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Club de lecture de littérature chinoise

Compte rendu de la séance du 26 janvier 2022

et annonce de la séance suivante

 par Brigitte Duzan, 29 janvier 2022

 

I. Compte rendu de la séance du 26 janvier

 

Pour cette première séance de l’année 2022, nous étions dix (dûment masqué.es), avec une absente et une excusée de dernière minute. Le groupe a ainsi atteint un rythme de croisière, avec un chiffre de présence optimal dans les conditions actuelles, mais qui pourra évoluer en fonction des circonstances.

 

Programme

 

La séance de ce début d’année était consacrée à Du Qinggang (杜青钢) et à son recueil de textes autobiographiques « Le président Mao est mort », textes écrits en français à l’intention d’un public français par un professeur de littérature française de l’université de Wuhan. Et comme Du Qinggang est spécialiste d’Henri Michaux, le programme comportait aussi le petit ouvrage du poète sur les idéogrammes :

- Le Président Mao est mort, Du Qinggang, Desclée de Brouwer, 2002, 177 p.

- Idéogrammes en Chine, Henri Michaux, Fata Morgana, 1975, 44 p.

 

Le président Mao est mort

 

Ce choix était motivé par le désir d’instaurer un moment de détente à la suite des deux séances consacrées au Mudanting. Mais ce programme était complété par un auteur à mettre en parallèle, et en contraste, avec le précédent : Pu Ning (卜宁), dit Wumingshi (无名氏) ou « l’homme sans nom ». Il a en effet écrit un texte qui s’intitule aussi « Le jour où Mao est mort », dans une toute autre tonalité que celui de Du Qinggang. On dispose d’un recueil de nouvelles autobiographiques de Pu Ning traduites en anglais à la fin duquel se trouve le texte en question [1] :

- Flower Terror (Hua de kongbu《花的恐怖》), Suffocating Stories of China, Pu Ning, tr. Andrew Morton et Richard J. Ferris Junior, Homa & Sekey Books, 1999.

 

Avis et échanges

 

La séance s’est déroulée au gré des avis alternés, entrecoupés de discussions, chacun.e apportant sa pierre à l’édifice.

 

Zhang Guochuan lance les débats avec un témoignage personnel sur Du Qinggang qu’elle a connu comme professeur et dont elle garde des souvenirs très vivants : un personnage très « particulier », grand fumeur au point d’avoir souvent des petits trous de cigarettes sur ses vêtements et d’être obligé de sortir temporairement d’un cours pour aller griller une cigarette – c’est ainsi, disait-il, qu’il trouvait inspiration et concentration.

 

Elle se rappelle le professeur se délectant d’analyses à partir d’un caractère. Il avait ainsi un jour commenté le caractère un (  ) en faisant de ce simple trait l’image du passage de la vie à la mort, expliquant à son auditoire médusé qu’en effet ce premier trait vu comme porteur de vie à gauche du caractère signifiant "donner la vie" (sheng ) se transformait en un trait mortifère, écrasant les cadavres sous son poids dans le caractère de la mort ( ) [2].

 

Sa méthode donne des résultats étonnants quand il l’applique au français : ainsi a-t-il un jour interprété le mot merci comme étant l’expression de l’amour inversé. Explication : on inverse les syllabes de merci, ce qui nous donne cimer, où le c initial apparaît comme un a où manque un trait, signifiant selon lui une relation rompue. Merci serait donc ainsi l’image d’un amour inversé et inabouti.

 

Zixing tianxia, presses de l’université de Wuhan 2015

 

Le Diseur de mots, rééd. avril 2021

 

Tout cela pour dire qu’il était un amoureux des mots, comme le reflète très bien son livre « Le Diseur de mots » (Zixing tianxia《字行天下》) où il montre cet amour de la langue prise dans son essence, le caractère à partir de ses composants – trois pages (dans la version originale) étant d’ailleurs consacrées à Merci.

 

Cet amoureux des mots – et passionné du « Rêve dans le pavillon rouge » - écrit aussi des textes courts qu’il publie régulièrement sur WeChat. Ses textes sont dans le même style humoristique que ceux publiés en français, nous dit Guochuan : il dit que la vie est suffisamment triste, pleine de misère et de violence, qu’il n’est pas besoin d’en rajouter. Il qualifie son style de « romantisme désespéré » ou plus exactement « romantisme de l’impuissance »  (langman wunai 浪漫无奈).

 

Guochuan nous cite enfin ses cinq préceptes pour écrire un bon texte : traduire une expérience unique / pour une histoire fascinante / dans une langue sophistiquée / et un genre original / traduisant des idées profondes.

 

*

 

Françoise Huelle rebondit sur ces préceptes, en trouvant que, justement, les textes français du recueil « Le président Mao est mort » ne sont pas dans une langue « sophistiquée » : ce qu’elle a surtout ressenti, dit-elle, c’est la fluidité d’un texte où domine l’humour.

 

Quant au contenu, elle fait une comparaison avec le roman graphique de Nie Chongrui (聂崇瑞) publié en France en 2019 : « Au loin une montagne » (yuan shan 《遠). Compte tenu de la différence d’âge, l’un ayant 23 ans au début de la Révolution culturelle et l’autre ayant tout juste seize ans à la mort de Mao, elle trouve une même volonté dans les deux œuvres de se distancier de la réalité dépeinte et contée, cette distance se traduisant d’un côté dans le dessin, de l’autre dans l’écriture.

 

Ce qui l’a frappée, c’est que l’émerveillement du jeune Du Qingguang débarquant en France avec ses nouilles instantanées pour sauver le peuple français de la misère peut être inversé et renvoyer à la passion aveugle des intellectuels de gauche français pour la Chine dans les mêmes années 1970. Le formatage du discours dans un cas n’est pas tellement différent de celui des « maos » de l’époque en France ; il suffit de se souvenir des écrits et discours de Maria-Antonietta Macciocchi [3]. Quant à la langue de bois, elle existe toujours en Chine, c’est la langue officielle de l’administration et du pouvoir.

 

L’émerveillement à son arrivée en France que conte Du Qingguang a rappelé à Françoise Huelle une photo qui l’a particulièrement frappée lors de la visite de l’exposition à Paris des photos d’Henri Cartier Bresson Chine 1948-1958 (octobre 2019-février 2020) : le regard « émerveillé » de jeunes Pékinois devant une vitrine où était exposée une bicyclette moderne qu’ils ne pourraient vraisemblablement pas s’offrir – c’était en 1958, au moment du lancement du Grand Bond en avant :

 

 

Henri Cartier-Bresson, Pékin 1958 (photo F Huelle)………….

 

 

Elle note quelques incertitudes dans « Le président Mao est mort », en particulier la référence à Georges Marchais, et pose la question de ce journal L’humanité rouge dont Du Qinggang fait son journal de référence sur la France quand il apprenait le français (chapitre L’école à portes ouvertes, p. 62 et 64). Sa question entraîne une discussion dont il ressort que ce journal a bien existé à l’époque des études de Du Qinggang : ce fut une nouvelle mouture de l’hebdomadaire L’Humanité nouvelle de Régis Bergeron, devenu quotidien en octobre 1975 [4].

 

Parmi les journaux de l’époque en Français, Françoise se souvient aussi d’un numéro de La Chine de 1974 comportant plusieurs pages sur le mouvement « contre Confucius, contre Lin Biao » (pi Lin pi Kong yundong 批林批孔运动 ). Mouvement lancé en 1973 qui a marqué l’époque, comme en témoigne Roland Barthes dans ses « Carnets de voyage en Chine » (voir ci-dessous).

 

*

 

Ce qui a particulièrement intéressé Sylvie Duchesne, c’est le processus d’apprentissage : comment l’auteur a appris le français, et plus généralement comment était pratiqué l’enseignement. Elle a été frappée par ce qui est décrit dans le chapitre L’école à portes ouvertes (chap. 8), mais aussi dans Le billet doux révolutionnaire (chap. 5) [5]. Ce dernier chapitre, dit-elle, montre à quel point l’expression même d’une lettre d’amour était à base de citations (Marx a dit.., Mao a dit…), la citation étant la base de l’apprentissage de la langue. Quand Du Qinggang se rend sur la sépulture de sa grand-mère, son émotion se traduit par une citation… des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand (p. 30).

 

Quant à L’école à portes ouvertes, elle y a vu la coupure de toute une jeunesse avec le monde extérieur, non sans rapport avec la période récente, chez nous, du confinement, se poursuivant par des cours à distance, par zoom et autre.  Remarque qui entraîne une discussion sur la situation actuelle : cette coupure inquiétante de la Chine, aujourd’hui, avec le monde extérieur, grâce au contrôle resserré de la population dans le contexte de la politique 0 Covid.

 

Dans le chapitre La Balayeuse et le Charbonnier (chap. 13), Sylvie a beaucoup aimé ces deux personnages extraordinaires, l’une professeure d’anglais, née en Angleterre et formée là, l’autre ancien étudiant en France, titulaire d’une maîtrise de la Sorbonne, et resté maître d’un exemplaire du roman Le Rouge et le noir, véritable trésor dont il fera don au jeune Du Qinggang qui le conservera comme une relique.

 

[Remarque de Brigitte Duzan : ces deux personnages sont des sortes de personnages-types, très bien dépeints. Ils en rappellent d’autres très semblables de la littérature et du cinéma chinois, en particulier le cinéma des années 1980. On peut en citer deux exemples dégageant la même émotion diffuse, tous deux dans des adaptations littéraires :

-    d’une part, les personnages de Hu Yuyin (胡玉音) et Qin Shutian (秦书田) dans « Le Village Hibiscus » (《芙蓉镇》), film de Xie Jin (谢晋) sorti en 1986 et adapté d’un roman du Gu Hua (古华) couronné du premier prix Mao Dun en 1982 ; 

-    d’autre part, le modeste concierge de lycée Shi Yihai (石义海) devenu balayeur lui aussi dans  « Le Talisman » ou Ruyi (《如意》) de 1982, réalisé par Huang Jianzhong (黄健中) d’après le scénario de Liu Xinwu (刘心武) adapté de sa nouvelle éponyme.

Mais on pourrait en citer bien d’autre exemples dans la littérature.]

 

*

 

Gérard Castex a lui aussi été très sensible aux personnages de la Balayeuse et du Charbonnier. Il souligne d’entrée le contraste qui l’a frappé entre les événements en toile de fond du récit et le ton de l’auteur traduisant une vision optimiste. Vision qu’il rattache au fait que Du Qinggang était fils de paysan pauvre, donc possédant un statut privilégié dans la Chine nouvelle, ou du moins soumis à un traitement bien moins dur que ses camarades enfants de paysans riches, ou pire encore d’anciens propriétaires fonciers.

 

La période est donc contée par un petit paysan qui découvre la vie et s’ouvre à l’amour dans un pays où il était interdit, ce qui donne quelques passages savoureux, notamment autour du Rêve dans le pavillon rouge : le roman était prisé par Mao qui y voyait une « encyclopédie de la société féodale » et en conseillait la lecture, mais les jeunes Chinois privilégiaient les pages empreintes d’un délicat érotisme qui donnaient matière à leur imagination et excitaient leurs désirs [6].

 

L’humour de l’auteur s’attaque aux côtés absurdes du culte de Mao (avec un côté burlesque parfois, comme dans la vénération des mangues), mais avec beaucoup d’humanité, sans aigreur ni rancune, tout en étant conscient des souffrances du peuple.

 

Une discussion s’ensuit sur l’héritage actuel de Mao et sur la persistance dans la population chinoise de sentiments de reconnaissance sinon de vénération envers un personnage dont il est généralement reconnu qu’il a fondé la Chine moderne en la libérant du poids du passé. Sentiments qui doivent être mis en parallèle avec les souvenirs nostalgiques chez certains de la Révolution culturelle, étant l’époque dorée de leur jeunesse.

 

*

 

Christiane Pompei garde de sa lecture quelques impressions dominantes, outre celles dont il a déjà été question, et d’abord des oppositions : l’individu contre la collectivité, les paysans pauvres (pinnong 贫农), glorifiés, contre les paysans riches, conspués (empêchant même une idylle naissante). Elle dit avoir été frappée aussi par l’omniprésence de Marx, y compris comme auteur de lettres d’amour derrière lesquelles se réfugier lorsqu’on est pris à en écrire soi-même.

 

Elle a beaucoup aimé le passage où un vieux paysan, à qui on a demandé de parler de son passé pour dénoncer le traitement subi aux mains des « féodaux » réactionnaires, déclare sans broncher que les pires années de sa vie ont été … les trois années de famine.

 

La campagne, chez Du Qinggang, n’a rien de terrible, constate Christiane, c’est plutôt un (relatif) havre de paix pendant cette période. Quant aux pages sur la mort de Mao, elle y a trouvé une grande sincérité.

 

*

 

Pour sa part, après avoir lu « Le président Mao est mort » sur lequel elle n’ajoute pas de commentaires supplémentaires, Geneviève Bousquet a poursuivi avec « Le Diseur de mots » dont elle a goûté l’écriture mettant chaque mot comme en rapport avec l’univers. Puis elle s’est plongée dans le petit livre de Michaux sur les idéogrammes qui l’a ramenée à l’un de ses peintres contemporains favoris, Zao Wouki, pour le même amour du trait.

 

Idéogrammes en Chine

 

Et de fil en aiguille et par association d’idées, elle en est venue à penser à l’un des derniers films chinois sortis en France qu’elle a beaucoup aimé : « Copyright Van Gogh » (《中国梵高》), documentaire sur un amoureux du « trait », le coup de pinceau de Van Gogh n’étant pas sans analogie avec celui de Zao Wouki, et ramenant in fine aux idéogrammes vus de manière éthérée et poétique par Michaux.

 

[Idéogrammes en Chine dont la publication, d’ailleurs, remarque Brigitte Duzan, remonte à cette période du milieu des années 1970 pendant laquelle les maoïstes français étaient

éblouis sans la connaître par la Chine de Mao ; il faudra le voyage en Chine du groupe Tel Quel en 1974 pour que les yeux commencent à se dessiller, voyage décrit de manière symptomatique par l’un des participants au voyage, Roland Barthes, dans ses « Carnets de voyage en Chine »].  

 

*

 

Mi-figue mi-raisin, Giselle Helmer dit avoir été d’abord « très surprise » en ouvrant les premières pages du livre de Du Qingguang, trouvant que Brigitte Duzan était « tombée bien bas dans ses choix de lecture ». Une lecture qui n’avait pas le sérieux ni apparemment la qualité littéraire auxquels elle était habituée dans le club. [rires]

 

Hua de kongbu, édition chinoise 2006, 武汉出版社

 

Flower Terror, 1999

 

Elle reconnaît ensuite qu’elle a trouvé le livre drôle, comme les autres membres du club avant elle, et qu’elle a aussi beaucoup apprécié le discours poétique de Michaux sur les idéogrammes. Mais ce qu’elle a beaucoup aimé, pour son intense valeur émotionnelle, c’est le recueil de nouvelles de Pu Ning, surtout après avoir pris connaissance de sa biographie.

 

C’est la raison pour laquelle elle avait scanné la dernière nouvelle et l’avait envoyée au groupe pour que ceux et celles qui n’avaient pu se procurer le livre, assez difficile à trouver, puissent au moins lire ce texte-là. Tout le monde tombe d’accord sur l’intérêt suscité par cet auteur tellement bien ostracisé par le pouvoir qu’il est quasiment inconnu, et dont on peut espérer que, ses manuscrits ayant été donnés à la bibliothèque de Fudan, on puisse bientôt en avoir des publications plus accessibles.

 

[Note a posteriori : Zhang Guochuan signale que les textes chinois du recueil « Flower Terror » (《花的恐怖》) ont été édités en 2006 par Chen Sihe (陈思和), aujourd’hui directeur de la bibliothèque de l’université Fudan qui a recueilli en 2019 les manuscrits de Pu Ning. Guochuan en a trouvé une version numérisée sur internet, mais le recueil ne contient pas la nouvelle The Day Mao Died qui reste donc introuvable sauf dans sa traduction en anglais. Dans la postface, Chen Sihe s’en explique :

          本书出版时我们决定将作者标明写于文革后的作品删去

Au moment d’éditer ce livre, nous avons décidé de supprimer les textes notés par l’auteur comme étant postérieurs à la Révolution culturelle

Si l’on devait traduire ces textes en français, il faudrait réussir à obtenir le dernier.]

 

*

 

En lisant « Le président Mao est mort », Françoise Josse dit avoir été successivement intéressée, amusée, puis déçue. Elle a bien aimé l’humour, mais ce qui l’a déçue, c’est que l’auteur n’ait pas fait le choix entre style documentaire et fiction.

 

En fait, si le livre l’a pourtant intéressée, c’est pour une raison très personnelle. Elle était en effet étudiante à Pékin à la fin des années 1970 ; elle était donc en classe avec des étudiants qui avaient vécu la Révolution culturelle comme l’auteur, et qui avaient passé l’examen d’entrée à l’université ou gaokao, réinstauré par Deng Xiaoping en octobre 1977. Elle, elle lisait Pékin information, journal édité en français.

 

Elle a ensuite lu « Le Diseur de mots » qui l’a d’abord attirée et intéressée. Mais elle a vite trouvé les interprétations un peu trop tirées par les cheveux. Par exemple : l’assimilation des chameaux au désert à travers le pinyin du mot qui signifie désert en chinois (shamo 沙漠). Par ailleurs, la réédition du livre en 2021, aux mêmes éditions Charles Moreau, souffre d’un manque flagrant de relecture, avec non seulement des coquilles mais des erreurs syntaxiques répétées qui gênent la lecture.

 

Entre intérêt et agacement, Françoise a contactée une amie chinoise qui a étudié à l’université du Sichuan où elle a connu Du Qinggang. Elle lui a envoyé un texte qu’il a écrit sur son expérience de relecture, justement, mais du « Président Mao » : il y explique qu’il était en désaccord avec le relecteur de la maison d’édition française qui contestait l’utilisation du verbe « cueillir » s’agissant de concombres (黄瓜), au lieu de « ramasser ». Il a échangé près de deux cents messages avec lui, pour tenter de lui expliquer qu’en France on se baisse pour ramasser (jiǎn ), mais qu’en Chine on tend la main pour cueillir (zhāi ), les concombres n’étant pas cultivés de la même manière.

 

Cette querelle lexicologique ayant donné un petit texte qui ne manque pas d’intérêt, Françoise l’a traduit : « On ne peut que courber l’échine » (《只能弯腰》).

  

Pour terminer, elle a bien aimé les Idéogrammes en Chine qui lui ont rappelé l’exposition de la BnF « Jean Cortot, le peintre des mots ». Dans le même ordre d’idées, elle pense aller voir l’exposition « Écrire, c’est dessiner » au Centre Pompidou-Metz (jusqu’au 21 février 2022).

 

*

 

Au total, ces échanges montrent bien la diversité des lectures que peut susciter un même livre, quelle que soit sa teneur, et l’intérêt du club de lecture pour faire ressortir des idées et des aspects d’une œuvre auxquelles on ne penserait pas forcément.

 

Bibliographie complémentaire évoquée au cours de la séance :

-    Renverser ciel et terre, histoire de la Révolution culturelle (《天地翻覆——中国文化大革命史》) de Yang Jisheng (杨继绳) : monumentale histoire, très fouillée, d’un témoin qui s’est fait historien pour tenter de comprendre un mouvement qu’il a vu dégénérer en factions rivales et finir dans un chaos sanglant. C’est l’envers historique du livre de Du Qinggang, comme celui de Pu Ning en est l’envers littéraire.

-    du même auteur, et selon les mêmes principes, élucider l’histoire vécue : Stèles, la grande famine en Chine 1958-1961 (《墓碑中国六十年代大饥荒纪实).

 


 

II. Prochaine séance : le mercredi 9 mars

 

Cette séance sera consacrée à l’écrivaine Zhang Yueran (张悦然) et aux deux traductions parues chez Zulma :

- Le Clou (《茧》), roman traduit par Dominique Magny-Roux, Zulma 2019, Zulma Poche 2021, 640 p.

- L’Hôtel du cygne (《天鹅旅馆》), novella (zhongpian) traduite par Lucie Modde, Zulma, 2021, 160 p.

 

Lectures complémentaires 

 

1. Un roman dont l’intrigue comporte une analogie avec celui de Zhang Yueran :

- The Chinese Nail Murders de Robert Van Gulik, University of Chicago Press, 1961, rééd. 1977

2. Mais aussi une brève histoire de clou dans la tête qui figure au chapitre 160 du Taiping guangji (《太平广记/ 太平廣記), vaste anthologie de récits en langue classique compilée sous les Song du Nord, à la fin du 10e siècle ; le récit est l’un des quinze regroupés sous le thème de la prédestination, il a été traduit en français, par André Lévy :

- Prédestination. La petite fille du jardinier (Guanyuan yingnü 灌園嬰女) [7], récit n° 9 du recueil Histoires d’amour et de mort de la Chine ancienne, Aubier 1992, rééd. GF Flammarion 1997, pp. 185-190.

 

N’oubliez pas de vous inscrire pour participer à cette séance : chinese_shortstories@yahoo.fr

 

À noter 

 

La dernière séance de l’année en cours, consacrée à la novella « Le Serpent blanc » (《白蛇》) de Yan Geling (严歌苓) est avancée au mercredi 15 juin.

 

En complément, grâce à des billets groupés pris par Christiane Pompei, les membres du groupe vont aller voir « Madame White Snake », spectacle adapté de la légende mis en scène par Zhou Long qui sera donné à l’Opéra Comique (22-28 juin).

 


 

[1] Et comme le recueil est difficile à trouver, l’une des fidèles du groupe avait scanné le texte pour les autres membres du club. Il est à lire ici.

[2] Étymologiquement, ce caractère de la mort est composé du radical de la mort dǎi (radical Kangxi 78 indiquant le sens) et du radical bǐ (radical Kangxi 21, indiquant le son).

[3] Son ouvrage « De la Chine », publié en 1971 avec l’appui de Philippe Sollers, est devenu la référence pour les maoïstes français, et même européens. Elle sera critiquée, mais il faudra attendre 1983 pour que Simon Leys l’achève, dans la fameuse émission télévisée Apostrophes où, en sa présence, il qualifiera son ouvrage de stupidité totale : « ce que l’on peut dire de plus charitable, c’est que c’est d’une stupidité totale, parce que si l’on ne l’accusait pas d’être stupide, il faudrait dire que c’est une escroquerie... »

https://www.dailymotion.com/video/x2b7aa3

Un grand moment dont on ne se lasse pas quand on voit aujourd’hui les « stupidités » publiées sur le Xinjiang et les Ouïghours par un petit frère de madame Macciocchi.

[4] Voir explications dans « Le président est mort » : Apprendre le français avec l’Humanité rouge.

[5] Le seul chapitre noté comme étant une traduction d’un texte original en chinois, dont on peut donc penser qu’il ne pose pas de « problèmes » idéologiques.

[6] Réflexion a posteriori : Du Qinggang consacre deux chapitres à ce sujet – 15 et 16 : La sexualité interdite et L’amour en cachette – qui pourraient être des introductions aux nouvelles de la trilogie de l’amour de Wang Anyi (王安忆), par exemple



 

     

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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