Zhang Xian
张弦
1934-1997
Présentation
par
Brigitte Duzan, 9 décembre 2025
Écrivain
et scénariste né en 1934, Zhang Xian (张弦)
est resté célèbre pour les scénarios qu’il a adaptés
d’œuvres littéraires, à commencer par ses propres nouvelles,
et d’abord l’un de ses plus grands succès, « Un coin oublié
par l’amour » (《被爱情遗忘的角落》),
coréalisé par
Li Yalin (李亚林)
en 1981. C’est aussi le témoin d’une époque.
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Zhang Xian |
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De
la métallurgie à la littérature et au cinéma
En 1943,
son père, petit employé de banque à Nankin, meurt dans la
misère. Zhang Xian est élevé par sa mère et sa sœur aînée à
Nankin. Au début de 1949, il termine ses études secondaires
à Nankin. En 1951, il est admis dans le département de
métallurgie de l’Institut de technologie de la Chine du
Nord. Puis, en 1952, cet Institut est fusionné avec
l’université Qinghua à Pékin, Zhang Xian est alors admis
dans le cours spécialisé de machines-outils pour la
métallurgie de l’université Qinghua (清华大学冶金机械专修科).
Il entre à la Nouvelle Ligue démocratique de la jeunesse (新民主主义青年团)
et lit beaucoup.
Après
avoir obtenu son diplôme, en 1953, il est affecté comme
technicien à l’Institut de design de la société
métallurgique d’Anshan (鞍钢设计院当技术员).
C’est alors qu’il écrit son premier scénario, « La belle
époque » (《锦绣年华》),
sur les conflits entre les ouvriers d’une usine et leurs
chefs, conservateurs hostiles aux idées nouvelles. Il
commence à publier des nouvelles en 1956, et à les adapter
en scénarios pour le cinéma, à commencer par « Le
représentant de la partie A » (《甲方代表》),
adaptée au cinéma en 1958 sous le titre « Une fille de
Shanghai » (《上海姑娘》) ;
le film a été réalisé par Cheng Yin (成荫)
au studio de Pékin.
En 1957,
Zhang Xian est accusé d’être « droitier » à cause de la
novella « Amère jeunesse » (《苦恼的青春》)
qu’il prévoyait de publier. Il est réhabilité en 1960. En
1961, il co-écrit un livret d’opéra, mais en 1972 il est
envoyé se rééduquer à la campagne dans l’Anhui, à Ma’anshan
(马鞍山).
Outre ses travaux dans les champs, il est gardien du cinéma
de Ma’anshan.
Il revient
à Nankin en 1977 et recommence tout de suite à écrire, dans
une période d’ouverture extrêmement fertile tant pour la
littérature que pour le cinéma.
Écrivain et scénariste réputé
En 1978,
sa nouvelle « La Mémoire » (《记忆》)
obtient le prix de la meilleure nouvelle de l’année. Il est
réhabilité l’année suivante et entre à l’Association des
écrivains chinois. En 1980, il est élu vice-président de la
Fédération des cercles littéraires et artistiques.
Sa
nouvelle la plus célèbre, et la plus traduite, « Un coin
oublié par l’amour » (《被爱情遗忘的角落》),
est parue dans le 1er numéro de 1980 de la revue
Littérature de Shanghai et a été primée la même année. Sa
traduction en français est parue dans le numéro du 1er
trimestre de 1983 la revue Littérature chinoise. Dans sa
brève introduction, le rédacteur en chef
Yang Xianyi
mentionnait que le film de Li Yalin était projeté au même
moment dans toute la Chine. Le scénario a été primé au 2ème
festival du Coq d’or. Le film a contribué à la notoriété de
Zhang Xian.
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Un
coin oublié par l’amour, le film |
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En 1983
paraît sa novella « L’incassable fil rouge » (《挣不断的红丝线》).
En même temps il écrit le scénario du film « Vive la
jeunesse » (《青春万岁》)
adapté de la nouvelle de
Wang Meng (王蒙)
et réalisé par
Huang Shuqin (黄蜀芹).
En 1985, il est le scénariste du film « Printemps en
automne » (《秋天里的春天》)
réalisé par Bai Chen (白沉).
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Vive
la jeunesse, Huang Shuqin 1983 |
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« Un coin
oublié par l’amour » avait été réalisé au studio Emei du
Sichuan. En 1986, c’est Zhang Xian qui est choisi par ce
même studio pour écrire le scénario adapté de la novella de
Lu Wenfu (陆文夫)
« Le
Puits » (《井》).
La plupart des nouvelles et scénarios de Zhang Xian ont pour
thème le destin d’une femme et les problèmes du mariage et
de la famille. « Le Puits » était parfaitement en symbiose
avec ses préoccupations. Le scénario est un succès, en
particulier pour la réflexion sur le sort de Xu Lisha à la
fin, illustrant la pensée de Zhang Xian faisant écho à ce
qu’ont dit nombre d’écrivains classiques dans la mouvance du
4 mai, Lu Xun, Lao She et autres : c’est au degré de
libération de la femme que l’on mesure celui de la société (妇女解放的程度,是衡量社会解放程度的标志。).
La même
année est sorti le film de
Xie Fei (谢飞)
« La
jeune fille Xiaoxiao » (《湘女萧萧》),
sur un scénario de Zhang Xian adapté de la nouvelle de
Shen Congwen (沈从文)
qui défendait, lui, la vieille tradition des épouses-enfants
à la campagne. La fin du film, en 1986, montre en revanche
que les temps ont changé…
L’année
suivante, Zhang Xian est aussi le scénariste du film « Amour
sous le gingko » (《银杏树之恋》)
de la réalisatrice du studio de Pékin
Qin Zhiyu (秦志钰)
sorti en 1988, sur le thème des problèmes conjugaux. Le film
marque aussi ses propres problèmes avec son épouse Zhang
Ling (张玲).
Zhang Xian est le scénariste des deux films suivants de
Qin Zhiyu.
En 1992,
il a été le coscénariste de la série télévisée « Tang
Minghuang » (《唐明皇》)
adaptée du roman de Wu Yinyi (吴因易)
et réalisée par Chen Jialin (陈家林),
et en 1995 celui du documentaire historique « Yang Kaihui »
(《杨开慧》)
réalisé par Qin Zhiyu (秦志钰)
– le film relate les 20 dernières années de la vie de la
deuxième épouse de Mao, de son arrestation en 1930 à sa
mort.
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Yang
Kaihui, le film (1995) |
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Zhang Xian
est décédé en mars 1997, à l’âge de 63 ans, d’un cancer du
pancréas.
In
memoriam
Son épouse
Zhang Ling (张玲)
était morte deux ans auparavant, elle aussi d’un cancer du
pancréas. Zhang Xian s’était aussitôt remarié avec Qin
Zhiyu.
Qin Zhiyu
a publié une édition posthume d’œuvres de Zhang Xian, y
compris son essai « Le filet de l’amour » (《情网》)
en défense de Sai Jinhua (赛金花)
que la revue Octobre avait refusé de publier au début des
années 1980.
Elle est décédée au début de 2011… d’un cancer du pancréas.
Zhang Xian
est le père du réalisateur Zhang Jiahe (张家和).
Sa fille Zhang Wei (张为)
est également scénariste.
À lire
en complément
Le
témoignage de Zhang Shouren (张守仁),
en souvenir de son ami Zhang Xian, de Zhang Ling et de Qin
Zhiyu :
https://www.chinawriter.com.cn/n1/2018/0907/c404030-30279465.html
Traduction en français
Un coin
oublié par l’amour, trad. Liu Fang, Littérature chinoise, 1er
trimestre 1983, pp. 119-140.
Traductions en anglais
- “A Corner Forsaken by Love”, tr. Hu Zhihui. Chinese
Literature 11 (1982): 5-26.
Also in Contemporary Chinese Short Stories. Chinese
Literature, 1983, 42-70.
Also in Helen F. Siu and Zelda Stern, eds., Mao’s
Harvest: Voices From China’s New Generation, Oxford
University Press, 1983, 106-124. Also trans. by Katherine Lu
as “A Place Forgotten by Love” in Lee Yee, ed., The New
Realism: Writings From China After the Cultural Revolution.
Hippocrene Books, 1983, 244-60.
- “The Widow”, tr. Howard Goldblattt and Ellen Yeung, in
Michael S. Duke ed., Contemporary Chinese Literature: An
Anthology of Post-Mao Fiction and Poetry, M.E. Sharpe,
1984, 1985, 91-97.