Textes divers

 
 
 
          

 

 

Lu Wenfu  Le monde de mes rêves

陆文夫 《梦中的天地

par Brigitte Duzan, 13 janvier 2015

              

Ce texte est la meilleure introduction à l’œuvre de Lu Wenfu, et à sa personnalité, façonnée par ses lectures et une sensibilité constamment en éveil. C’est une ode paisible à l’univers personnel qui l’a façonné depuis l’adolescence et que rend le tiandi du titre : un endroit qui dépasse l’espace physique, et les difang qu’il a pu visiter ; terre d’élection, il est devenu univers global, fondement identitaire de tout son être, mais non point abstrait : appréhendé dans la beauté des pierres et de la vie au quotidien, et pimenté des mille expressions courantes de ce quotidien.

       

我也曾到过许多地方,可是梦中的天地却往往是苏州的小巷。我在这些小巷中走过千百遍,度过了漫长的时光;青春似乎是从这些小巷中流走的,它在脑子里冲刷出一条深深的沟,留下了极其难忘的印象。

Je suis allé dans bien des endroits, mais celui qui revient le plus souvent dans mes rêves, c’est le monde des ruelles de Suzhou. Je ne compte plus le nombre de fois que je les ai parcourues, le nombre d’années que j’y ai vécues ; j’ai le sentiment que c’est de là que s’est envolée ma jeunesse ; j’en ai gardé de profonds sillons dans le cerveau, et des impressions inoubliables.

 

Une ruelle de Suzhou

(avec les dalles de pierre et le linge qui sèche sur les perches de bambou)

       

三十八年前,我穿着蓝布长衫,乘着一条木帆船闯进了苏州城外的一条小巷。这小巷铺着长长的石板,石板下还有流水淙淙作响。它的名称也叫街,但是两部黄包车相遇便无法交会过来;它的两边都是低矮的平房,晾衣裳的竹竿从这边的屋檐上搁到对面的屋檐上。那屋檐上都砌着方形带洞的砖墩,看上去就像古城上的箭垛一样。

C’est il y a trente-huit ans que,vêtu d’une robe de coton bleu, j’ai débarqué d’un bateau à voile dans une ruelle des faubourgs de Suzhou. Cette ruelle était pavée de longues dalles de pierre sous lesquelles on entendait le gargouillis de l’eau qui s’écoulait. Elle était aussi dénommée rue, mais deux pousses eussent bien été incapables de s’y croiser. Des deux côtés, elle était bordée de maisons basses de plain-pied, et au-dessus, d’un avant-toit à l’autre, étaient installées des perches de bambou pour mettre le linge à sécher. Ces avant-toits formaient des sortes de créneaux en briques carrées creuses, tels ceux des murs d’enceintes des villes, autrefois.

        

Les « créneaux » des toits de Suzhou

 

转了一个弯,巷子便变了样,两边都是楼房,黑瓦、朱栏、白墙。临巷处是一条通长的木板走廊,廊檐上镶着花板,雕刻都不一样,有的是松鼠葡萄,有的是八仙过海,大多是些富贵不断头,马虎而平常。也许是红颜易老吧,那些朱栏和花板都已经变黑、发黄。那些晾衣裳的竹竿都在雕花的檐板中躲藏,竹帘低垂,掩蔽着长窗。我好像在什么画卷和小说里见到过此种式样,好像潘金莲在这种楼上晒过衣裳。那楼下挑着糖粥担子的人,也像是那卖炊饼的武大郎。

Après une courbe, cependant, la ruelle changea du tout au tout : elle était maintenant bordée de maisons à étage,

aux tuiles noires, balustrades rouges et murs blancs. Du côté de la rue, il y avait de longs couloirs avec des planchers en bois, et des avant-toits ornés de sculptures variées représentant la fable de l’écureuil et du raisin, ou les huit immortels traversant la mer, mais, le plus souvent, de simples motifs décoratifs du type « prospérité sans fin », courants et sans guère de recherche. Le rouge étant sans doute une couleur qui passe facilement, les balustrades et décorations avaient noirci et jauni. Les perches de bambou sur lesquelles était accroché le linge se dissimulaient dans les avant-toits sculptés, et des rideaux de bambou masquaient les longues fenêtres. Il me semblait avoir déjà vu un tel tableau dans une peinture, ou en avoir lu la description dans un livre ; c’était sans doute dans une demeure de ce genre que Pan Jinlian mettait son linge à sécher. Et cet homme, en bas de la rue, qui portait du gruau de riz sucré à la palanche, ressemblait à Wu Dalang, le vendeur de galettes.[1]

       

这种巷子里也有店铺,楼上是住宅,楼下是店堂。最多的是烟纸店、酱菜店和那带卖开水的茶馆店。茶馆店里最闹猛,许多人左手搁在方桌上,右脚翘在长凳上,端起那乌油油的紫砂茶杯,一个劲儿地把那些深褐色的水灌进肚皮里。这种现象苏州人叫作皮包水,晚上进澡堂便叫水包皮。喝茶的人当然要高谈阔论,一片嗡嗡声,弄不清都是谈的些什么事情。只有那叫卖的声音最清脆,那是提篮的女子在兜售瓜子、糖果、香烟。还有那戴着墨镜的瞎子在拉二胡,哑沙着嗓子唱什么,说是唱,但也和哭差不了许多。这小巷在我面前展开了一幅市井生活的画图。

Dans ce genre de ruelle, il y avait aussi des boutiques : à l’étage étaient les habitations, au-dessous les magasins. La plupart étaient des boutiques de tabac et papier, de légumes à la sauce au soja, et des maisons de thé qui vendaient aussi de l’eau bouillie. C’étaient celles-ci les plus animées ; nombreux étaient ceux qui, la main gauche posée sur l’une des tables carrées, le pied droit levé, appuyé sur le banc, et tenant de l’autre main une tasse de grès d’un noir de jais, la levaient soudain pour avaler d’un coup le liquide d’un brun sombre, et le faire ainsi descendre dans les replis de leur

 

Motifs dits « prospérité sans fin »

ventre. C’est ce qu’évoquent les habitants de Suzhou quand ils parlent de la peau qui enveloppe l’eau ; le soir, en revanche, quand ils vont aux bains publics, ils disent que l’eau enveloppe la peau. Les buveurs de thé, bien sûr, sont des bavards impénitents, et il régnait un tel bruit de fond dans ces boutiques qu’il était impossible de distinguer la teneur précise des discussions. Les sons que l’on entendait le mieux étaient les cris des vendeuses qui offraient à l’envi dans leurs paniers graines de pastèques, bonbons ou cigarettes, mais il y avait aussi le chant de l’aveugle aux lunettes noires qui s’accompagnait à l’erhu, un chant modulé d’une voix rauque qui ressemblait bien plus à un sanglot qu’à un chant. La ruelle déroulait ainsi sous mes yeux comme une peinture de scènes de la vie urbaine.

       

就在这图卷的末尾,我爬上了一座小楼。这小楼实际上是两座,分前楼与后楼,两侧用厢房联在一起,形成了一个口字。天井小得像一口深井,只放了两只接天水的坛子。伏在前楼的窗口往下看,只见人来人往,市井繁忙;伏在后楼的窗口往下看,却是一条大河从窗下流过。河上橹声咿呀,天光水波,风日悠悠。河两岸都是人家,每家都有临河的长窗和石码头。那码头建造得十分奇妙,简单而又灵巧,是用许多长长的条石排列而成的。那条石一头腾空,一头嵌在石驳岸上,一级一级地扦进河床,像一条条石制的云梯挂在家家户户的后门口。洗菜淘米的女人便在云梯上凌空上下,在波光与云影中时隐时现。那些单桨的小船,慢悠悠地放舟中流,让流水随便地把它们带走,那船上装着鱼虾、蔬菜、瓜果。只要临河的窗内有人叫买,那小船便箭也似的射到窗下,交易谈成,楼上便垂下一只篮筐,钱放在篮筐中吊下来,货放在篮筐中吊上去。然后楼窗便吱呀关上,小船又慢慢地随波漂去。

Et, tout au bout du tableau, j’ai grimpé à l’étage d’une petite maison….

       

[Lu Wenfu continue en décrivant la maison, dont l’arrière donnait sur un canal : occasion de décrire les maisons construites sur les berges, l’animation au bord de l’eau, et sur l’eau. Puis il passe à une autre sorte de ruelles, bordées de hauts murs, aux portes verrouillées, où les passants au contraire étaient rares : le monde clos des jardins des familles riches de Suzhou. Il poursuitavec un genre de ruelle alliant les caractéristiques des autres, avec, à l’entrée, un puits public concentrant la vie du quartier – deux paragraphes annonçant sa nouvelle de 1984.]

………………..

[在我后楼的对面,有一条岔河,河上有一顶高高的石拱桥,那桥栏是一道弧形的石壁,人从桥上走过,只有一个头露在外面。可那桥洞却十分宽大,洞内的岸边有一座古庙,我站在石码头上向里看,还可以看见黄墙上的南无……”二字。有月亮的晚上可以看见桥洞里流水湍急,银片闪烁,月影揉碎,古庙里的磬声随着波光向外流溢。那些悬挂在波光和月色中的石码头上,捣衣声啌啌地响成一片,长安一片月,万户捣衣声,小巷的后面也颇有点诗意。翻身再上前楼,又见巷子里一片灯光,黄包车辚辚而过,卖馄饨的敲着竹梆子,卖五香茶叶蛋的提着带小炉子的大篮子。茶馆店夜间成了书场,琵琶叮咚,吴语软侬,苏州评弹尖脆悠扬,卖茶叶蛋的叫喊怆然悲凉。我没有想到,一条曲折的小巷竟然变化无穷,表里不同,栉比鳞次的房屋分隔着陆与水,静与动。一面是人间的苦乐与喧嚷,一面是波影与月光,还有那低沉回荡的夜磬声,似乎要把人间的一切都遗忘。

       

我也曾住过另一种小巷,两边都是高高的围墙,这围墙高得要仰面张望,任何红杏都无法出墙,只有那长春藤可以爬出墙来,像流苏似的挂在墙头上。这是一种张生无法越过的粉墙,而且那沉重的大门终日紧闭,透不出一点个中的消息,还有两块下马石像怪兽似的伏在门边,虎视眈眈,阴冷威严,注视着大门对面的一道影壁。那影壁有砖雕镶边,当中却是空白一片。这种巷子里行人稀少,偶尔有卖花人拖着长声叫喊:阿要白兰花?其余的便是麻雀在门楼上吱吱唧唧,喜鹊在风火墙上跳上跳下.你仿佛还可以看见王孙公子骑着高头大马走进了小巷,吊着铜环的黑漆大门咯咯作响,四个当差的从大门堂内的长凳上慌忙站起来,扶着主子踏着门边的下马石翻身落马,那马便有人牵着系到影壁的旁边。你仿佛可以听到喇叭声响,炮竹连天,大门上张灯结彩,一顶花轿抬进巷来。若干年后,在那花轿走过的地方却竖起了一座贞节坊或节孝坊。在那发了黄的志书里,也许还能查出那烈女、节妇的姓氏,可那牌坊已经倾圮,只剩下两根方形的大石柱立在那里。

      

我擦着那方形的石柱走进了小巷,停在一座石库门前。这里的大门上钉着竹片,终日不闭,有一个老裁缝兼作守门人,在大门堂里营业,守门工便抵作了房租费。也有的不是裁缝,是一个老眼昏花的妇人,她戴着眼镜伏在绷架上,在绣着龙风彩蝶。这是那种失去了青春的绣女,一生都在为他人作嫁衣裳,老眼虽然昏花,戴上眼镜仍然能把如丝的彩线劈成八片。这种大门堂里通常都有六扇屏门,有的是乳白色,有的在深蓝色上飞起金片,金片都发了黑,成了许多不规则的斑点。六扇屏门只开靠边的一扇,使你对内中的情景无法一目了然。我侧着身子走进去,不是豁然开朗,而是进入了一个黑黝黝的天地,一条窄长的陪弄深不见底。陪弄的两边虽然有许多洞门和小门,但门门紧闭,那微弱的光线是从间隔得很远的漏窗中透出来的。踮起脚来从漏窗中窥视,左面是一道道的厅堂,阴森森地;右面是一个个院落,湖石修竹,朱栏小楼,绿阴遍地。这是那种钟鸣鼎食之家,妻妾儿女各有天地,还有个花园自成体系。

        

我曾经在某个东花园中借住过半年,这园子仅占两亩多地,可以说是一个庭院,也可以说是个花园,因为在这小小的地方却具备了园林的一切特点,这里有湖石堆成的假山,山上有鹅卵石铺成的小路,小路盘旋曲折,忽高忽低,一会儿钻进洞中,一会儿又从小桥上越过山涧;山涧像个缺口,那桥也小得像模型似的。如果你循着小路上下,居然也得走好大一气;如果你行不由径,三五步便能爬上山顶。山顶笼罩在参天的古木之中,阳光洒下的都是金线,处处摇曳着黑白相间的斑点。荷花池便在山脚边,有一顶石板曲桥横过水面。曲桥通向游廊,游廊通向水榭、亭台,然后又回转着进入居住的小楼。下雨天你可以沿着游廊信步,看着那雨珠在层层的枝叶上跌得粉碎,雨色空溕,楼台都沉浸在烟雾之中。你坐在亭子里小憩,可以看那池塘里慢慢地涨水,涨得把石板曲桥都没在水里。

       

这园子里荒草丛生,地上都是白色的鸟粪,山洞里还出没着狐狸。除掉鸟鸣之外,就算那荷塘最有生气,那里水草茂盛,把睡莲都挤到了石驳岸,初夏时石缝里的清水中游动着惹人喜爱的蝌蚪。尖尖的荷叶好像犀利无比,它可以从厚实的水草中戳出来,一夜间就能钻出水面。也有些钻不出来,因为鲤鱼很喜欢鲜嫩的荷叶。一到夜间更加热闹,蛙声真像打鼓似的,一阵喧闹,一阵沉寂,沉寂时可以听见鱼儿唧喋。唿喇喇一声巨响,一条大鱼跃出水面,那响声可以惊醒树上的宿鸟,吱吱不安,直到蛙声再起时才会平息。住在这种深院高墙中是很寂寞的,唯有书籍可以作为伴侣,我常常坐在假山上看书,看得入神时身上便爬来许多蚂蚁,这种蚂蚁捏不得,它身上有股怪味,似乎是一种冲脑门儿的松节油的气味,我怀疑它是吃那白皮松的树脂长大了的。

……………..

      

 

Scène dans une ruelle, autour d’un « fourneau de tigre »

 

      

比较起来我还是欢喜另一种小巷,它有浓厚的生活气息,在形式上也是把各种小巷的特点都汇集在一起。既有深院高墙,也有低矮的平房;有烟纸店、大饼店,还有老虎灶。那石库门里住着几十户人家,那小门堂里只有几十个平方。巷子头上有公用的水井,巷子里面也有只剩下石柱的牌坊。这种巷子也是一面临河,却和城外的巷子大不一样,两岸的房子拼命地挤,把个河道挤成一条狭窄的水巷。古宫闲地少,水巷小桥多,唐代的诗人就已经见到过此种景象。

Mais ce que je préfère, en fait, c’est une autre sorte de ruelles, celles qui, dégageant une impression de vie intense, offraient un condensé des caractéristiques de toutes les autres : de hauts murs et des cours profondes, certes, mais aussi des maisons basses, de plain-pied ; des boutiques vendant tabac, papier, et larges galettes, mais aussi des « fourneaux du tigre » (老虎灶 lǎohǔzào)[2]. Derrière les lourdes portes de pierre des maisons vivaient des dizaines de famille, et pourtant les halls d’entrée ne dépassaient guère quelques dizaines de mètres carrés. A l’entrée de ces ruelles, il y avait un puits public, et au milieu, des arches (páifāng牌坊) dont il ne reste plus que les piliers. D’un côté, ces ruelles bordaient un canal, mais il y avait une grande différence avec celles des faubourgs : les maisons se faisaient face en rangs serrés des deux côtés du canal, ne laissant entre elles qu’une étroite voie d’eau. C’est un tableau qu’un poète des Tang a ainsi décrit :

古宫闲地少,水巷小桥多

Rare, l’espace libre au sein des vieux palais ; nombreux, les petits ponts sur les voies d’eau. [3] »

        

夏日的清晨,你走进这种小巷,小巷里升腾着烟雾,巷子头上的水井边有几个妇女在那里汲水,慢条斯理地拉着吊桶绳,似乎还带着夜来的睡意,还穿着那肥大的、直条纹的睡衣。其实整个的巷子早就苏醒了。退休的老头已经进了园林里的茶座,或者是什么茶馆店,在那里打拳、喝茶、聊天。也有的老头足不出户,在庭院里侍弄盆景,或者是呆呆地坐在藤椅子上,把一杯杯的浓茶灌下去。家庭主妇已经收拾了好大一气,提篮走进那个喧嚷嘈杂的小菜场里。她们熙熙攘攘地进入小巷,一路上议论着菜肴的有无、好丑和贵贱。直等到垃圾车的铃声响过,垃圾车渐渐地远去,上菜场的人才纷纷回来,结束清晨买菜这一场战斗。

En pénétrant dans ce genre de ruelle au petit matin, les jours d’été, on y voyait monter la brume ; au puits, à l’entrée, quelques femmes encore vêtues de leurs larges pyjamas à rayures puisaient de l’eauen remontant sans se presser le seau attaché à la corde, comme si elles n’étaient pas encore totalement sorties de la torpeur de la nuit. C’est toute la ruelle, en fait, qui s’éveillait. Les petits vieux à la retraite s’étaient déjà installés dans les jardins ou les maisons de

 

Des vieux paifang à Suzhou

thé où ils jouaient à la mourre et bavardaient tout en prenant leur thé. Mais il y en avait aussi qui préféraient ne pas sortir, et rester dans leur cour à s’occuper de leurs fleurs ou, calés dans un fauteuil de rotin, avaler tasse sur tasse d’un thé très fort. Les maîtresses de maison avaient déjà fait pas mal de choses et partaient panier au bras faire leurs courses au petit marché aux légumes, dans un brouhaha de bruits divers. Elles partaient en force dans les ruelles, en pérorant en chemin sur les légumes qu’elles allaient trouver, leur fraîcheur et leur prix. Ce n’est que lorsqu’avait retenti la sonnette de la charrette à ordures, et qu’elle s’éloignait peu à peu, que la foule des dernières acheteuses restées sur place finissaient par repartir, mettant un terme au combat du petit matin pour acheter les légumes.

…………………………

       

买菜的队伍消散了,隔不多久,巷子里的活动就进入了高潮。上班的人几乎是在同一个时间内拥出来的,有的出巷往东走,有的入巷往西去,背书包的蹦蹦跳跳,抱孩子的叫孩子和好婆说声再见,只看见那自行车银光闪闪,只听见那铃铛儿响成一片。小巷子成了自行车的竞技场,展览会,技术不佳的女同志只好把车子推出巷口再骑。不过这种高潮像一阵海浪,半个小时后便会平息。

       

上班、上学的都走了,那些喝茶、打拳的便陆陆续续地回来。这些人走进巷子里来时,大多不慌不忙,神色泰然,眼帘半垂,好像是这条巷子里再也没有任何东西可以使他们感到新奇。欢乐莫如结婚,悲伤莫如死人,张惶莫如失火,可怕莫如炮声,他们都经历过的,无啥稀奇。如果你对他们不感兴趣的东西感到兴趣的话,每个人的经历倒很值得收集。他们有的是一代名伶,有的身怀绝技;有的是八级技工,曾经在汉阳兵工厂造过枪炮的;有的人历史并不光彩,可那情节却也十分曲折离奇。研究这些人的生平,你可以追溯一个世纪。但是需要使用一种电影手法——化出,否则的话,你怎么也想不到那个白发如银、佝偻干瘪的老太太是演过《天女散花》的。

       

夏天是个敞开的季节。入夜以后,小巷的上空星光低垂,风从巷子口上灌进来,扫过家家户户的门口。这风具有很大的吸引力,把深藏在小庭深院中的生活都吸到了外面。巷子的两边摆着许多小凳和藤椅,人们坐着、躺着来接受那凉风的恩惠。特别是那房子缩进去的地方,那里有几十个平方的砖头地,是一个纳凉、休息小憩的场所。砖头地上洒上了凉水,附近的几家便来聚会。连那些终年卧床不起的老人也被儿孙搀到藤椅子上,接受邻居的问候。于是,这巷子里的春花秋月,油盐柴米,婚丧嫁娶统统成了人们的话题,生活底层的秘密情报可以在这里猎取。只是青年人的流动性比较大,一会儿来了个小友,几个人便结伴而去;一会儿来了个穿连衫裙的,远远地站在电灯柱下招手,藤椅子咯喳一响,小伙子便被吸引而去。他们不愿意对生活作太多的回顾,而是欢喜向未来作更多的索取;索取得最多的人却又不在外面,他们面对着课本、提纲、图纸,在房间里挥汗不止,在蚊烟的缭绕中奋斗。

       

奇怪的是今年夏天在巷子里乘凉的人不多,夏夜敞开的生又有隐蔽起来的趋势。这都是那些倒霉的电视机引起的,那玩艺以一种飞跃的速度日益普及。在那些灯光暗淡的房间里老少咸集,一个个寂然无声,两眼直瞪,摇头风扇吹得呼呼地响。又风凉,又看戏,谁也不愿再到外面去。有趣的是那些电视机的业余爱好者,那些头发蓬乱、衣冠不整的小青年,他们把刚刚装好还没有配上外壳的电视机捧出来,放在那砖头地上作技术表演,免费招待那些暂时买不起或者暂时不愿买电视机的人。静坐围观的人也不少,好像农村里看露天电影。

       

小巷子里一天的生活也是由青年人来收尾,更深入静,情侣归来,空巷沉寂,男女二人的脚步都很合拍、和谐、整齐。这时节,路灯灼亮,粉墙反光,使得那挂在巷子头上的月亮也变得红殷殷的。脚步停住,钥匙声响,女的推门而入,男的迟疑而去,步步回头;那门关了又开,女的探出上半身来,频频挥手,这一对厚情深意,那一对不知道出了什么问题,男的手足无措,站在一边,女的依在那牌坊的方形石柱上,赌气、别扭,双方僵持着,好像要等待月儿沉西。归去吧姑娘,夜露浸凉,不宜久留,何况那方形的石柱也依不得,那是块死硬而沉重的东西……

…………….

       

面对着大路你想驰骋,面对着高山你想攀登,面对着大海你想远航。面对着这些深邃的小巷呢?你慢慢地向前走啊,沿着高高的围墙往前走,踏着细碎的石子往前走,扶着牌坊的石柱往前走,去寻找艺术的世界,去踏勘生活的矿藏,去倾听历史的回响……

La grand-route donne envie de partir à toute allure, la montagne d’escalader ses pentes, l’océan de voguer au long cours. Et la profondeur des ruelles, alors ? Il faut y avancer lentement, avancer le long de ses hauts murs, sur les dalles de pierre finement coupées, entre les piliers des arches, pour aller à la recherche de ce monde artistique etdes sources minérales de sa vie, et tendre l’oreille aux échos de son histoire….

       

198310月于苏州

Suzhou, octobre 1983.

Réédité en 2007 dans le recueil « Les essais de Lu Wenfu » (陆文夫散文, 人民文学出版社 2007-3).

C’est ce texte qui figure en introduction du recueil Le Puits, aux éditions Philippe Picquier, dans une traduction d’Annie Curien, et sous le titre « Terre rêvée ».

       

         

[1] Pan Jinlian est l’épouse de Wu Dalang, frère aîné de Wu Song, personnages très connus du grand classique « Au bord de l’eau », mais aussi du Jin Ping Mei.

[2] Ce sont les vieux fours des cuisines d’autrefois qui étaient appelés ainsi parce qu’ils avaient une ouverture semblable à une gueule de tigre, plus une « queue » à l’arrière. Dans les ruelles, à Suzhou comme à Shanghai et ailleurs, on pouvait y acheter de l’eau bouillante.

[3] Célèbres vers de Du Xunhe  (杜荀鹤, 846-904), tirés du poème « Pour accompagner un visiteur de l’Etat de Wu » (《送人游吴》).

        

      

      

      

      

      

 

 

 

 

     

 

 

 

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