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				Club de lecture de littérature 
				chinoise (CLLC) 
				
				Compte rendu de la séance du 20 
				décembre 2023 
				
				et annonce de la séance suivante 
				
				par Brigitte Duzan, 24 décembre 2023 
				  
				Cette dernière 
				séance de l’année était consacrée à 
				
				
				Feng Menglong (冯夢龙) et 
				à trois de ses recueils de contes traduits en français : 
				
				  
				- La 
				tunique de perles, recueil de douze contes tirés du premier 
				des « Trois Propos » (Sān yán
				
				
				三言), le
				
				
				Yùshì míngyán 
				
				ou « Propos éclairants pour édifier le monde » (《喻世明言》). 
				
				Éditions des langues étrangères de Pékin, 1993, 295 p. 
				
				Et/ou : 
				
				- La vengeance de Cai Ruihong, recueil de treize contes 
				tirés du troisième des « Trois Propos », le Xǐngshì héngyán ou 
				« Propos éternels pour éveiller le monde » (《醒世恆言》)  
				
				Éditions des langues étrangères de Pékin, 1995, 388 p. 
				
				  
						
							|  | 
							 
							La tunique de perles, 
							édition des langues étrangères |  |    
				
				Et attribué à Feng Menglong, mais … 
				
				- Le Vendeur d’huile qui conquiert Reine de beauté, récit 
				tiré du troisième Propos, traduit sous la direction de Jacques 
				Reclus, préface de Pierre Kaser, éd. 
				
				Philippe Picquier, 1990, 91 p. 
				
				- Ou la traduction anglaise : The Oil Vendor and the 
				Courtesan, Tales from the Ming Dynasty, tr. 
				
				Ted Wang and Chen Chen, Welcome Rain Publishers, NY, 2007. 
				
				- On pourra aussi consulter par curiosité la première traduction 
				de ce texte en français, par Gustave Schlegel, en 1877 : Le 
				vendeur d’huile qui seul possède la Reine-de-beauté, ou 
				Splendeurs et misères des courtisanes chinoises. Original 
				conservé à la BnF et 
				
				
				numérisé par Gallica. 
				  
						
							|  | 
							 
							Le Vendeur d’huile qui 
							conquiert Reine de beauté |  |    
						
							|  | 
							 
							The Oil Vendor and the 
							Courtesan |  |    
				Le programme 
				comportait en outre trois textes supplémentaires disponibles en 
				ligne, original et traduction, 
				mais personne ne les a lus : le club est très attaché au papier, 
				et pour beaucoup des membres au plaisir de chercher un livre 
				difficile à trouver – ce qui était le cas des deux éditions des 
				langues étrangères de Pékin - et, l’ayant trouvé, d’en tourner 
				les pages.  
				  
				Les rangs 
				étaient quelque peu éclaircis par l’appel du large – le voyage 
				s’avère le concurrent direct du club sinon de la lecture - mais 
				aussi par la proximité des examens pour certaines et l’approche 
				des fêtes pour d’autres. Ce qui a permis à chacun.e des 
				présent.e.s de s’exprimer librement, sans nul besoin d’avoir à 
				limiter son temps de parole.  
				  
				Feng Menglong 
				en est sorti gagnant : tout le monde a bien aimé ses histoires, 
				et pour des raisons très diverses. En ce sens, il continue sur 
				sa lancée d’auteur populaire, dûment promu d’ailleurs en son 
				temps par ses éditeurs… popularité à relativiser, cependant, 
				comme le souligne Patrick Hanan dans son ouvrage de référence « The 
				Chinese Vernacular Story » : « Tous les recueils que Feng a 
				préparés étaient superbement édités, avec de belles 
				illustrations, d’abondantes notes et une ponctuation soignée. Il 
				a contribué à populariser la littérature vernaculaire auprès 
				d’un vaste public… mais pas des plus pauvres. » 
				
				
				 
				Avec ses illustrations, la littérature vernaculaire à la fin des 
				Ming est devenue en fait objet de collection pour les lettrés 
				qui y goûtaient ainsi à la fois la perpétuation de l’art du 
				conteur et le plaisir esthétique trouvé dans la peinture. C’est 
				un autre aspect de ces histoires que l’on a tendance à oublier. 
				  
				
				Communications in absentia 
				  
				Quoi qu’il en 
				soit, c’est surtout de plaisir de lecture dont il a été 
				question durant cette séance, avec les diverses nuances 
				habituelles… et un souffle de brise marine envoyé par Martine 
				B. pour se faire pardonner et de n’être pas là et de n’avoir 
				rien lu. Mais la brise était bienvenue. 
				  
				Geneviève 
				B. 
				avait renoncé à venir, « à demi noyée » sous l’avalanche des 
				tâches accumulées en fin d’année, mais elle avait lu quelques 
				contes, dans une « version éditée et traduite en anglais par le 
				poète contemporain Wang Guozhen » 
				
				
				. 
				Elle a trouvé l’anglais « insipide », mais bien apprécié dans 
				ces récits :  
				« - leur 
				« haute tenue » (confucéenne), 
				- l’importance 
				des chefs de clan qui, par leur travail dans la société, 
				parvenaient à élever leur clan à une position favorable et à 
				accumuler un prestige symbolique au sein de leur communauté,
				 
				- le rôle des 
				femmes,
				
				leur perspicacité et leur endurance  dans le malheur, leur 
				permettant d’arriver à construire une famille, comme dans le 
				conte du vendeur d’huile. » 
				
				  
				
				
				Geneviève 
				
				dit adorer les contes en général, et en particulier ceux 
				d’Andersen traduits du danois par Régis Boyer 
				
				
				, 
				mais ceux de Feng Menglong l’ont surprise par leur concision, et 
				leur défaut de développements poétiques.  
				  
				
				Avis 
				in praesentia  
				  
				-     Marion 
				J. 
				a beaucoup aimé l’humour et les rebondissements de ces récits 
				qu’elle a rapprochés de notre littérature du 17e 
				siècle. Ainsi les médecins peuvent donner des scènes aussi 
				cocasses que chez Molière, comme dans « Le rendez-vous secret de 
				Wu Yan » 
				
				
				. 
				  
				[La maladie 
				est un thème récurrent dans les histoires de Feng Menglong, 
				comme dans la littérature vernaculaire ancienne, et elle donne 
				lieu à des rebondissements dans les intrigues, souvent comme une 
				sorte de châtiment prédestiné, au même titre que la pauvreté, 
				voire, feinte, comme un stratagème pour une femme désirant 
				séduire un moine ou voulant se protéger. Voir à ce sujet la 
				thèse sur « les histoires médicales dans la fiction vernaculaire 
				chinoise de la période impériale tardive » : 
				
				
				https://escholarship.org/content/qt2bm4160b/qt2bm4160b_noSplash_4c1dae4e8ce2ca70f23768585 
				
				
				228e0a1.pdf?t=qll0tk] 
				  
				Marion 
				a particulièrement apprécié les détails de la vie courante, 
				montrant combien elle devait être dure : deuil pendant trois 
				ans, torture courante, époux séparés pendant des mois, le mari 
				partant travailler au diable vauvert, surtout quand il était 
				marchand, dettes encourues pendant des années, cruauté générale 
				(un jaloux allant jusqu’à défaire les bandages des pieds d’une 
				femme). Et justement vie dure surtout pour les femmes, cloîtrées 
				chez elles sans pouvoir mettre le nez dehors, et soumises à la 
				loi du mari et aux filouteries des entremetteuses autant qu’à la 
				lubricité généralisée jusque chez les moines. À ce propos, elle 
				s’est étonnée et amusée de la crudité de certains passages. 
				Rabelais est évoqué.  
				  
				Et pour 
				terminer, elle remarque en riant : de la liste des différents 
				mariages, celui qui est voué à finir mal est celui conclu sur un 
				coup de foudre. 
				  
				[Remarque qui 
				rejoint les derniers vers en exergue de « La tunique de perles » 
				(Jiang Xingge retrouve sa tunique de perles《蒋兴哥重会珍珠衫》), 
				le premier des récits des Yushi mingyan  :  
				
				                Gardez-vous de courir richesses et plaisirs / 
				vous vous épargnerez bien des ennuis. 
				Ce qui 
				pourrait être la morale générale de tous ces récits. ] 
				  
				-     Françoise 
				J. 
				a retenu de toutes ces histoires la riche galerie de personnages 
				(marchands et artisans, prostituées et courtisanes, 
				entremetteuses et servantes, moines et nonnes, voleurs et 
				brigands….), et savouré l’histoire de « La tunique de perles », 
				en particulier, « comme on suce un bonbon ».  
				  
				Elle a noté 
				l’entrée en matière avec précisions sur le lieu, l’époque, puis 
				ensuite la narration visant à l’édification morale, le mariage 
				étant donné comme solution idéale et finale au sort des filles – 
				ce qui n’empêche pas les femmes, sous des dehors soumis, d’avoir 
				du caractère et de s’arranger au besoin prestement de la morale. 
				  
				Oui, remarque
				Christiane P., la morale est très souple, dans le peuple, 
				même chez les bonzesses. Ainsi, dans « Le testament » 
				
				
				, 
				le magistrat réputé vertueux est quand même retors : il invoque 
				l’esprit du défunt pour se faire payer plus que ce qui lui avait 
				été promis au départ.  
				  
				-     MRC
				a 
				lu les récits en chinois, comme à son habitude, mais plus 
				lentement car c’est une langue ancienne qui, bien que plus aisée 
				à comprendre que le wenyan classique, n’est pas 
				totalement fluide pour le lecteur chinois d’aujourd’hui. Cela 
				rend particulièrement sensible l’appauvrissement de la langue 
				chinoise aujourd’hui, dit-il.  
				Mais tout le 
				monde s’accorde pour trouver que c’est la même chose partout. 
				  
				MRC 
				en gardait quelques souvenirs car certains de ces récits 
				figuraient dans les manuels scolaires quand il était écolier. Il 
				se souvenait en particulier de l’histoire de Du Shiniang : « Du 
				Shiniang de colère jette à l’eau son coffret aux cent trésors »  
				(《杜十娘怒沉百宝箱》)
				
				
				
				. 
				La malheureuse ayant été vendue par sa famille à une maison 
				close, elle tente de sortir d’une vie de courtisane en épousant 
				un garçon de bonne famille, mais celui-ci en fait la vend pour 
				une poignée de taels à un riche marchand… Plutôt que d’accepter 
				ce sort, Du Shiniang préfère se suicider. 
				  
				À l’école, 
				raconte MRC, on leur avait présenté Du Shiniang comme une 
				victime de la société « féodale » patriarcale, où les femmes 
				étaient réprimées par les lois familiales et sociales. Mais Du 
				Shiniang avait de hautes valeurs morales et a préféré la mort 
				plutôt que d’accepter l’injustice et l’ignominie de son sort. 
				C’était une rebelle, en lutte contre les normes féodales. Un 
				modèle, en quelque sorte. 
				  
				MRC 
				a regardé sur CCTV [la télévision nationale chinoise] des séries 
				adaptées de cette histoire dans les années 1990.  
				[mais il y a 
				aussi un superbe film - remake d’un film plus ancien de 1940 - 
				produit aux studios de Changchun en 1981, réalisé par Zhou Yu (周予) 
				avec l’actrice Pan Hong (潘虹) 
				dans le rôle principal : 
				
				
				https://www.youtube.com/watch?v=UmAmpFOx3Us  
				] 
				  
				En outre, il a 
				écouté une conférence sur internet sur les récits de Feng 
				Menglong : le thème général concernait les personnages des 
				marchands et courtisanes, personnages souvent très riches, 
				surtout les premiers, et disposant de capital. Et pourtant, le 
				capitalisme ne s’est pas développé en Chine. L’une des raisons 
				étant que, dans la société confucéenne traditionnelle, les 
				marchands étaient au bas de l’échelle sociale, comme les 
				prostituées justement. On a dans ces récits l’illustration des 
				blocages de la société qui n’ont pas permis l’émergence d’une 
				petite bourgeoisie capitaliste. 
				  
				[Voir à ce 
				propos l’étude de Claire Lebas (Université de Rennes 2) : « Les 
				marchands dans la société chinoise, éléments historiques, 
				conceptuels et littéraires : étude d'une sélection de nouvelles 
				du Sanyan de Feng Menglong ». 
				
				À télécharger.] 
				  
				Par ailleurs,
				MRC propose deux caractères pour définir ces narrations :
				qí (奇), 
				étrange, surprenant, et qiǎo (巧), 
				par hasard, par coïncidence. Les hasards et coïncidences sont en 
				effet nombreux dans les intrigues, justifiant  l’expression 
				« sans coïncidence (ou hasard) pas d’histoires » (wu qiao bu 
				cheng shu无巧不成书 
				). En fait, le hasard n’en est pas toujours un car il y a 
				souvent une logique ou des raisons cachées qui rapprochent deux 
				personnages.  
				Oui, dit 
				Christiane P., on sent parfois l’effort pour rendre une 
				histoire crédible malgré tout. 
				  
				Marion J. 
				voit là encore un parallèle chez Molière où les coups du sort 
				sont souvent inattendus.  
				[Ainsi dans 
				« L’Ecole des femmes », par exemple, l’idée qu’on ne peut guère 
				se prémunir contre le cocuage, jusqu’à en faire une défense 
				comique : 
				« Ce sont 
				coups du hasard dont on n’est point garant, 
				Et bien sot, 
				ce me semble, est le soin qu’on en prend » (I,1) ] 
				  
				- 
				Christiane P. a été sensible à la peinture des mentalités et 
				de la vie quotidienne, et tout particulièrement celle des 
				femmes.  
				    
				 
				Elle a vu dans 
				le contexte social et la pensée en contrepoint un mélange de 
				taoïsme, de confucianisme et de bouddhisme. Par exemple, dans le 
				récit « Chen Xiyi par quatre fois refuse la nomination 
				impériale » (《陈希夷四辞朝命》), 
				Chen Tuan (Xiyi) cultive le don de l’hibernation et du sommeil 
				et finit par atteindre l’immortalité à 118 ans, de la même 
				manière qu’un bouddhiste atteignant l’éveil – son corps est 
				resté souple même après sa mort.  
				  
				Christiane 
				a bien aimé l’histoire de l’incendie du temple Baolian, dernier 
				récit du recueil « La vengeance de Cai Ruihong » 
				
				
				. 
				Les moines sont souvent dépravés et lubriques, qu’ils soient 
				taoïstes ou bouddhistes, mais ceux du temple Baolian l’étaient 
				particulièrement : ils avaient organisé une immense entourloupe 
				pour faire croire aux gens du village en mal de descendance 
				qu’il suffisait de confier leurs femmes au temple pour qu’elles 
				tombent enceintes. Le juge Wang en a le cœur net en envoyant 
				deux prostituées pour servir d’appât. On a là une satire féroce 
				de la manière dont les moines abusaient de la crédulité et de la 
				superstition des villageois.   
				  
				Christiane 
				trouve aussi que les femmes de bonnes familles sont plus souvent 
				pardonnées que les autres, et qu’elles prennent plus facilement 
				des libertés avec la morale. Elle a aussi été frappée dans 
				certains récits par le rôle de la rumeur dans les villages. On a 
				là de véritables comédies sociales, dit-elle, parfois très 
				drôles comme dans l’histoire du rendez-vous secret de Wu Yan
				
				
				
				 
				où la jeune He, pour nourrir le garçon qu’elle cache sous son 
				lit, doit demander de la nourriture supplémentaire et finit par 
				être soupçonnée d’être atteinte de boulimie, d’où appel à des 
				médecins dignes de Molière (comme le disait Marion). La 
				morale à la fin est sauve de justesse.  
				  
				Celle qu’elle 
				a particulièrement appréciée, pour sa construction narrative, 
				est « La vengeance de Cai Ruihong » (《蔡瑞虹忍辱报仇》) 
				qui montre bien le poids de la tradition confucéenne. Dans ce 
				récit, la vengeance relève du devoir filial : il est dit dans 
				le » Livre des Rites » (Liji《禮記》) 
				qu’on ne peut pas vivre sous les mêmes cieux que l’assassin de 
				son père. C’est le cas de la jeune fille au centre du récit dont 
				toute la famille, sauf elle, a été décimée par des bandits. Elle 
				semble se soumettre à eux, mais ce n’est que pour mieux se 
				venger, après quoi il ne lui reste plus qu’à se suicider. 
				   
						
							|  | 
							 
							La vengeance de Cai 
							Ruihong  |  |  
				  
				À côté de ces 
				comédies de mœurs, Christiane a aussi été sensible à la 
				satire sociale de la corruption, tout autant que des 
				superstitions, comme dans « Treize morts pour une sapèque » (《一文钱小隙造奇冤》). 
				Mais dans l’ensemble, elle a beaucoup aimé les ficelles du 
				conteur/fabuliste, son humour, ainsi que la diversité des thèmes 
				et des dialogues, voire des discours de certains personnages 
				(l’entremetteuse par exemple, machiavélique). Certains récits 
				lui ont semblé très modernes, comme l’histoire des « lingots 
				voyageurs » du récit « Shi Fu homme de bien » 
				
				
				 
				où elle a trouvé un véritable monologue intérieur.  
				  
				- Dorothée 
				MS, 
				quant à elle, a lu un recueil de textes traduits en allemand, La 
				tunique de perles et autres, dans une collection intitulée 
				« Neuer chinesischer Liebesgarten » (anthologie d’histoires 
				d’amour chinoises de la période Ming).  
				  
				Elle a lu 
				l’histoire de « La tunique de perles » comme celle de Pénélope : 
				Pénélope dont on ne parle pas, elle ne fait qu’attendre, 
				attendre Ulysse qui, lui, voyage et a plein de trucs à raconter. 
				Mais justement, chez Feng Menglong, elle a trouvé qu’on ne sait 
				pas grand-chose, au contraire, des voyages des marchands, ni de 
				leur monde à eux.  
				  
				[Sauf celui 
				qui fait la fortune de sa maîtresse dans le récit tiré du 
				dernier des San Yan : « Indigné, le vieux valet Ah Ji fait la 
				fortune de sa maîtresse » (《徐老仆义愤成家》). 
				En effet, ce sont justement ses diverses transactions, et le 
				flair aussi bien que l’esprit d’entreprise avec lesquels il les 
				mène à bien, qui constituent le cœur de l’intrigue, et les 
				détails sont importants pour montrer son irréfragable probité]. 
				  
				En revanche, 
				elle a apprécié les détails pratiques de la vie quotidienne, et 
				en particulier le coût exorbitant des entremetteuses… 
				 
				  
				- Sylvie D. 
				a choisi pour sa part une adaptation en bande dessinée de « La 
				tunique de perles » (rebaptisée « perlée ») parue chez You Feng. 
				C’est une réduction du texte, mais en version bilingue, avec 
				transcription pinyin, que Sylvie a trouvée pratique pour 
				travailler un peu son chinois tout en lisant l’histoire. 
				  
				Histoire qui 
				l’a intéressée par la satire sociale qui en transparaît : les 
				mariages et remariages du mari l’ont amusée.  
				  
				[Ces 
				adaptations en bandes dessinées chez You Feng sont inspirées des 
				bandes dessinées chinoises dites 
				
				lianhuanhua 
				(连环画), 
				qui ont eu leur heure de gloire au 
				
				début du 20e 
				siècle 
				avec les progrès des techniques d’impression, puis pendant la 
				période maoïste à des fins d’édification des masses à un moment 
				où la majorité de la population était encore quasiment 
				analphabète. C’est donc l’image qui prime, le texte ne venant 
				qu’en contrepoint. Sauf dans le cas des « nouvelles 
				illustrées de Lu Xun » par Feng Zikai 
				(丰子恺), 
				par exemple, où l’illustration est une mise en image du texte, 
				respectueusement préservé – dans un autre format.   
				Dans le cas de 
				Feng Menglong, chez You Feng, on perd le texte, résumé en 
				quelques lignes, en chinois moderne. Le titre du livre est 
				trompeur, il faudrait dire : adapté de Feng Menglong].   
						
							|  | 
							 
							La 
							tunique perlée, éd. You Feng |  |  
				  
				________ 
				  
				Pour conclure, 
				je laisserai la parole à André Lévy et à son article paru en 
				1967 dans le Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, sur 
				deux contes de Feng Menglong tirés l’un du premier des Trois 
				Propos, qui relève du récit historique, mais avec visite de 
				l’enfer, l’autre du troisième :  
				
				Deux contes 
				philosophiques Ming et leurs sources. 
				Contes définis 
				comme philosophiques car l’un pose le problème du mal (à travers 
				l’arrivée au pouvoir du Premier Empereur Qin Shi Huangdi), 
				dénonce le pouvoir de l’argent et loue la révolte, tandis que 
				l’autre brode sur le thème de la recherche de l’immortalité à 
				travers l’adaptation, à travers un conte en langue classique du 
				9e siècle, d’une histoire venue d’Inde. 
				  
				L’étude 
				d’André Lévy montre bien tout l’art de Feng Menglong dans la 
				précision réaliste de la peinture sociale et des détails 
				psychologiques, avec recours récurrent au monologue intérieur, 
				comme l’a bien noté Christiane P.  
				Réalisme qui 
				n’exclut pas le merveilleux mais l’intègre au quotidien. 
				  
 
				  
				Prochaine 
				séance :  
				Le mercredi 
				24 janvier 2024 
				  
				Au programme, 
				une poétesse des Tang devenue prêtresse taoïste – 
				
				Yu Xuanji (魚玄機/魚玄机) 
				- qui a inspiré un roman de Robert Van Gulik : 
				  
				-     Assassins 
				et poètes (Poets 
				and Murders, pub. posthume 1968), trad. Anne Krief, 10/18, 1985 
				/1999, 279 p. : la dernière aventure du juge Di.  
				
				
				  
				
				Et éventuellement (faute de mieux à lire dans le métro) le roman 
				de Qiu Xiaolong également inspiré du personnage de Yu Xuanji : 
				
				  
				-     Une 
				enquête du vénérable juge Ti, attribuée à l’inspecteur Chen Cao, 
				traduit par Adelaïde Pralon, Liana Lévi/Piccolo, 2020, 144 
				pages.  
				
				Ou original en anglais : The Shadow of the Empire (A Judge Dee 
				Investigation), Severn House, 2021. 
				  
				  
				A lire en 
				complément
				 
				-     Pour 
				plus de détails sur l’histoire de la poétesse et son contexte : 
				
				Gender, Power and Talent, the Journey of Daoist Priestesses in 
				Tang China, Jinhua Jia, Columbia University Press, 2018. Chap. 
				VII: Unsold Peony. The Life and Poetry of the Priestess-Poet Yu 
				Xuanji. 
				  
				-     Des 
				traductions de ses poèmes : 
				En anglais
				
				
				en ligne 
				avec les 
				
				textes 
				originaux en chinois.
				 
				En français : 
				trois poèmes traduits dans l’anthologie 
				
				Femmes poètes de la Chine, 
				de Shi Bo, Le Temps des Cerises, 2015, pp. 87-89  
				            |