrire un
petit sketch à interpréter en public.
Hao Ran est un paysan
inculte ; il n’a même pas lu le texte fondateur de 1942 des
Causeries du Forum de Yan’an (il ne le lira qu’en 1952) ; mais,
avec trois ans d’école primaire, il est le plus instruit des
paysans autour de lui. C’est surtout, certainement, l’un des
plus actifs des militants locaux ; c’est à ce militant que
s’adresse le chef venu frapper à sa porte, et c’est en paysan
que Hao Ran comprend intuitivement ce qu’il veut.
Il est pourtant
aussitôt inquiet et réticent : comment écrire une pièce quand on
connaît juste quelques caractères ? Réticence que le chef balaie
du revers de la main : l’ignorance n’a jamais été une excuse
valable pour un militant ou un combattant ; pour les besoins de
la révolution, on doit apprendre ce qu’on ne sait pas faire.
Voilà donc Hao Ran promu écrivain du peuple.
Il se décrit, le jour
suivant, assis en tailleur sur son kang, griffonnant la
première ébauche de sa pièce : une description de la lutte dont
il a lui-même été le témoin dans son village, entre les
combattants de la production et les saboteurs de toutes sortes,
agissant à visage découverte ou en secret. Le surlendemain, avec
trois de ses camarades, il construit une petite plateforme de
terre sur laquelle ils jouent la pièce, lui-même interprétant le
rôle d’une jeune héroïne : triomphe.
Non seulement la pièce
attire les paysans des villages alentour, mais elle s’enrichit
des discussions qu’elle fait naître et qui viennent éclairer des
points obscurs.
L’expérience le pousse
à continuer, en affinant son écriture. Il multiplie dès lors les
pièces de théâtre, les poèmes et les nouvelles ; ses textes sont
récités, joués, affichés sur les journaux muraux dans les
villages. Il décide de consacrer sa vie à la littérature, mais
c’est pour continuer le combat avec les paysans ; il ne songe
pas à écrire pour écrire, mais pour « unir et éduquer ».
Ecrivain du peuple
Années 1950 : de la
Révolution aux Cent fleurs et au Grand Bond
A l’automne 1949 est
fondé le Journal de la jeunesse du Hebei (《河北青年报》) : Hao Ran en est nommé correspondant et c’est dans ce journal que
paraissent ses premiers textes, dans lesquels il dépeint avec
fougue et passion les mille et un détails de la vie autour de
lui. Puis il est envoyé poursuivre ses études au chef-lieu du
district, à l’Ecole de la Ligue de la jeunesse du Hebei.
En 1953, il est nommé à
un poste d’enseignant à l’Ecole du Parti de la préfecture de
Tongxian (通县). En 1954, il devient journaliste au Quotidien du Hebei (《河北日报》)
et publie dans le supplément des lettres et des arts (文艺副刊) de ce journal.
En même temps, il
participe aux réformes rurales : mise en place de la politique
d’achats groupés, des groupes d’entraide et des coopératives
agricoles – autant d’expériences qui seront une riche source
d’inspiration par la suite.
En
septembre 1956, il est transféré à Pékin, comme
journaliste du Journal de l’amitié (《友好报》).
C’est la période des « Cent fleurs », mouvement de
libéralisation lancé en mai 1956, confus et complexe
dans ses tendances et ses manifestations, dont Deng
Xiaoping dira fin 1957 dans son « Rapport sur le
mouvement de rectification » : « Dans le grand débat
des « Cent fleurs », nous avons allumé un brasier
pour consumer à la fois nos ennemis et nos propres
faiblesses. ».
Toute la
Chine se met à écrire, dit Michelle Loi
,
les groupes de création littéraire se multiplient
dans les communes, les usines, les écoles. Hao Ran
est de ceux que le mouvement aide à sortir de
l’ombre. C’est alors qu’il publie sa première
nouvelle, dans le numéro de novembre 1956 du
Journal des lettres et des arts de Pékin (《北京文艺》)
dont
Lao She (老舍)
est le rédacteur en chef : « Les pies sur la
branche » (《喜鹊登枝》).
Cette nouvelle est suivie d’une série d’autres
dépeignant la vie dans les villages. |
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Les pies sur la branche (1ère
publication, numéro de novembre 1956 du Journal
des lettres et des arts de Pékin) |
Les pies sur la branche
(édition décembre 1959) |
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Mais ce
n’est pas sans retour de bâton, lorsque les sommités
des cercles littéraires et du monde de l’édition,
effarés par l’afflux de manuscrits, reprennent
quelque autorité. Hao Ran prépare un grand roman, on
lui dit qu’il n’a pas le niveau technique pour cela.
Il rentre dans son village profondément ébranlé dans
ses certitudes. Il est alors réconforté par le chef
de sa coopérative qui s’occupe de diffuser ses
écrits avec les moyens à sa disposition : sur les
tableaux noirs et les journaux muraux.
A la chute
de la « ligne noire », il peut être édité : son
premier recueil de nouvelles est publié le 1er
mai 1958, sous le titre de la première, « Les pies
sur la branche ». C’est le début du Grand Bond en
avant, qui donne une impulsion nouvelle aux
écrivains du peuple. |
Hao Ran est consacré.
En 1961, il est nommé rédacteur du supplément des lettres et des
arts de la revue Drapeau rouge (《红旗》).
1960-1965 : Jours ensoleillés
A la fin de
1962, il entreprend l’écriture de son grand roman en
trois volumes basé sur sa vie et son expérience du
mouvement de coopérative agricole dans le district
de Changle, dans le Shandong (山东省昌乐县) : « Jours ensoleillés » (《艳阳天》).
Le premier volume est publié en 1964, les deux
autres en 1965. Entre-temps, en octobre 1964, il est
entré à l’Association des écrivains chinois et il
est devenu écrivain professionnel.
Mais il
avait en fait commencé l’écriture du roman dès 1957,
sans cependant parvenir à maîtriser son sujet. Ce
n’était pourtant pas la matière qui lui manquait. Il
part d’une histoire vécue : une nuit, des paysans
« moyens-aisés » avaient forcé la serrure du grenier
de la coopérative pour voler des grains, mais ils
avaient été stoppés par des paysans qui montaient la
garde et les avaient mis en fuite. |
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Jours ensoleillés,
édition originale en deux volumes |
Hao Ran écrit le
brouillon d’une nouvelle, et, comme à son habitude, le fait
lire à ses camarades, qui restent de marbre. Il multiplie
les brouillons sans plus de succès. Le secrétaire de la
cellule du Parti lui dit que les ennemis, dans son récit, ne
sont pas assez agressifs et le peuple pas assez fort.
Ce n’est qu’en 1962
qu’il trouve ce qui lui fait défaut, lorsque Mao, reprenant les
rênes du pouvoir après le désastre humanitaire provoqué par le
Grand Bond en avant, prononce sa fameuse phrase « N’oubliez
jamais la lutte des classes » à la 10ème session
plénière du Comité central du VIIIème Congrès. De 1957 à 1962,
Hao Ran avait écrit une centaine de nouvelles, publiées en une
douzaine de recueils, en pensant que ce dont il avait besoin,
c’était d’améliorer ses techniques d’écriture et son niveau
artistique. En 1962, il reprend la plume avec un outil
idéologique supplémentaire : les contradictions au sein du
peuple et la lutte des classes.
Jours ensoleillés en
lianhuanhua |
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L’histoire
se passe au moment de la moisson de l’été 1957, dans
un village proche de Pékin, Dongshanwu (东山坞),
qui venait d’être organisé en coopérative. Avant la
moisson, deux conceptions opposées s’affrontent pour
partager la récolte : les uns veulent partager le
blé proportionnellement à la quantité de terre
possédée, les autres en proportion de la quantité de
travail de chacun. De manière typique dans les
récits postérieurs à 1962, le promoteur de la
première conception est un ennemi de classe masqué
qui ne soutient les
masses
qu’en apparence, ne pensant qu’à |
ses profits
personnels et voulant en réalité restaurer le capitalisme.
Il est soutenu en secret par l’ancien propriétaire foncier.
C’est à cette situation typique de la lutte des classes
qu’est confronté le jeune secrétaire de la cellule du Parti
du village, Xiao Changchun (萧长春),
également chef de la coopérative.
« Jours ensoleillés »
est le dernier grand roman à être publié avant la Révolution
culturelle, et le premier à être réédité après (neuf rééditions
de 500 000 exemplaires en quatre ans). Il était tellement
populaire qu’on l’offrait dans les communes en signe d’amitié,
enveloppé dans du satin ou de la soie rouge.
1966-1976 : la
Révolution culturelle
Au début de la
Révolution culturelle, nous disent ses biographes, Hao Ran est
nommé vice-président du Comité préparatoire de la Révolution
culturelle de Pékin. Puis, lorsque celui-ci est dissous, il est
envoyé à la campagne pour y être « rééduqué ». En fait, il
semble n’avoir pas pris une part active aux événements et être
resté un peu à l’écart du mouvement. Quoi qu’il en soit, il
cesse d’écrire pendant cinq ans, et, quand il reprend la plume,
c’est sous l’influence de l’idéologie nouvelle, et c’est une
nouvelle étape dans son œuvre, marquée par un nouveau roman.
En 1970, il
va travailler six mois dans la commune de
Zhoukoudian (周口店),
près de Pékin, et, à son retour dans la capitale,
commence à écrire le premier des quatre volumes de
ce second roman : « La grande voie radieuse »
(《金光大道》) ;
il est publié en mai 1972 et il s’en vend plus de
quatre millions d’exemplaires la première année. Il
sera baptisé « roman modèle de la Révolution
culturelle ».
Hao Ran y
reprend les grands thèmes de « Jours ensoleillés »,
la collectivisation des années 1950 et les conflits
des années 1960, mais avec un accent particulier sur
le thème de la lutte des classes. Il y a toujours,
comme dans les nouvelles de l’époque, quelque ennemi
caché et fourbe, nostalgique du passé « féodal » et
complotant dans l’ombre pour faire échouer les
nobles tentatives des paysans attachés à la
Révolution, y compris en sabotant les récoltes.
En même
temps, il recourt de manière encore plus
systématique que pour ses récits précédents aux
conseils et avis de ses « camarades paysans ».
Ecrivain et lecteur doivent plus que jamais s’unir
pour mieux servir la révolution. Hao Ran fait
circuler ses brouillons dans les |
|
La grande voie radieuse, en 4 volumes |
communes rurales
et dans les usines aussi bien que parmi les écrivains de
l’Association. Il reçoit commentaires et critiques, discute
avec ses interlocuteurs. Son roman – a-t-il expliqué
- reflète la réflexion collective, et le désir de chacun de
rester fidèle à la vérité de leur histoire : celle du
triomphe de la Révolution, nécessitant un combat vigilant
pour la défendre et la protéger. Les villages deviennent
ses « bases », de réflexion, d’écriture et de partage.
La grande voie radieuse en
lianhuanhua |
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L’œuvre
littéraire prend ainsi une autre dimension, en
dépassant la subjectivité de l’auteur, son
imaginaire personnel. L’écrivain se fait penseur et
politologue, mais au service de la classe
révolutionnaire. Il est frappant de voir ainsi
l’œuvre de Hao Ran évoluer avec l’idéologie du
moment, avec des étapes décisives correspondant à
des tournants politiques : après 1952 et la
découverte du discours de Yan’an, 1956 et les Cent
Fleurs, 1962 et l’appel à ne pas oublier la lutte
des classes, 1970 est l’année du mouvement Yida
sanfan (一打三反),
soit « une chose à abattre, |
trois à
combattre » - une des campagnes peu connues de la période,
menée une fois encore contre l’anarchie généralisée dans la
production, surtout industrielle, les trois choses à
combattre étant la corruption, les détournements et le
gaspillage ; elle a mené à l’arrestation officielle de
quelque trois cent mille « renégats, agents spéciaux et
contre-révolutionnaires ».
C’est cette atmosphère
délétère de chasse aux sorcières que reflète le livre, dans le
contexte rural, et c’est l’un des attraits de la narration pour
le lecteur, comme une sorte de suspense. Mais l’autre attrait
vient du style, de la langue utilisée, en particulier dans les
dialogues : la langue reste du putonghua, mais réussit à
capturer des accents de dialectes des plaines du nord, malgré la
langue de bois marxiste par ailleurs.
En même
temps, Hao Ran écrit aussi des nouvelles, ainsi que
des histoires pour enfants. En 1974, il publie « Les
enfants de Xisha » (《西沙儿女》),
autre sommet de son art narratif, cette fois dans la
veine nationaliste : le récit reflète l’exaltation
patriotique née de l’invasion des îles de Xisha (ou
archipel des Paracels) le 15 janvier 1974 par les
troupes de Saïgon – invasion aussitôt repoussée par
les soldats chinois.
Le récit
est en deux parties, deux
nouvelles moyennes :
Zhengqi (“正气篇”)
et Qizhi (“奇志篇”).
La première des deux parties est publiée en juin
1974, mais le manuscrit a été achevé à la fin du
mois de mars, ce qui traduit bien la fièvre dans
laquelle il a été écrit, que l’on sent dans le
style, vif et rapide. Hao Ran a pourtant pris le
temps d’étudier les lieux et les événements, et ses
descriptions de la végétation tropicale, par
exemple, montrent bien le travail qu’il a fait pour
se documenter. |
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Les enfants de Xisha |
C’est l’histoire d’une
guérilla, et, comme dans ses deux grands romans précédents, le
récit est construit autour d’une figure de héros, le jeune Cheng
Liang, en butte à la rapacité et à la cruauté des
patrons-pêcheurs. La lutte des classes est encore le thème
principal, sur fond de patriotisme et de résistance aux
réactionnaires du Guomingdang aussi bien qu’à l’envahisseur,
anglais, japonais ou vietnamien. Car tous ces patriotes sont
unis en pensée, sous la constellation de la Grande Ourse, par
leur proximité de… Yan’an, là où se trouve « le timonier du
peuple chinois, le sauveur des pauvres ».
Hao Ran est au sommet
de sa carrière. Le 1er octobre 1974, à Pékin,
témoigne Michelle Loi,
« j’ai vu les
derniers romans de Hao Ran s’envoler dans toutes les mains, sur
les comptoirs de vente installés dans les parcs pour offrir les
nouveautés, pris d’assaut. Dans les salles de cinéma, la foule
des petits et des grands admirait les héros de « Jours
ensoleillés ». Dans la grande salle de réception de l’Assemblée
nationale, une place, cependant, restera vide … : celle de Hao
Ran, écrivain et député du peuple chinois. Il est resté, me
dit-on, passer les fêtes dans une de ses « bases », avec les
paysans ses camarades. »
En 1976, il est le seul
représentant des cercles littéraires parmi les deux cents
membres du Comité funéraire admis à veiller la dépouille du
président Mao.
Après la Révolution
culturelle
Au lendemain de la
chute de la Bande des Quatre, cependant, il traverse une période
difficile. En 1978, accusé d’avoir été un suppôt de la Bande des
Quatre, il est disqualifié comme représentant du peuple à la
séance d’ouverture du Vème Congrès.
Le monde ordinaire |
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Mais cela
ne dure pas. Dès 1979, il participe à la 4ème
Conférence nationale des écrivains et, dans les
années suivantes, voyage dans toute la Chine pour
des rencontres avec paysans et représentants du
gouvernement.
Pendant
l’hiver 1986, il s’installe avec sa femme dans la
ville-district de Sanhe, dans le Hebei (河北省三河市).
Nommé vice-gouverneur puis, à l’automne 1987,
gouverneur du bourg de Duanjialing (段甲岭镇), il y gagne une nouvelle expérience de la vie à la campagne et
continue à écrire. En 1987, il publie un roman, « Le
monde ordinaire » (《苍生》),
qui reflète les grands changements intervenus dans
l’agriculture et la société rurale chinoises dans
les années 1980. En février 1990, le roman est
couronné du prix littéraire décerné par la
municipalité de Pékin dans le cadre des célébrations
du 40ème anniversaire de la fondation de
la République populaire. |
Cette même année 1990,
Hao Ran est nommé, à sa création, Président de la Fédération des
lettres et des arts de Sanhe. En 1991, il lance une revue
trimestrielle : « Littérature du Monde ordinaire » (《苍生文学》).
En 1999, le
roman « Jours ensoleillés » figure parmi les cent
meilleurs romans du siècle sélectionnés par la revue
hongkongaise « Asia Weekly », pour sa peinture
vivante et en profondeur de la vie rurale en Chine.
En 2000, gravement malade, Hao Ran dicte son « Autobiographie
orale » (《浩然口述自传》),
qui vient compléter sa trilogie autobiographique :
« Une terre heureuse » (《乐土》), « Les sources de la vie » (《活泉》) et « Un rêve devenu réalité » (《圆梦》).
En juin
1993, il avait eu un premier accident vasculaire
cérébral. Le 11 novembre 2002, il en a un second,
très grave ; il est hospitalisé dans le coma et ne
s’en remettra pas. Il meurt le 20 février 2008, à
l’âge de 76 ans. Mais la légende survit. |
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Autobiographie orale |
Textes de référence
et publications
Un blog (en chinois)
consacré à l’auteur et à son œuvre :
http://blog.sina.com.cn/s/articlelist_2795939023_0_1.html
Publications par ordre
chronologique (nouvelles, recueils et romans)
http://blog.sina.com.cn/s/blog_4db0545b01019m1n.html
Traductions en
français
- Toujours le
premier à la tâche, in Littérature chinoise 1974.1, pp.
38-58
- Les enfants de
Xisha, trad. Liang Paitchin, préface de Michelle Loi, Alfred
Eibel éditeur, coll. La Chine d’aujourd’hui, Lausanne 1976
- Ma plume au
service du prolétariat, Alfred Eibel éditeur, coll. La Chine
d’aujourd’hui, Lausanne 1976
- Nouvelles de la
campagne chinoise, recueil de douze nouvelles, trad. notes
et présentation de Claire Jullien, Claude Lafue et Chantal
Séguy, préface de Michelle Loi, éditions Mazarine 1980.
Adaptations cinématographiques
Deux films
réalisés par Lin Nong (林农) au
Studio de Changchun
长春电影制片厂
:
-
Bright Sunny Skies
《艳阳天》1973
- The
Golden Road
《金光大道》coréalisé
avec
Sun Yu (孙羽), 1975
Un film réalisé
par Shui Hua (水华) au Studio de Pékin 北京电影制片厂
- Children of Xisha 《西沙儿女》1976
II. Les nouvelles de Hao Ran
III. La figure du héros chez Hao Ran
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Bright Sunny Skies, le film (1973) |
A lire en complément
Brève histoire de la littérature
pendant la Révolution culturelle
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