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Luo Ying et le devoir de mémoire,

du « Gène du garde rouge » à son adaptation au théâtre

par Brigitte Duzan, 17 octobre 2022 

 

 

Le gène du garde rouge, Gallimard 2015

 

 

C’est en 1995 que Luo Ying (骆英) a publié son recueil de poèmes narratifs intitulé Jùjué yōuyù  (《拒绝忧郁》), littéralement « adieu tristesse ». Le livre a été traduit en français et publié en 2015 sous le titre « Le gène du garde rouge » [1], mais le titre original a été repris pour l’adaptation au théâtre qui en est « librement inspirée » : « Adieu la mélancolie » [2]. Le recueil de poèmes est un témoignage et un cri du cœur, et l’adaptation théâtrale une réflexion en réaction à sa lecture, comme autant d’autres cris du cœur, en écho.

 

I. Le livre de Luo Ying

 

Jùjué yōuyù  (《拒绝忧郁》) est à la fois témoignage personnel sur la Révolution culturelle et confession, dans le genre « Confessions d’un tueur ». Mais ce témoignage, qui dépasse le genre de l’auto-confession publique pour devenir réflexion sur les conséquences et les séquelles d’une période de chaos initié par le pouvoir même, a pour originalité d’être écrite sous forme de poésie narrative pour constituer une ébauche d’histoire orale.

 

Poèmes narratifs pour une histoire orale

 

Le texte est une série de poèmes que l’on peut rapprocher du (), forme hybride entre prose et poésie qui s’est développée sous les Han en empruntant aux deux, ou plutôt du yuèfǔ (乐府), genre proche de la ballade, né lui aussi sous les Han ; reflétant une expression plus spontanée, à l’origine proche de la chanson populaire, ces poèmes narratifs célèbrent des thèmes populaires, l’amour, la guerre et les souffrances du peuple [3].

 

 

Poèmes choisis de Luo Ying, Pékin 2013

 

 

Si les poèmes de Luo Ying sont écrits pour être la mémoire de la Révolution culturelle, c’est sous une forme moderne, dans une langue de tous les jours, celle des gens ordinaires, passée à l’écrit sans correction pour mieux préserver leur mémoire. C’est une sorte de ballade populaire des temps modernes [4], comme dans les sociétés primitives qui utilisaient la poésie orale comme mode narratif. 

 

Ce qui est conté est ce que tout le monde a vécu, ce dont, l’ayant vécu, chacun garde le souvenir en lui. Dans son manuscrit original, l’auteur avait même conservé les vrais noms, dans un souci d’authenticité, pour que le témoignage ait d’autant plus de valeur et de poids. Même sans cela, cependant, il reste unique dans sa volonté de ne rien cacher, de restituer la réalité des événements dans toute leur cruauté et leur absurdité, pour que cela serve au travail de deuil et de mémoire, et pour éviter que cela se reproduise.

 

Ce que Luo Ying explore, c’est la question de l’oubli, sa signification et ses conséquences. Nous voyons renaître l’histoire à travers sa mémoire de témoin. Chaque poème est une biographie miniature d’une personne ordinaire : ses parents, ses frères et sa sœur, ses proches, puis toute la ville de Yinchuan. C’est en fait l’ensemble du petit peuple qui a été victime de la folie générée par la machine du pouvoir. La 3e session plénière du 11e Comité central du Parti (18-22 décembre 1978) a bien passé une résolution mettant fin aux pratiques de la Révolution culturelle, puis, en 1981, une déclaration du Parti a reconnu que Mao avait commis 30 % d’erreurs, mais il n’y a pas eu de débat, cela reste abstrait. Ce qui a été ainsi évité, c’est une narration concrète sur laquelle fonder la mémoire. Mais celle-ci étant refusée, entraînant une amnésie collective, rien n’empêche une catastrophe similaire de se reproduire.

 

 

Mémoires de la Révolution culturelle, édition taïwanaise

 

 

Telle est donc l’intention originale de Luo Ying : lutter contre l’oubli ou le déni de mémoire qui entraîne l’impossibilité de réfléchir rationnellement sur le présent et l’avenir ; purger le passé des démons qui hantent le narrateur et toute sa génération, les autres ayant été condamnés à l’amnésie collective pour mieux se consacrer au grand projet national : la course à l’argent, à la prospérité et de là à la puissance.

 

Une histoire qui n’est pas finie

 

Suite de courts tableaux, la narration est centrée sur les événements intervenus pendant la Révolution culturelle, mais Luo Ying fait précéder et suivre cette partie centrale d’un avant et d’un après : un préambule pour mieux comprendre et un épilogue pour mettre en garde.

 

1) Préambule : les causes

 

Tout commence par un prélude (引子) qui est un cauchemar : c’est la nuit des morts vivants, un carnaval des esprits errants venus hanter l’auteur/narrateur et l’empêcher de dormir. Suit une série de cinq tableaux comme un hommage funèbre aux parents disparus, aux frères et à la sœur. Luo Ying relate des souvenirs d’enfance éprouvants, à commencer par l’évocation initiale du père, en cinq parties.

 

Pour Luo Ying, la Révolution culturelle a en effet commencé avec le suicide de son père, avalant des médicaments après avoir été dénoncé comme contre-révolutionnaire dans le cadre du mouvement de « lutte contre les deux maux » au Ningxia (宁夏双反运动), au début des années 1960. Quels deux maux ? « La clique nationaliste locale » et « les malfaiteurs et autres maux » ( 反地方民族主义反党集团反坏人坏事运动).

 

Son corps a été jeté dans une fosse et, « faute de sépulture, il est devenu une âme errante » (父亲死了变成一个游魂因为他并没有坟墓+), alors :    

             她在一座座荒坟中走想找到她的男人的尸骨
             
             母亲向每一个坟堆鞠躬喊着她的男人的名字……  (《瘸腿的母亲》二)

             [la mère] est allée de tombe en tombe dans le désert chercher les os de son mari,

             … s’inclinant devant chaque butte en hurlant le nom du disparu. (La mère boiteuse, 2)

               

« Depuis lors, parce qu’il est mort comme un chien, [son fils] vit lui aussi comme un chien » (从此 他像狗死去了我呢像狗一样开始生存).

 

On a dans ce premier tableau-poème une image symbolique de la violence aveugle et froide de la « révolution », de ses origines absurdes et de ses conséquences : l’apprentissage de la violence comme élément du quotidien pour la génération des enfants, et comme unique moyen de survivre dans un monde devenu fou, avec l’impulsion irrationnelle, automatique, de considérer les autres comme des « insectes nuisibles » (“害虫”). Luo Ying livre ici une réflexion à la fois ironique et mordante : dans l’histoire de la nation chinoise, dit-il, est inscrite depuis la nuit des temps une logique de haine et de violence qui s’est ensuite nourrie du concept d’ennemi de classe (“阶级敌人”). Ces ennemis étant désignés par toutes sortes de noms d’un bestiaire fantastique, tels que  « buffles fantômes et esprits serpents » (“牛鬼蛇神” ), cela leur enlevait tout soupçon d’humanité, et on pouvait d’autant mieux les traiter de manière inhumaine.

 

Chacun des frères de l’auteur/narrateur est à son tour victime de la « haine de classe » comme fils de contre-révolutionnaire. Mais ils se rangent, adoptent l’idéologie ambiante, chantent les chants révolutionnaires, même s’ils chantent faux. Ils ont déjà perdu la capacité d’exprimer des sentiments, et la répression des sentiments entraîne la violence, comme un engrenage.

 

Cette première partie se termine par le portrait du narrateur/auteur, en cinq parties comme pour faire le pendant de celui du père : « Je m’appelle Huang Yuping » (《我的名字叫黄玉平》). Ce sont des souvenirs d’enfance cauchemardesques : la faim, les coups, le froid, et tout petit déjà le réflexe de la violence pour se défendre, pour se venger, pour survivre, y compris contre les loups. Traité comme un cafard, disputant sa nourriture aux vautours, manquant mourir plusieurs fois, à dix ans, il est Garde rouge. Et c’est alors que débute la deuxième partie de ses souvenirs : ceux de la Révolution culturelle, sanglants et absurdes (血腥,荒唐), sur lesquels il est difficile de revenir (不堪回首) , dit-il. On ne s’en étonne pas : les prémices sont bien posées. 

 

2) Souvenirs de la Révolution culturelle

 

On passe en quelques lignes de sa condition de gamin houspillé, battu, voleur et voyou, à celui de petit Garde rouge de Mao (毛主席的红小兵), pour lequel se battre est plus que jamais le mode de survie. Les méfaits et  atrocités gratuits se succèdent de tableau en tableau, de page en page. Luo Ying commence par dresser le cadre de ce nouveau mode de vie : « Le Petit Livre rouge », « La danse de la loyauté », La mangue », « Les plus hautes instructions », « Les dazibao »… (红宝书忠字舞芒果(革命圣物)、最高指示大字报”)

 

Puis il passe aux grandes campagnes auxquelles il a pris part, évidemment sans rien y comprendre, comme un automate au ressort bien remonté par les « instructions suprêmes » et toujours un plaisir malsain : « Le da chuanlian » (“大串联) [5], « La lutte contre les propriétaires fonciers » (“斗地主”), « La destruction des quatre vieilleries » (“破四旧”), « La déportation des cinq catégories noires » (“迁赶黑五类”). C’est l’histoire des campagnes de l’époque avec un côté à la fois cruel et dérisoire comme des batailles d’enfants des rues, avec des souvenirs marquants et obsédants : le suicide du vieux directeur d’école ou le passage à tabac du malheureux propriétaire foncier qui avait survécu à la Réforme agraire ; comme il reconnaissait toutes les fautes qu’ils voulaient lui faire reconnaître, les gamins se déchaînèrent :

             ……有人推到了老地主用脚踢他的头让他在地上翻滚
             马小红是个11岁女孩 泼辣无比 用手撕挠老地主的脸
             10岁 双手也卯足劲用铁拳狠击老地主的胃
             老地主无声无息后我们列队高唱毛主席语录歌曲回城
             
第二天我看见老地主儿女们撒着纸钱抬着一口棺材(《斗地主》)

             Quelqu’un lui décocha un coup de pied à la tête et l’envoya rouler par terre

             Ma Xiaohong  une petite fille de onze ans incroyablement agressive  lui griffa le visage

             Et moi à dix ans de toute la force de mes poings de fer j’ai frappé le vieux proprio à

             l’estomac

             Quand il a cessé de respirer on est rentrés en file indienne en chantant les citations du

             président Mao

             Le lendemain j’ai vu ses enfants porter son cercueil en lançant en l’air de la monnaie de

             papier.

                                                                                  (La lutte contre les propriétaires fonciers)

               

Ces morts décrites au fil des pages dans des termes analogues, sans le moindre sentiment ni fioriture, reviennent hanter la mémoire ; personne n’est resté indemne. Si c’était une révolution, elle tenait de la névrose collective, une folie telle que même les malades mentaux (comme Liu le forgeron《刘铁匠》) étaient exécutés pour espionnage, dans son cas parce qu’on ne comprenait pas ce qu’il disait et que cela pouvait être du russe…

 

Les scènes de mise à mort se succèdent, dont témoigne le petit Garde rouge, à la fois acteur et témoin en marge de l’histoire. On pourrait multiplier les exemples, mieux vaut lire le livre. Il en ressort un constat tragique : la Révolution culturelle n’était pas un mouvement de masse  (运动群众), les prétendues « masses populaires » (人民群众) recouvrent un identité collective où les individus avaient perdu toute liberté. Derrière tout cela était un homme utilisant les masses pour déchaîner la violence aveugle contre les masses, c’était une guerre civile érigée en politique pour conserver le pouvoir. Témoin le poème de la « Bataille du Pont du Pouvoir » (《掌政桥之战》) qui dépeint la lutte à mort entre deux factions de Gardes rouges : un combat qui s’est réellement passé à Yinchuan en août 1967. 

 

En dernier ressort, selon ces « Mémoires », la Révolution culturelle était un mode primitif de vengeance légitimé, avec une surenchère constante entre groupes rivaux, la satisfaction de désirs irrationnels de destruction et de persécution – désirs toujours latents, donc danger toujours présent.

 

On peut avoir lu bien des récits d’atrocités commises pendant ces dix ans de chaos meurtrier, on pourrait même en dresser des pages de bibliographie, les scènes de tueries aveugles décrites par Luo Ying sont d’une telle violence qu’elles en sont obsédantes. C’est de la narration coup-de-poing, digne d’un Garde rouge, un Garde rouge conscient et non repenti sinon sans regret, mais hanté par le passé.

 

3) Épilogue : une génération perdue, mais toujours garde rouge

 

Dans la troisième partie, Luo Ying dresse une sorte de mémorial en vingt-deux tableaux des disparus de sa génération qu’il a vu tomber victimes de la violence ambiante, cette génération que l’on dit perdue. Mais il poursuit sa réflexion au présent dans la quatrième et dernière partie, où le texte prend une signification explosive inédite : les germes de haine et de violence n’ont pas disparu, le gène du garde rouge (“红卫兵基因) [6] est toujours là, dans les esprits de cette génération.

 

C’est ce gène qui lui a permis de survivre aux lendemains de la Révolution culturelle, dans le contexte de « l’ouverture », en répondant au diktat de l’enrichissement comme il avait suivi les « directives suprêmes » auparavant. Et de raconter crûment comment grâce à ce gène il a liquidé ses ennemis pour fonder une entreprise florissante et fait fortune. Il est maintenant à la tête d’un empire immobilier.

 

Ce gène perpétue la culture de violence et l’esprit de voyous sans scrupules. Les chefs de services sont des voleurs, les directeurs s’éliminent entre eux, tout le monde est corrompu. Luo Ying ne le dit pas expressément, mais on pense en refermant le livre que les dirigeants au pouvoir aujourd’hui sont eux aussi d’anciens gardes rouges, y compris les diplomates dont le vocabulaire même trahit le passé ; ils se disent des loups, mais sont simplement les héritiers d’une politique de violence érigée en institution aveugle, dirigée contre « les masses populaires » pour préserver un pouvoir qui ne peut se maintenir qu’ainsi. Ces « Mémoires » sont un terrible réquisitoire.

 

II. L’adaptation au théâtre : Adieu la mélancolie

 

Le livre a été adapté au théâtre en France, sous un titre repris du texte original de Luo Ying, mais légèrement modifié : « Adieu la mélancolie » (《永别了忧郁》). Le spectacle, monté par Roland Auzet, dans une adaptation de Pascale Ferran, est une coproduction du Théâtre de Saint-Nazaire où la troupe constituée pour l’occasion a été en résidence pendant l’été 2022. Il est parti en tournée le 23 septembre, passant par le théâtre des Quartiers d’Ivry du 30 septembre au 8 octobre, avant de repartir en province du 19 octobre au 8 décembre.

 

 

Adieu la mélancolie

 

 

C’est une très libre adaptation, qui est plus une réflexion multifocale sur le texte des poèmes, ou même une réaction à la lecture de ce texte, qu’une adaptation à proprement parler.

 

Écriture de plateau et création collective

 

Le spectacle débute par une vidéo transmettant dans la salle la discussion qui se passe à l’extérieur : une discussion animée entre le metteur en scène et les acteurs sur leur réaction au texte, justement, disant en quoi ils se sentent concernés par ces « souvenirs de la Révolution culturelle ». Metteur en scène de fiction interprété par un acteur comme le sera Luo Ying à la fin, mais acteurs vrais réagissant « pour de vrai » comme disent les enfants.

 

Les acteurs et actrices sont chinois.e.s ou d’origine chinoise [7], l’amnésie collective de cette période sanglante de « leur » histoire les touche particulièrement, comme une sorte de responsabilité collective à assumer, ou ne pas assumer, en en débrouillant les causes et les conséquences ; même le metteur en scène, français, le vrai ou le faux, on ne sait plus, a une histoire personnelle qui lui donne des raisons de se sentir concerné : son père était maoïste, explique-t-il… L’adaptation ajoute donc à la dénonciation des excès commis en Chine une attaque contre la responsabilité de tous ceux, en Occident, qui ont été aveuglément maoïstes et ne s’en sont jamais réellement repentis [8].

 

 

Adieu la mélancolie, acteurs sur fond d’images de la Révolution culturelle

 

 

Le spectacle est donc conçu comme une création collective [9], où chaque interprète apporte sa vision personnelle, ses angoisses, son indignation, sa fureur, les cris de colère voire de désespoir étant ponctués par des apparitions d’un spectre exalté, drapeau rouge au poing, émanant du passé, en la personne du jeune Gaping, prénom de Luo Ying dans sa jeunesse. À la violence du discours s’ajoutent celle de l’image et du son : le spectacle est immergé dans des éclats de vidéos projetées sur les côtés de la scène et les cintres, plongeant la scène dans des images de la Révolution culturelle où domine le rouge, et il est par ailleurs scandé par une musique tout aussi violente aux percussions et par la voix formidable de la chanteuse Kim-Thuy Nguyen Clair.

 

Le texte est calqué sur les poèmes de Luo Ying, mais viennent s’y ajouter des portraits personnels émanant de chaque interprète, comme des appendices à la longue liste des victimes de l’hécatombe. Le personnage de Sydney Rittenberg, interprété par le grand acteur Yann Colette, est un autre ajout, mais qui peine à s’intégrer dans l’ensemble. On atteint ici les limites du genre.

 

Sur tout le spectacle plane le fantôme de Luo Ying. Il ne prend forme qu’à la fin, dans une autre vidéo qui fait le pendant de celle du début, sous les traits d’un acteur qui lui ressemble : Yves Yan [10]. Il nous assène alors les dernières paroles de Luo Ying nous mettant en garde contre la résurgence toujours possible de la catastrophe de la Révolution culturelle tant qu’on n’en aura pas purgé la mémoire en éliminant l’esprit qui en survit, et dont il est un vivant témoin.

 

Une initiative de Luo Ying [11]

 

L’idée du spectacle est née d’une rencontre à Shanghai (avant le confinement) entre Roland Auzet et Luo Ying, alors qu’Auzet était à Shanghai pour donner des cours d’art dramatique. L’initiative vient de Luo Ying. Il semble assumer ainsi sa responsabilité dans le travail de mémoire qu’il paraît bien seul à pouvoir ou vouloir mener aujourd’hui.

 

 

Luo Ying, interprété par Yves Yan

 

 

Le scénario initial développé par Auzet avec Pascale Ferran a été traduit en chinois et la traduction validée par Luo Ying. La pièce a ensuite évolué au gré des répétitions, passant par plusieurs moutures successives avec diminution progressive de la part consacrée au texte final de Luo Ying et ajout, entre autres, des bios personnelles des interprètes.

 

Luo Ying a assisté aux représentations jusqu’au 6 octobre, mais sans chercher à influer sur la mise en scène. Il n’a donné que quelques indications à Yves Yan, sur son regard : il devait fixer l’auditoire sans fléchir, « comme un tueur », car c’est ainsi qu’est son propre regard, ce qui lui a permis de réussir dans la vie, a-t-il expliqué.

 

Après la dernière représentation en province, le 8 décembre, le spectacle va partir en tournée mondiale.

 


 


[1] Le gène du garde rouge, souvenirs de la Révolution culturelle, trad. Xu Shuang et Martine de Clercq, préface de Jacques Darras, Gallimard, 2015.

Le livre en chinois est introuvable en Chine, à part le prélude et les six chapitres de la première partie qui ont été publiés dans un recueil de  « Poèmes choisis de Luo Ying » (骆英诗选) paru à Pékin, aux éditions de l’Association des écrivains (作家出版社), en mai 2013, pp. 239-274.

Autrement, une version en caractères traditionnels a été publiée à Taiwan, mais sous un titre différent : « Mémoires de la Révolution culturelle » (《文革記憶》). C’est cette édition qu’ont lue les acteurs.

[2] Adieu la mélancolie, spectacle de Roland Auzet, adaptation de Pascale Ferran, en tournée en France à partir de septembre 2022, dont au Théâtre des Quartiers d’Ivry du 30.09 au 08.10.2022 :

https://www.theatre-quartiers-ivry.com/saison/spectacle/adieu-la-melancolie.htm

[4] Xiàndài xiānyáo現代鄉謠selon le professeur et critique littéraire Geng Zhanchun (耿占春) dans sa présentation du livre dans son édition taïwanaise : https://www.books.com.tw/products/0010640391

Il a également présenté cet ensemble de poèmes comme étant écrit pour être une oraison funèbre, un chant de deuil et d’adieu (为了哀悼、服丧与告别的写作). Voir :
https://difangwenge.org/forum.php?mod=viewthread&tid=21380

[5] Le mouvement qui a permis aux jeunes de voyager gratis dans tout le pays pour établir des contacts entre eux.

[6] C’est le titre du « poème » n° 13 de la dernière partie (p. 197 de la traduction française).

[7] Les principales actrices chinoise ou d’origine chinoise sont Lin Chun-TingAngie Wang, Yang Yilin et Lucie Zhang, auxquelles il faut ajouter l’acteur Mao Jinxuan et la comédienne d’origine algérienne Hayet Darwich, également assistante de Roland Auzet.

[8] On pense à la « maophilie » de la revue « Tel Quel » au début des années 1970, et au fameux voyage en Chine de l’équipe éditoriale, aboutissant au numéro 75 de la revue (automne 1974) intitulé « En Chine », arborant en couverture un extrait du poème « La Longue Marche » dans la calligraphie de Mao lui-même. Barthes, qui avait été entraîné dans l’aventure, en a fait un rapport satirique à son retour en publiant ses « Carnets du voyage en Chine ». Les autres mettront des années pour virer leur cuti, Philippe Sollers en 1981 seulement, pour passer du maoïsme au taoïsme avec la même passion.

[9] Création collective qui rappelle le travail du Théâtre du Soleil.

[10] Non seulement Yves Yan ressemble à Luo Ying, ils ont en outre un parcours semblable, même si Luo Ying a neuf ans de plus. Ils sont tous deux originaires du nord de la Chine, ont tous deux travaillé dans un ministère, et sont même tous deux adeptes du bouddhisme tibétain.

[11] D’après un entretien avec Yves Yan le 9 octobre 2022, à la suite de la dernière représentation de la pièce au théâtre d’Ivry.

 

 

     

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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