Traducteurs,interprètes et éditeurs

« La traduction, c’est la médiation entre la pluralité des cultures et l’unité de l’humanité. » Paul Ricœur

 
 
 
     

 

 

Novella de Chine, une collection originale de L’Asiathèque

par Brigitte Duzan, 26 juin 2025

 

Née d’une longue réflexion, la collection « Novella de Chine » de L’Asiathèque a été lancée en 2021, avec la publication de la novella de Ren Xiaowen (任晓雯), « Sur le balcon » (《阳台上》).

 

 

Sur le balcon, L’Asiathèque, mai 2021

 

 

Dans un contexte où la littérature chinoise de fiction est presque uniquement représentée dans l’édition française par des romans, ou présentés comme tels, il s’agissait de faire connaître la littérature chinoise contemporaine sous un angle différent, par le biais des récits dits « zhongpian xiaoshuo » (中篇小说), c’est-à-dire de longueur « moyenne », situés entre le roman et la nouvelle en termes de longueur et alliant le meilleur des deux : le style de la nouvelle et le développement narratif du roman.

 

Ce qui pourrait apparaître ainsi comme un hybride est en fait une forme, reconnue en Chine, qui a ses lettres de noblesse puisqu’on fait remonter ses débuts, avec des antécédents dans la littérature classique, à  « La véritable histoire d’AQ » (《阿Q正传》) de Lu Xun (魯迅), c’est-à-dire la littérature vernaculaire du tout début des années 1920. Cette reconnaissance est venue a posteriori, puisque la distinction entre nouvelle courte, nouvelle « moyenne » et roman n’a été précisée que lors des deux premières éditions du prix Lu Xun (鲁迅文学奖), en 1996 et 2000. Cependant, dès ses origines, la nouvelle « moyenne » a joué un rôle important dans la littérature chinoise contemporaine, en termes tant narratifs que stylistiques : elle a formé le plus important des textes d’avant-garde, en particulier dans la deuxième moitié des années 1980, et tout spécialement sous la plume de Yu Hua (余华).

 

Aujourd’hui, elle est populaire en Chine auprès du public comme des éditeurs : dans un contexte où le roman est en perte de vitesse et peine à se renouveler, le zhongpian offre, aux côtés des nouvelles, des narrations condensées, dans des styles originaux.  

 

En France, le genre est tellement peu présent dans la littérature que l’on n’a même pas de mot pour le désigner. Pour les traductions du chinois, il est souvent dissimulé sous le terme de « roman court ». Il n’a pourtant que peu des caractéristiques du roman, ne serait-ce que dans sa forme narrative. On ignore ainsi que font partie des zhongpian les grands classiques des années 1930 et 1940 que sont, entre autres, « La ville frontalière » (《边城》) de Shen Congwen (沈从文), ou « Amour dans une petite ville » (《倾城之恋》) de Zhang Ailing (张爱玲). Faute de terme spécifique, il a fallu emprunter celui de novella utilisé dans le monde anglo-saxon, et lui-même emprunté à l’italien.

 

Les novellas sont en plein essor dans la littérature chinoise des années 2020. Demandant une écriture originale, alliant fond et forme dans une recherche personnelle excluant la facilité des développements romanesques, la novella est aussi un excellent moyen de faire connaître des écrivains encore peu ou pas connus en France, et en particulier des écrivaines.

 


 

Les titres de la collection 

 

Un titre par an

 

- Sur le balcon (《阳台上》) , de Ren Xiaowen (任晓雯), 2021.

(traduction Brigitte Duzan)

 

- Le Serpent blanc (《白蛇》), de Yan Geling (严歌苓), 2022.

(traduction Brigitte Duzan)

 

- Peut-être qu’il s’est passé quelque-chose (《或有故事曾经发生》), de Lu Min (魯敏), 2024.

(traduction Brigitte Duzan / Zhang Guochuan)

 

- Ton temps hors d’atteinte (《你无法抵达的时间》), de Xia Jia (夏笳), 2024.

(traduction Gwennaël Gaffric)

 

- La Chimère au fond du lac (《鲛在水中央》), de Sun Pin (孙频), 2025.

(traduction Brigitte Duzan / Zhang Guochuan)

 

Traduction et édition

 

En même temps, la collection a été l’occasion de développer un mode de traduction répondant aux exigences de récits souvent très travaillés, surtout ceux sélectionnés, dont il s’agit de faire ressortir les particularités de la narration et du style.

 

La traduction est donc le résultat d’un travail en profondeur, à deux, sur le texte chinois d’abord. Les difficultés, qui se traduisent aussi en termes de difficultés de lecture, font l’objet de notes explicatives car ce sont souvent des références littéraires et historiques qui enrichissent le texte et lui donnent une dimension le plus souvent perçue spontanément par le lecteur chinois, mais que le lecteur français n’est pas forcément à même d’apprécier.

 

Les novellas de la collection comportent donc une présentation de l’auteur et de l’œuvre en préface et des notes explicatives en bas de page, le tout visant à contextualiser le récit et en faire ressortir la richesse et l’intérêt pour tout lecteur [1].


 

[1] Le modèle inégalé étant la traduction par Jacques Dars du Shuihuzhuan (《水浒传》) : « Au bord de l’eau ».

 

 

     

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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